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3 utilisations de l'espace de classe pour différencier en secondaire

Fanny Duhamel
28 janvier 2022 12:18
10 mn

Pas simple de différencier par l’aménagement de sa classe lorsque l’on est au secondaire : il est fréquent de changer de salle, de ne pas avoir le même matériel à disposition en fonction des lieux, ni même les mêmes niveaux de connexion.
Enseignante de mathématiques au lycée puis au collège en REP+ et enfin dans un petit collège rural, mon emploi du temps a compté jusqu’à huit salles différentes dans ma semaine. Certaines avaient le Wi-Fi, d’autres non. Certaines avaient un ordinateur (pas toujours connecté à internet), d’autres en comptaient jusqu’à dix.

Enseigner dans des contextes aussi différents permet-il de travailler facilement sur ses conditions matérielles afin de permettre pleinement la différenciation ? Je vous partage mes stratégies « low tech » qui vous permettront de différencier en toutes circonstances :

  • en gérant les espaces ;
  • en mettant en place des corrections mutuelles ;
  • en définissant des groupes et des rôles.
     

Utiliser l’espace pour répondre aux besoins de nos élèves

La prise en compte des besoins des élèves (et des enseignant·es) est à l’origine de la question de l’aménagement d’une salle de classe. Selon la théorie de l’autodétermination (Deci et Ryan, 1985), trois besoins psychologiques de base sont considérés essentiels au bien-être :

  • l’autonomie : sentiment d’être à l’origine de ses choix et de pouvoir vivre en cohérence avec ceux-ci ;
  • la compétence : sentiment d’être à la hauteur dans la réalisation des tâches face aux attentes de son environnement ;
  • l’affiliation : sentiment d’être lié à des personnes significatives.
     

« La différenciation favorise la prise en compte et la gestion de la diversité, qui s’exprime sous de multiples facettes, qu’il s’agisse de caractéristiques des élèves ou de leur milieu, ou alors de besoins qu’ils peuvent ressentir (par exemple, besoins de compétence, d’affiliation, de bouger, etc.). » Extrait de l'article “L’aménagement flexible de la classe : le point de vue d’enseignantes du primaire au Québec”


Différencier passe bien souvent par l’aménagement de la salle de classe

De la configuration en bus, on cherche à passer à la disposition en îlots, afin de favoriser la coopération

La forme que vous choisirez dépendra de l’espace, du mobilier, mais surtout de vos objectifs.
Vous l’aurez compris, l’aménagement de la salle devrait dans l’idéal s’adapter aux objectifs pédagogiques que vous visez. 

Un exemple d’utilisation de l’espace : le tableau mutuel de correction

Afin d’aider mes élèves à progresser, j’ai mis en place des parcours d’exercices différenciés. Trois parcours, une dizaine d’exercices chacun, le calcul est fait rapidement ! Impossible pour moi de corriger au tableau (ou de faire corriger au tableau) une trentaine d’exercices sans que la correction ne devienne longue et ennuyeuse. Surtout que les élèves devraient donc assister à la correction d’exercices qu’ils n’ont pas cherché. J’ai testé et, honnêtement, ils ne sont pas très motivés... 

Il m’a alors fallu développer une stratégie. J’ai testé la création de cartons de correction que mes élèves pouvaient emprunter afin de se corriger. Mais j’avais le sentiment de les déposséder d’une partie de leur apprentissage et de me priver de ce que les élèves m’apportent lorsqu’ils me partagent leur correction.

C’est alors que j’ai décidé de mettre en place un tableau mutuel de correction, afin de permettre d’optimiser la correction lorsque l’on différencie les parcours d’exercices. Cette pratique m’a été inspirée de la « Classe mutuelle », qui propose un espace de travail où les élèves les plus avancés expliquent les corrections à leurs camarades. C’est un lieu d’entraide et de coopération.

Impossible pour moi de demander l’installation de tableaux blancs dans les salles dans lesquelles je travaillais. J’ai donc dû réfléchir à une solution s’adaptant aux moyens à ma disposition : un tableau (le tableau blanc dans mon cas), des feuilles blanches, des stylos, des aimants (ou punaises selon le mode d’affichage souhaité). C’est tout ce dont j’ai eu besoin !

Le principe du tableau mutuel de correction

  1. Le travail de secrétaire de classe : un·e élève se rend au tableau et y inscrit les numéros des exercices à corriger, à la façon d’une liste à compléter.
     
  2. Le positionnement des élèves : l’ensemble des élèves se positionne sur cette liste, sur un ou plusieurs exercices à corriger, en groupe ou non. Ils choisissent l’exercice qui les inspire, en fonction de leur ressenti lors de la phase de recherche. Ils deviennent alors responsables de cette correction.
    Remarque : Il est tout à fait envisageable de mutualiser les corrections sur plusieurs classes d’un même niveau.
     
  3. La rédaction : les élèves rédigent leur correction sur une feuille blanche, que j’appelle « tableau mobile ». Lorsqu’ils travaillent en groupe, ils sont amenés à confronter les résultats de leurs recherches personnelles, à débattre puis à trouver un accord sur la démarche de résolution à proposer. Ce travail se révèle extrêmement enrichissant.
     
  4. Validation par l’enseignant·e : une fois la correction rédigée, les élèves viennent me présenter leur travail. Je leur apporte mon regard, nous débattons à nouveau et ils apportent alors les corrections nécessaires.
     
  5. L’affichage : lorsque leur travail est finalisé, les élèves affichent leur correction sur le tableau de correction mutuelle, à l’aide d’un aimant.
     
  6. La phase de correction personnelle : lorsqu’ils sont prêts à corriger leur parcours d’exercices, les élèves empruntent une correction, corrigent leur exercice en confrontant leurs recherches avec la correction, puis reviennent repositionner le tableau mobile, pour en emprunter un autre, et ainsi de suite. S’ils ne comprennent pas quelque chose, ils ont pris l’habitude de faire appel à moi ou à un·e camarade.
     
  7. Ensuite : pour les élèves qui n’ont pas le temps de corriger pendant le temps dédié (ce qui est plutôt rare), je prends en photo les corrections (d’où les feuilles blanches, pour un meilleur rendu visuel). Je les partage ensuite aux élèves via l’ENT (plus exactement dans mon cas, je compile le tout dans un dossier Pearltrees et je partage le lien dans Pronote). Il m’arrive aussi de prêter les feuilles de correction aux élèves pour chez eux. Elles sont ensuite rangées dans un classeur dédié, que les élèves peuvent consulter.
     

Des tables à thèmes pour installer le travail de groupe

Lorsque l’on souhaite constituer des groupes bien définis, il est possible de le faire au moyen de cartes à thèmes. Le principe est très simple, et adaptable à toutes les disciplines. Il suffit de créer des cartes à l’effigie de personnalités célèbres (et ainsi parfaire la culture de notre assemblée) ou sur un thème donné. 

Astuce

En fonction de son groupe de travail, établi selon des besoins identifiés (mise en place de tutorat pour certains, correction d’exercices pour d’autres, etc.), une carte est distribuée à l’élève lors de son entrée en classe. Une fois les espaces de travail aménagés (en groupes de deux, en îlots à quatre ou à six, ou un mélange de tout cela), les membres d’un même groupe se rassemblent. 

Si l’on souhaite les positionner dans un espace bien précis de la salle de classe, on posera alors une mention de la personnalité / du thème  sur la table concernée. Cette organisation permet de transmettre clairement l’organisation attendue, ainsi que de permettre un gain de temps précieux.

Transformer les espaces au cours de sa séance

Croyez-le ou non, il est possible d’adapter son espace de travail à la situation en une fraction de seconde : il faut pour cela accepter de lâcher prise et solliciter les élèves. La première fois sera peut-être déroutante, mais nos jeunes disciples s’adaptent très vite, soyez-en assuré·es !

Astuces pour que la « transformation des espaces » se déroule au mieux :

  • Prévoir une disposition optimale à l’avance pour chaque salle que l’on fréquente et réaliser un plan rapide que l’on affichera au tableau, ou mieux encore : testez une disposition idéale puis prenez-la en photo !
  • Pensez à une disposition permettant de se déplacer facilement.
  • Apprenez à vos élèves comment faire, en montrant à chacun comment il faut déplacer leur table en fonction de la configuration souhaitée.
  • Expliquez-leur que tout doit se passer rapidement.
  • Insister sur l’importance de soulever tout ce que l’on déplace, afin de ne pas déranger les voisins.

Afin de  respecter les besoins de tous et de permettre à chacun de devenir acteur de ses apprentissages, l’aménagement de sa salle de classe dans le secondaire n’est pas mission impossible et peut être mise en place de façon rapide, avec peu de moyens. Commencer par des actions simples permet d’expérimenter sans risque, afin d'observer les effets bénéfiques que cela peut avoir sur les élèves.
 


Fanny Duhamel

Enseignante de Mathématiques, CARDIE, IREM, TraAM, pédagogies actives, bien-être à l’école 

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