Par un beau matin de printemps je m’en allais le cœur vaillant et l’esprit ardent retrouver tous les enfants. C’était le joli mois de mai et je chevauchais ma fidèle licorne ÉdNat, cheveux au vent, investie d’une mission de la plus haute importance par le chef des super profs. J’avançais fière et heureuse sur mon arc-en-ciel lorsque mon ATSEM stoppe mon élan joyeux. ÉdNat se cabre et dans un nuage de paillettes, je chois devant le portail de l’école maternelle. 
C’est plus classe que simplement tomber sur le … et il faut savoir utiliser un langage soutenu en toutes circonstances. Vous trouvez que j’en fais trop ? Mais dites donc, c’est mon rêve, je fais ce que je veux ! 

_ Fanny ? Fanny ? Tu es sûre que tout est prêt ?

_ Comment ça tout est prêt ? 

_ Fanny, comment fait-on pour la reprise ? Oh ! Descends de ton nuage, ils rouvrent les écoles. On y retourne… C’est le dé-con-fi-ne-ment !

_ On retourne en classe ? Non ? Tu es certaine ? Mais… mais avec des enfants ? Des vrais ? Pas juste des virtuels ? Des avec des nez qui coulent et des éternuements ? Des qui touchent à tout qui ont toujours besoin de nous ? Des qui se mettent les doigts dans le nez et dans la bouche ?

_ Oui dès le 11 mai, on doit de nouveau accueillir les enfants.
 

Elle me regarde, dubitative et apeurée. Je ne le suis pas moins.

Et voilà ! Le rêve tourne au cauchemar. 

Comment est-ce que je vais faire ? Je ne vais pas y arriver. Ce n’est pas possible. Enfin, hier encore (et demain aussi parce qu’on est que le 30 avril) il fallait rester chez soi et… et on m’a bien fait comprendre que c’était VITAL ! 

Que pour me protéger il y avait les Gestes Barrières comme se tenir à distance, tousser dans son coude, se laver les mains... Et je l’ai fait ! Pour moi. Pour les autres. Et c’est entendu, ils l’ont fait pour moi. Et là, voici le 11 mai, retour en classe, avec les enfants, les plus petits, ceux qui ne peuvent (faute d’avoir la raison nécessaire malgré tout leur bonne volonté) maintenir ces gestes barrières de manière efficace sur un temps long. 

Bon, allez ! Prends sur toi ma grande, tu vas y arriver ! 
Non j’peux pas ! 
Si tu peux ! 
Non, j’peux pas ! 
Si, Fanny, tu peux ! 
Nooooonnnnn !!!! J’peux pas !
Tu veux que j’appelle la sorcière Cornebidouille ? 
OK je peux ! 
Tu vois quand tu veux. 

Cet épisode est un effet du confinement sur mon cerveau…  Merci de ne pas m’en tenir rigueur post-déconfinement. 

Comment parler aux enfants de la crise lors du retour à l'école ?

Retrouvez les conseils de la psychologue Marie Gallé-Tessonneau pour vous outiller notamment sur la gestion de nos propres émotions en ce temps inédit

Rester pragmatique et créative - autant faire appel à mes qualités premières. 

< Autosuggestion en mode actif > 
Masque Check !
Mouchoirs Check!
Gel hydroalcoolique Check !
Savon, eau Check ! 
Marquage au sol, distances de sécurité Check ! 
Visière de protection non, ça c’est trop...
Licorne à l’écurie Check ! 
Cape de Super Prof...? Elle, je la garde, je vais en avoir besoin !

Étape 1 

Compter les effectifs

Étape 2

Penser l’aménagement : un enfant = une table, circulation guidée dans les couloirs.

Étape 3

Penser vie quotidienne individualisée : matériel sur la table, chacun sa trousse, sa gourde, sa boîte de mouchoirs, son plateau pour le travail, un sac pour ranger tout ça chaque soir.

Étape 4

Penser les activités en individualisant le matériel et en gérant la décontamination après usage : un bac à côté de chaque table dans lequel le matériel utilisé sera mis avant d’être nettoyé par l’ATSEM.

Étape 5

Laisser ÉdNat faire un tour dans la classe régulièrement pour nous raconter de drôles de belles histoires.

C’est pas sérieux ! Non, ce n’est pas sérieux… Quoique ? Mettre un grain de malice dans notre monde scolaire et voir les enfants rire aux éclats, ça ne vous manque pas à vous ? 

À moi, si ! 

On va y arriver !

On fera de notre mieux… comme on pourra, si on peut.

Comme toujours.

Portez-vous bien surtout ! 

Fanny, ses paillettes et ÉdNat !