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Y a com’ un goût d’carnaval, comme un goût de tête de narval, comme un goût d’distance pendant la séance… [ …] Alors ouais on déconne ouais ouais on déconne gffffff gffffff, c’est pas l’école qui nous a donné ses codes gdfffffff gdfffffffff. Génération gdffffffff gdfffffffff
Remix opportun de Diam's
Car oui, notre quotidien est désormais habité par des chuintements, des approximations lexicales ou d’autres symptômes bien sympatoches. Le masque à l’école. Parlons-en.
« Enzo…. Ton nez…. ! »
« Kyllhian, remets-le comme il faut, sur la tête ça sert à rien ! »
« Andréa, il est orange… Oui comme ton visage. Tu devrais peut-être le changer.»
« TON NEZ, ENZO, TON NEZZZZZZZZZZZ ! »
Vous ne pensiez pas que les écouteurs et les pailles de capri sun seraient un jour remplacés dans votre top 3 des ustensiles créateurs de phrases répétitives. Et pourtant ce masque. Il a tout bousculé. Ah mais on pourrait facilement faire 53 minutes sur 55 sur lui : sur son absence, sur son positionnement hasardeux, sur sa propreté là aussi hasardeuse. Et vous vous sentez brusquement possédé par l’esprit du prof de PSE/SVT qui rappelle à ses élèves les règles élémentaires d’hygiène au début de chaque cours. Ça râle. Ça peste. Ça le remet. Ça le retire une fois le dos tourné. En plus d’une pandémie sanitaire, on vivait bel et bien une pandémie éducative. Une fasciite nécro-pédagogisante : le masque mangeur de temps. C’est nous les gars de la narine.
Si on vous avait dit qu’un jour votre rêve se réaliserait : enfiler un masque et passer quasiment incognito aux yeux de tous ; vous ne l’auriez pas cru. Alors oui dans votre tête c’était plutôt comme Spiderman ou Batman sauvant la veuve et l’orphelin. Là vous êtes devenu Essoufleman. Le super héros rubicond gesticulant, sauvant le verbe et le bambin. Pourquoi gesticuler me direz-vous ? Car personne ne vous comprend sur 3 mètres à la ronde : le masque modifie votre voix, la rendant complètement atone (les fameux chuintements). Alors bien entendu, vous pouvez tenter - en vain - de parler plus fort. Vous ne rendrez que vos chuintements plus sonores, plus inaudibles. Plus gênants.
« Pourquoi vous criez Monsieur ? De toute manière on n’y comprend rien à votre texte sur la farogne de Faudelaire. »
LA CHAROGNE LUCAS…. LA CHAROGNE.
Et le soir, la seule Farogne, c’est vous.
L’automne déploie son léger manteau de fraîcheur, la ville se drape de sa cape d’obscurité. Et vous ? Vous êtes déjà dans un état de délabrement avancé. Avec le changement climatique, vous auriez presque pu croire que les prochaines vacances étaient celles de février et qu’un séjour au ski vous ferait le plus grand bien. Et bien non. C’est bien la Toussaint qui débarque et pour une fois vous êtes parfaitement raccord avec l’esprit anglosaxon d’Halloween. Votre teint cadavérique fera fureur, ainsi que cette magnifique plaque de boutons purulents qui ornent la moitié inférieure de votre faciès. Vous comprenez mieux pourquoi les fameux boogeymen portent un masque : car ils ont un visage acnéique dégueulasse tout simplement. Vous pensiez donc être sorti de l’adolescence ; vous avez les deux pieds dedans. Et le soir, vous vous endormez avant 21h, une fois que vos oreilles ont repris une taille normale, après s’être déployées durant toute la journée, vous transformant en satellite sujet de moqueries diverses. Ton prof, c’est Dumbo.
La consigne est pourtant simple. La démarche comprise de tous. Pourtant, en ajoutant ce paradigme, tout - je dis bien TOUT - prend une allure d’épopée homérique. Car masqués, vous l’aurez remarqué, tout est difficile. Écrire une rédaction entraîne des convulsions éparses comme si la partie labiale était essentielle à la maîtrise du langage écrit. Réfléchir à une donnée géographique, un calvaire : les voilà qui soufflent, qui piaffent, qui ruent dans les brancards : « Ouais mais Monsieur on a le masque là ! Oh vous avez vu c’est chiant ! »
Emma je t’ai juste demandé de sortir un stylo et une règle. Pas de marcher sur des braises incandescentes.
Bien entendu vous reconnaissez Emma : elle tient toujours à se maquiller et à passer son rouge à lèvres en classe. Même par-dessus le masque.
Mais les 23 autres (les gars), vous ne savez pas qui est qui à dire vrai. La semaine dernière, un élève vous a félicité à la fin du cours pour votre séance sur les mobilités en France. Vous avez été touché. Bien plus lorsqu’il s’est présenté comme votre inspecteur. À dire vrai, vous n’aviez jamais vu un élève aussi attentif en classe.
Sinon pour éviter telle déconvenue vous apposez sur leur tee-shirt une étiquette avec leur prénom. Ça résout une partie du problème. Reste à différencier les 8 Enzo, 6 Lucas. 4 Théo et 10 Killian. Mais on progresse.
En conclusion, si "pour vivre heureux, vivons cachés", pour enseigner mieux, faudrait vivre démasqués. Oui mais non. Alors pour finir sur des notes positives qui vous donneront du baume au cœur, nous dirons en vrac que le masque c’est aussi :
Et voilà !
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