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Pratique

Quelles difficultés scolaires sont vraiment de mon ressort et que faire ?

simon augé
1 octobre 2018 11:26
7 mn

Il.elle.s peuplent nos classes, occupent nos conversations de récréation, hantent nos nuits et surtout constituent à la fois une des réalités indéniables du système scolaire français ET notre défi quotidien : les élèves en difficultés scolaires sont partout.

Mais les difficultés scolaires revêtent de multiples habits et nul.le ne peut prétendre la combattre seul.e dans toute sa complexité. Pourtant, notre institution nous pousse souvent à croire qu’il est de notre ressort de la traiter efficacement, en proposant un travail de différenciation et en faisant preuve d’une agilité et d’un calme dignes d’un Usain Bolt croisé avec Albert Einstein (Usain Einstein…?), doté en plus du don d’ubiquité… Avec toute la culpabilité qui va avec, bien entendu.

Essayons donc, pour commencer, de tenter de catégoriser les différents types de « difficulté » que nous pouvons rencontrer dans nos classes. Il restera à se demander s’il nous revient toujours d’endosser la responsabilité des échecs répétés que nous ne manquerons pas de vivre face à ces pauvres élèves qui, rappelons le, n’ont pas choisi d’être « en difficulté scolaire ».

En préambule, il me semble important de rappeler que toute difficulté scolaire a une origine, une cause, quelle soit psychologique, environnementale, intellectuelle ou pathologique. Cela permet d'adopter une posture qui met de côté le ressentiment et le manque de patience, oui, même quand la remarque cinglante commence à gratouiller ou que l'envie de tout lâcher plane au dessus des têtes...

 

Cas n°1 : difficultés dans le domaine de la compréhension du travail proposé et de la fixation des connaissances

Cet.te élève qui, après une bonne douzaine d’explications, ne parvient toujours pas à poser une multiplication sans oublier de zéro, à conjuguer le verbe « répondre » au passé composé, à comprendre ce qu’est une dizaine, ou à savoir si oui ou non il.elle entend le son « a » dans son propre prénom

Que faire ?

1°) Ne rien lâcher ! Partir du principe qu’il.elle souffre plus que vous. Il.elle donne l’impression de n’en avoir absolument rien à faire ? Ce n’est probablement qu’un mécanisme de défense (« Si je dois me sentir nul.le, alors autant jouer carrément le.a débile, au moins, je sais pourquoi je n’y arriverai pas ! »).

2°) Penser à remettre en question ce que l’on propose à nos élèves : La consigne / leçon est-elle aisément compréhensible ? Ne recèle-t-elle pas quelques micro difficultés de vocabulaire, de formulation, de mise en page qui sont autant d’obstacles à la compréhension (et donc à la réalisation, l’application, le réinvestissement, la concentration etc.) et qui nous auraient échappées ? Et aller voir l’élève concerné.e et essayer de comprendre, de manière plus fine, ce qui lui pose problème. Ces élèves ont besoin d’une attention particulière, quitte à en accorder ponctuellement moins au reste de la classe (il.elle.s s’en remettront…).

3°) Rester lucide et honnête avec soi-même : Si une activité que nous proposons semble mettre davantage d’élèves en difficulté, c’est qu’elle intervient peut être au mauvais moment dans la séquence, ou qu’elle est bancale. Ce n’est évidemment pas grave ! Pourquoi ne pas faire preuve de souplesse et interrompre la séance pour mieux procéder à un ajustement. Cela montrera à vos élèves que faire une erreur n’entraîne pas invariablement l’ouverture d’un abîme de ténèbres pile sous les pieds du.de la concerné.e…

À qui m’adresser ?

Etreprof (évidemment), conseiller.ère pédagogique de confiance (ça se tente, certain.e.s sont au top), tout.e collègue ayant de la bouteille, dans ou en dehors de votre établissement, partout en France et dans le monde…

Cas n°2 : difficultés dans le domaine du relationnel

Cet.te élève qui, quand vous lui promettez les feux de l’enfer s’il.elle ose cracher encore une fois par terre après votre passage, vous dit avec un regard digne d’un lamantin sous électrochocs : « Ah ouais ? Et tu vas faire quoi ? ».

 

Que faire ?

1°) Avant tout, garder son calme. (Personne n'a dit que c'était facile.) Il y a fort à parier que ce personnage fort attachant va commencer très tôt dans l’année ce genre de « test » (comme nous aimons appeler ce type de comportement qui relève plutôt, disons-le franchement, du « brisage de fruits à coque assumé »). Par conséquent, si vous montez à 85 décibels à la première incartade, d’abord, il vous sera difficile de redescendre (et non, faire la classe aphone, c’est pas marrant…) et surtout, vous montrez que ce genre de comportement vous offusque et donc vous touche personnellement. Or, c’est le.a professionnel.le qui doit répondre, d’où le point suivant :

2°) Ce n’est que votre métier. C’est qui signifie que vous n’êtes pas attaqué.e dans votre individualité ou dans vos qualités humaines. C’est le.a prof qui est visé.e ! L’élève en question voit là, inconsciemment, une opportunité d’obtenir une relation privilégiée (certes de la pire des manières possible…) avec vous. Ayez donc une réponse pleine de froideur et de calme qui montre que, en tant que vétéran de la guerre de Corée, vous en avez vu d’autres, mais qu’en même temps, vous l’avez entendu.e et que vous tenez compte de son attitude. Montrer les crocs très tôt vous permettra d’asseoir une réputation de dur.e à cuire qui pourra calmer les velléités de provocations futures et donnera d’autant plus de valeur et de poids aux moments où vous vous radoucirez…

3°) Ne pas rester seul.e face à ces comportements ! Tout de suite, prenez le taureau par les cornes, évoquez le problème avec vos collègues et cherchez une réponse appropriée. Vous pouvez prendre le temps de la réflexion collective ; il n’est pas dramatique qu’une attitude intolérable échappe à votre courroux immédiat, à condition que la réponse que vous apporterez par la suite soit 2 fois plus efficace et redoutable pour l’élève. Echanger avec les collègues permet souvent de trouver une réponse bien plus adaptée que celle qui nous vient dans le feu de l’action.

À qui m’adresser ?

Etreprof (évidemment), directeur.trice, collègues, RASED.

NB : Le.a psychologue scolaire peut faire une observation en classe d’un.e ou plusieurs élèves sans l’accord préalable des parents. C’est un regard indispensable, d’un.e autre professionnel.le qui vous apportera des éléments de réflexion et des indices précieux pour aborder ce genre de problèmes.

Pour aller plus loin, lire ce guide complet sur les difficultés de comportement.

 

Cas n°3 : difficultés dans le domaine du « c’est pas mon boulot »

Tout.e élève relevant de problèmes pour lesquels nous ne sommes pas qualifié.e.s et encore moins formé.e.s et pour lesquel.les toute tentative d’aide véritable s’apparenterait à une perte de temps, pour vous et surtout pour lui.elle, ainsi que pour les autres élèves de la classe.

Que faire ?

Ne jamais oublier que nous ne pouvons pas tout faire ! Ces enfants ont besoin d’une aide adaptée, apportée par des professionnel.le.s spécialisé.e.s dans les troubles de l’apprentissage. Il est donc de notre devoir de chercher, traquer, sans relâche, la formule qui apportera une réelle solution et qui permettra à ces enfants de s’épanouir et de progresser. Cela peut s’avérer long, solitaire, souvent dur pour le moral, et semé d’embûches, mais nous devons bien ça à des élèves à qui la réponse apportée par notre institution est de les intégrer dans les classes banales, tant il est bien connu que le contact entre élèves à besoins différents favorise la résolution de tous les problèmes…

À qui m’adresser ?

1°) Déficience : tests de type WISC à faire passer par le.a psychologue scolaire ; équipes éducatives en présence des membres du RASED ; réflexion autour d’une éventuelle orientation ASH (CLIS, SEGPA, ULIS…) ; réflexion autour d’un emploi du temps adapté, avec, si besoin, temps de travail en classes inférieures, en regroupement d’adaptation ou en classe d’adaptation fermée ; demande de bilan / suivi au CMPP par les parents ; rendez-vous réguliers avec les parents afin de leur faire accepter et comprendre les tenants et aboutissants des difficultés de leur enfant…

2°) Troubles de l’apprentissage, avérés ou non (nécessité de rééducation avec un.e maître G, phobie scolaire, troubles psychologiques lourds, autisme…) : idem que pour la déficience, plus : rendez-vous (plusieurs si besoin, et il y a souvent besoin…) avec les parents pour obtenir leur accord pour un bilan et/ou un suivi avec le.a psychologue scolaire.

NB : Le dilemme suivant est fréquent : conseiller un bilan au CMPP, où les parents n’auront pas d’argent à avancer, voire à payer, mais où ils n’auront pas de rendez-vous avant 4 mois au mieux (pendant que vous transpirez dans votre classe avec ce.tte pauvre enfant qui a des besoins spécifiques que vous ne pouvez lui apporter). Ou leur conseiller, s’ils en ont les moyens, de s’orienter vers le libéral (psychologue, pédo psychiatre, orthophoniste etc.), qui leur coûtera certes plus cher, mais où ils auront des chances d’obtenir un rendez-vous, et donc de l’aide, dans les deux semaines… ? Il est à noter cependant qu’il est théoriquement interdit d’orienter les parents d’élèves vers le libéral, mais bon… qui sait ça… ?

 

Simon, enseignant en CM2

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