Aaaaah, le topic du voyage scolaire. On serait presque tous en train de l’oublier, tant nous sommes accaparés par nos masques, nos distances de sécurité et nos aérations intempestives qui nous donnent la goutte au nez. Alors pour nous donner du baume au cœur, rien ne vaut un petit listing ! 5 petites madeleines proustiennes, 5 plaisirs minuscules qu’on a tous vécus lors de voyages scolaires et qui symbolisent si bien cet adage : « Mais pourquoi je me suis mis dans cette galère romaine de compèt' ?! »

1. Le périple du car scolaire ou le syndrome de la relativité
2. L’épreuve du repas ou la potentialité mise en marche de la machine à gifles
3. Les nuits à la belle étoile ou la mise en place du service à la personne
4. La découverte de l’Autre ou la passion de la diversité
5. Le dernier soir ou les bilans sucrés salés sauce harissa

1. Le périple du car scolaire ou le syndrome de la relativité

Car Einstein a dû fonder sa théorie en partant avec 3 classes de quatrième dans un minivan de 50 places. Ou comment partir dans les Cévennes et, en ressenti, franchir la cordillère des Andes. Chaque kilomètre avalé donne son lot de surprises, d’étrangetés. On peut déjà s’arrêter sur la capacité des jeunes à ne jamais être fatigués. Jamais. Comme si dormir était une insulte à leur jeunesse. Ensuite, le jeune mange. Tout le temps. N’importe quoi. Au bout de 10 minutes il faut donc se décider à mettre une bonne rasade de Vicks Vaporub sous chaque narine. Pas uniquement car Chloé attaque son deuxième “thon-jambon-vermicelle-mayo-sauce harissa”. Mais aussi car Lucas a levé ses chaussures. Dernière remarque, les jeunes écoutent de la musique, regardent des films. Sans aucune intimité sonore. Un casque ? Mais diable pourquoi faire ? Ce qui donne un gloubi boulga sonore inaudible vous obligeant à avaler une boîte de doliprane à la moitié du chemin. Le chemin de croix, bien entendu.

2. L’épreuve du repas ou la potentialité mise en marche de la machine à gifles

Car le voyage scolaire va vous faire pénétrer dans des territoires hélas inconnus, territoires que le simple professorat ne peut pas même défricher au détour d’une séance pédagogique. Cette Emma, pourtant si brillante, aimable, polie et précise lors de ces réponses en évaluation, mettez-la devant le gras d’une tranche d’un rumsteak et observez : une autre personne. Des élèves alors sans problème deviennent en voyage scolaire d’autres personnes, surtout en présence de frites : « Pas assez ceci, trop salé, encore de la paëlla, m'sieur, sérieux ? » (On est à Barcelone, tu t’attendais à quoi ? Une Flammekueche ?) Devant tant de récriminations, vous décommanderez le restaurant typique du lendemain et vous retrouverez devant BK as usual.

Parce qu'il vaut mieux en rire !

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3. Les nuits à la belle étoile ou la mise en place du service à la personne

Car en voyage scolaire, les journées ne sont pas de 8h à 17h. Elles seraient plutôt de 17h à 8h. Car, ne nous cachons pas, le jeune n’est pas forcément venu en voyage scolaire pour ce magnifique musée de la porcelaine soufflée à la bouche de manière quasi artisanale que vous avez visité en cette belle journée. Le jeune veut se retrouver, le jeune veut kiffer. Le jeune veut retourner à l'hôtel. Un seul être peut l’en empêcher (et merde, c’est vous). Et c’est ainsi que le soir se déroule de manière conjointe les parades amoureuses, les valses entre les chambres, avec cette célèbre légende urbaine de voyage scolaire : « Si un enfant est conçu durant un voyage, c’est le PP le parrain. » Oui mais non. 

Mieux vaut préférer une gastro collective, quitte à souiller d’amibes les bouteilles en plastique. En parlant de bouteilles, il vous appartiendra aussi de réquisitionner à tour de bras les chichas, bouteilles de vodka, chocolat au cannabis et autre revue sexuelle explicite. Ce qui peut vous permettre de ramener des souvenirs à votre famille à moindre coût. Ce qui, en termes de nuits blanches accumulées sur 5 jours, est un moindre mal.

4. La découverte de l’Autre ou la passion de la diversité

Car partir à des milliers de kilomètres de son chez soi va provoquer chez nos jeunes une réaction toute étrange et toute épidermique, un repli identitaire devant cet Autre, si semblable et pourtant si différent : « Ouaissss M’sieur comme ils conduisent mal ! Z’avez vu comme ils se la pètent ! Ils font pas d’efforts pour comprendre elle est bizarre leur langue j’vous jure il m’a insulté ! » (non, il t’a demandé si tu voulais un sandwich à vrai dire…). Le voyage scolaire comme difficile déconstruction des archétypes. Heureusement, les valeurs communes de la mondialisation seront là pour rapprocher nos chères têtes blondes et les têtes blondes locales, autour notamment d’éléments culturels communs, comme ce magnifique sac banane Umbro si bien mis en valeur par cette casquette colorée. Preuve que là-bas aussi, il y a toute une immensité de goûts à partager.

5. Le dernier soir ou les bilans sucrés salés sauce harissa

Car le bilan du jeune face au voyage est un élément unique, qui peut renverser bien des sensibilités (surtout du gars qui a dormi 4 heures en 3 jours) et l’on retrouve le même gap entre ce qu’on aurait aimé qu’ils retiennent de ce voyage scolaire (la civilisation, la géopolitique, les musées de porcelaine) et la réalité des moments : « Le coca à 1 euro, les gens marchent tarpin lentement et quand Rémi il a vomi sa salade. » Mais peu importe. Un groupe s’est soudé (peut-être contre vous mais peu importe). Ils ont vécu des expériences communes, et ils ramèneront tout ça avec eux. Oui ça et la photo dans le car où vous dormez avec la goutte au nez. Une escarcelle de souvenirs, de coups de sang et de coups de cœur. Et merci pour la carte. Dommage de l’avoir achetée sur l’aire d’autoroute 10 minutes avant de rentrer. Elle n’en reste pas moins typique.

Voilà donc 5 situations de voyages scolaires qui vous donneront envie de participer à cette aventure, aventure dont vous ne sortirez pas indemne ; mais est-ce bien nécessaire, au moins aurez-vous vécu !  

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Monsieur Z., prof de Lycée Pro quelque part en France, dont l'humour sévit sur Facebook et sur Instagram.