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Théorique

Et si vous différenciiez sans même vous en rendre compte, partout, tout le temps ?

Peggy Chrétien Anselmo
12 avril 2019 15:37
5 mn

Depuis plusieurs années, on entend parler de différenciation pédagogique partout, tout le temps. On a fait des recherches sur les moyens pour y parvenir, écouter certains conseils, partager des astuces. On a bien compris qu'il fallait adapter les évaluations, moduler les démarches pédagogiques, penser des exercices distincts, réfléchir à des travaux de groupe adaptés, mettre en place des PPRE... Du coup, différencier, ça peut paraître un truc de dingue, une sorte de montagne infranchissable !

Mais si, en fait, on le faisait déjà tous à notre mesure ? Et si, en fait, une partie de la différenciation était déjà, implicitement, mise en place dans la relation que l'on établit avec chaque élève ? Et si notre façon de prendre en compte la personnalité de chaque élève et leur contexte de vie était déjà de la différenciation ? Voici plusieurs exemples qui me poussent à le croire.

 

QUAND L’ÉLÈVE EST ABSENT

Quand Mélissa, élève de troisième, ne s'est pas présentée à son oral de stage, je n'ai pas trouvé ça très étonnant car elle a toujours eu tendance à s'absenter un peu trop souvent. Ceci dit, le lendemain, je lui ai demandé la raison de son absence. Elle était très gênée et a fini par me dire que toute sa famille devait se rendre au tribunal, qu'elle n'avait voulu le dire à personne et qu'elle préférait avoir zéro à son oral. Avec l'accord de ma direction, j'ai organisé pour elle une « session de rattrapage » qui n'était pas du tout prévue dans l'organisation générale. Il me semble que lorsque je fais cela, je différencie.


QUAND L’ÉLÈVE MONOPOLISE L' ATTENTION

Pendant des semaines, Amyas a décidé, pour une raison qui m'échappe complètement, que le cours de français ne serait « que pour lui » en intervenant sans cesse, en accaparant mon attention sans relâche. J'ai choisi de ne pas l'exclure de cours mais de multiplier les tentatives de solutions (RDV avec les parents, la CPE, la direction, fiche de suivi...) pour reposer un cadre serein. Il me semble que, ce faisant, je différencie.

 

QUAND L’ÉLÈVE EST SUSCEPTIBLE

J'ai houspillé Quentin d'une manière qui me paraissait légère sur une broutille. Il s'est refermé et s'est mis à pleurer. À la fin de l'heure, je lui ai demandé les raisons de cette réaction et il m'a dit que mon ton l'avait blessé et qu'il était effectivement quelqu'un de susceptible. Je fais plus attention, maintenant, à la manière dont je lui dis ce que j'ai à lui dire et pour moi c'est aussi une manière de différencier.

 

QUAND L’ÉLÈVE ÉCRIT MAL

Florian, élève de cinquième, est en grande difficulté à l'écrit et pour le cacher, il écrit minuscule. Je lui ai déjà parlé plusieurs fois de la difficulté que je rencontre à le lire, du fait de s'entraîner à améliorer sa graphie, du fait aussi que cacher ses difficultés de cette façon n'était pas une solution. Il entend cela, y travaille et progresse même, mais changer ce type d'habitude est un processus long. Alors, je continue à m'esquinter les yeux sur ses pattes de mouche...

 

QUAND L’ÉLÈVE EST UNE ADO

Meysem est dans la pleine crise de l'adolescence, en mode « Ouais, c'est ça ! Vous pouvez me dire ce que vous voulez, je sais que j'ai raison ! ». Je pourrais m'énerver, me dire que c'est une « petite insolente ». En fait, je me dis juste que c'est une ado, que ça finira par lui passer et j'avance, bon an mal an, avec elle.

 

QUAND L’ÉLÈVE EST AUTISTE

Ayoub est autiste. Il a un mode de fonctionnement et des réactions qui lui sont propres. Un jour du mois de janvier, il vient vers moi, tout sourire, et me dit qu'il m'invite à sa fête d'anniversaire. Franchement, avec un autre élève, j'aurais ri en prenant ça pour une plaisanterie mais je sais qu'Ayoub, lui, est plein d'espoir par rapport à ma venue à cette fête. Pour lui, ce n'est pas du tout déplacé. Avec beaucoup de douceur, je prends du temps pour lui expliquer pourquoi cela n'est pas possible.

 

QUAND L’ÉLÈVE PARLE BEAUCOUP TROP FORT

Dylan ne parle pas, il crie ! Le volume de sa voix est toujours poussé à son maximum. À la maison il a dix frères et sœurs alors je comprends bien que pour se faire entendre, il faut donner de la voix... Donc, au lieu de m'agacer sur ses prises de parole et le sanctionner, on prend le temps ensemble d'en discuter, de voir comment on peut s'y prendre pour trouver un fonctionnement qui nous convienne à tous les deux.

 


Je sais qu'on vit tous des situations de ce genre dans notre métier mais qu'on ne se dit peut-être pas assez à quel point c'est aussi un moyen de différencier puisque nous modulons nos approches, notre façon de réagir, puisque nous nous adaptons, verbalisons autrement ou choisissons de ne pas verbaliser s'il le faut. Alors oui, je différencie. En fait, je vis simplement avec d'autres gens que moi et je prends en compte leurs spécificités ! 

Peggy, prof de français au collège

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