Personnaliser vos contenus
On y est : après une année 2019-2020 riche en émotions diverses et variées, nous sommes aux portes de notre repos annuel. Pour celles et ceux qui ne partent pas sur les sentiers tortueux des vacances apprenantes et des cours buissoniais, ça va être le mojito time, farniente, masque décoré aux couleurs de l’été.
Je voudrais remercier les milliers, que dis-je, les millions de réponses que nous avons retrouvés sur le site, sur FB, sur Insta ; mais aussi les milliers de pigeons voyageurs que nous avons reçus et avec qui nous avons festoyé culinairement en ces temps de crise économique. Monsieur Z a donc choisi de rebondir sur quelques-unes d’entre elles, afin de VOUS mettre en lumière, avant de vous laisser partir pour des aventures pédestres ou aquatiques.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voulais aussi vous féliciter pour votre imagination, votre goût du risque. Oui, j’ai bien compris que vous vouliez saisir mon sens de l’équilibre humoristique : me lancer sur un suicide, sur une dépression, un décès, la Guerre, la Famine. Ne manquait plus que l’homicide.
« Allez Z., fais-nous rêver ! » (avant de propulser le pauvre drille d’une pichenette dans un lac infesté de méduses et de requins. Oui des requins dans un lac, et alors ?)
Oui mais non. Le comité de rédaction me regarde du coin de l’œil et me demande de rester sage. J’obtempère donc. Et glisse sur des sujets plus propices à la galéjade.
Je prends pour exemple la fameuse tablette offerte à tous nos gentils bambins débarquant au lycée et au collège. Curieusement ils n’ont pas proposé ça pour l’entrée en maternelle. Je ne vois pas pourquoi. Mais oui autant les habituer à cette nouvelle combinaison “tablette + collyre”. Les gamins à la fin de la journée de cours étaient de beaux lapins albinos. Ou des vampires au choix.
Faut dire qu’ils sont sur leur téléphone de 6h à 8h, sur la tablette de 8h à 17h, sur la play de 17h à 23h. C’était la continuité numérique avant l’heure. Je pense qu’on veut en faire des droïdes. Je critique mais c’est vraiment sympa de souligner et d’annoter du Baudelaire avec une tablette. C’est fun. Ludique. Il aurait aimé Charles. Et puis, du coup, ça fait des économies au bahut. Car un TBI c’est super cher, alors que 25 multiprises on en trouve des pas chères à Casto.
Ben oui. Vous pensiez vraiment voir un jour Madame Michu faire son cours sur Discord avant d’envoyer un fake nude pour réveiller Enzo via Snap ? Non. Merci la pandémie. Désormais on traque l’Elève à la source, dans son pré carré, sur son territoire de prédilection. Ça a bouleversé les rapports. Ça nous a donné un coup de jeune, à nous les vieux profs étant toujours campés devant notre ronéotype et notre colle Cléopatra. Et puis le directeur avec un filtre oreilles de chat, ça le fait tout de même.
Mais y a tellement d’autres avantages à être pandémiés, je vous l’assure... Outre le fait de découvrir les boutiques de grandes tailles grâce (ou plutôt grasse) aux recettes de Cyril Lignac, nous avons retrouvé les vraies valeurs de la vie : applaudir les soignants aux fenêtres et découvrir des voisins charmants autrement qu’à travers votre fine cloison les nuits de débats et d’ébats trop sonores ; mais aussi le catalogue total de Netflix ; oui même les séries indiennes et pakistanaises imprononçables dont vous vous moquiez jadis ; un oiseau qui chante dans un ciel sans nuage ; le bruit du vent dans vos cheveux longs et gras en l’absence de coiffeurs. Oui c’était ça aussi la vie.
Kyllhian a eu son bac en venant à deux évaluations, les deux fois où il est tombé du lit après le cauchemar d’une perte de sauvegarde sur Fornite. Et vous, vous avez échappé à votre inspection, la fameuse inspection de Monsieur Triquard qui aime bien passer en revue les classeurs. Non pas celui de Tatiana votre meilleure élève, mais celui de Kyllhian justement, avec cette si belle inscription en liminaire « J’emmerde l’ékole et le Françé ». Et bim, la Fée Péda s’est penchée sur votre sort et vous a titularisé d’office. Un moment de joie inoubliable que vous fêtez encore tant vous n’y croyez pas. Puisque visiblement vous n’avez pas repris le sport… mais vous avez conservé le même régime alimentaire.
Vous et eux. Car il y avait bien eu des émotions avant ce fameux mardi noir. Courtes mais intenses, avec des moments qui resteront gravés dans vos mémoires. Votre classe de mer en septembre, découvrant des élèves que vous aviez envie de noyer quelques instants après les avoir rencontrés - car parfois, les premières mauvaises impressions sont les BONNES impressions.
Les petits bobos du quotidien, ce petit bout de chou s’arrachant une dent devant vous, dans un feu d’artifice d’hémoglobine rendant votre séance de biologie osseuse complètement obsolète, votre fracture du coccyx faite par mégarde en zappant sur une chaîne info, happant au passage la phrase d’un chroniqueur média « Les profs ne se cassent pas le cul », ou votre lésion au ménisque en voulant rattraper un élève en acrosport - jurant tous les dieux que désormais vous en resterez au tennis de table et oublierez l’atelier escalade sans entrave prévue le semestre suivant.
Certains ont vécu une année de titularisation intense, mais certains ont obtenu leur mutation enfin espérée. Des entretiens à distance en visioconférence, qui plus est masqué, donnant lieu à des situations ubuesques car comprenant un mot sur trois, vous avez accepté de devenir l’économe du club lecture, poste laissé en friche depuis 1994. Mais peu importe vous l’avez eu ! Pour le coup vous ne connaissez pas le Directeur qui vous a engagé ; et en le voyant en septembre, vous découvrirez que l’application Tinder et un mauvais match entraînent des fois bien des désagréments !
Voilà donc pour quelques instants de grâce - ou pas - rencontrés dans cette année. Il me reste donc à vous souhaiter de bonnes vacances même si Monsieur Z. reste sur le pont tout cet été en veille pédagogique. Je ne dors que d’un œil. Car on ne sait jamais ce qui peut tomber en plein milieu de l’été : météorites, invasions de frelons, réformes.
Rappelons-nous que 2020 n’est qu’à moitié entamée ! (merci Julia pour cet anathème final!)
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