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Pratique Activité d’entrainement

10 conseils et activités pour travailler le langage en maternelle

Lucie Beauverger
Il y a 21 heures
4 mn

Le langage est un enseignement clé de la maternelle (et sans doute l’est-il encore plus tard !). Il se trouve entre la pensée, la communication et le monde de l’écrit. Mais pour devenir un véritable outil au service des apprentissages, il faut que le langage soit avant tout enseigné. 

La tâche qui incombe donc à l’enseignant ou l'enseignante de maternelle est de mettre en place un environnement bienveillant pour permettre à chaque enfant d’apprendre les bases des échanges, à réfléchir avec les autres sur le monde et oser en communication tout en progressant à son rythme. Cependant, l’apprentissage du langage ne se limite pas à l’oral, cet objet si abstrait, complexe et personnel, qu’il est parfois difficile de savoir comment s’y prendre en classe, surtout en se lançant dans les activités dès la rentrée

Conseil 1 : saisir chaque nouvel exploit

Enseigner en maternelle demande d’observer et de connaître ses élèves sur le bout des doigts. Grâce à cela, vous pourrez vous saisir de chaque nouveau progrès pour rassurer, motiver, relancer chaque élève. Un ou une élève en retrait depuis la rentrée vous apporte sa construction en Lego ? Profitez-en pour le ou la questionner, montrer son travail aux autres, lui permettre de le partager, le prendre en photo pour que lui aussi participe à la création de la culture du groupe. 

Le langage ne se résume pas à la parole. Un simple geste peut vouloir dire beaucoup. Et il faut prendre le temps de s’apprivoiser pour que, petit à petit, chaque enfant ait confiance et ose aller un peu plus loin !

Conseil 2 : instaurer un environnement sécurisant

Pour oser entrer en communication, les enfants doivent se sentir accueillis et écoutés. Pour cela, il faut réussir à créer un environnement sécurisé, dans lequel ils et elles oseront se lancer, quitte à se tromper et à recommencer.

Il faut bien sûr faire preuve de bienveillance, mais cela ne veut pas dire leur mentir ! Si on ne comprend pas un ou une élève, il ne faut pas hésiter à le lui dire, en lui montrant de quoi il ou elle veut parler. Si une formulation incorrecte est utilisée, sans jugement, il faut lui montrer comment dire correctement en reformulant simplement. Ce geste professionnel demande une attention constante, afin de se saisir de chaque occasion pour modéliser, laisser l'élève s’imprégner, réessayer, se tromper, etc.

Conseil 3 : penser la composition des groupes

On peut vouloir composer ses groupes de langage de façon hétérogène en ayant les meilleures intentions du monde : on se dit que les très bons locuteurs pourraient ainsi aider les petits parleurs à progresser. Mais si on s’intéresse aux productions individuelles, c’est le contraire qui se produit : les plus à l’aise accaparent la parole alors que les moins loquaces se taisent. 

Dès lors, comment apprendre à communiquer si on en a jamais l’espace et le temps ? Au final, personne n’apprend, car les zones de développement de chaque élève sont trop distantes et qu’il n’y a pas de langage commun. J’ai pour ma part fait le choix de travailler en petits groupes homogènes de 2 à 6 élèves et de penser son intervention depuis là où part chaque groupe. On étayera plus pour certains ou certaines, on ne se contentera que de quelques relances ou apports de vocabulaire pour d’autres, on ajustera au fur et à mesure. 

Il en est de même pour l’intervention duelle enseignant·e/élève. En pensant apporter un moment privilégié et qualitatif, on se retrouve souvent à jouer aux devinettes devant un ou une élève tétanisé ! Le soutien des pairs est un atout majeur pour accompagner le développement du langage, qu’il ne faut pas oublier.

Conseil 4 : s'adapter à la Zone de développement de chaque élève

Afin de s’approprier la multitudes de codes et de significations portés par le langage, l’enfant ne peut découvrir tout par lui-même. Il faut donc que l’enseignant ou l'enseignante parte de ce que l’enfant sait déjà afin de l’accompagner dans ses progrès. On reprendra donc ici le concept de Zone proximale de développement de Vygotsky pour expliquer ce point :

  • Tout d’abord, pour qu’un enfant apprenne quelque chose, il faut qu’il ou elle puisse s’appuyer sur un début de connaissance déjà présent et en lien avec le nouvel apprentissage. Il faut donc observer, analyser et s’appuyer là-dessus pour fixer ses objectifs pour chaque élève.
  • Vient ensuite la phase de l’étayage, où l’adulte vient soutenir l’enfant, par la parole ou l’action, pour l’accompagner dans son cheminement intellectuel.
  • Enfin, l'adulte fait verbaliser l’enfant sur ce qu’il ou elle a fait et comment il ou elle l’a fait. Cette phase de métacognition est indispensable et accompagne l'explicitation des apprentissages réalisés.
     

La zone où l’enfant est entre le connu et la nouveauté est la zone où doit se situer l’intervention de l'adulte pour l’aider à progresser. 

Conseil 5 : travailler le vocabulaire

Depuis plusieurs années, les directives institutionnelles mettent en avant l’importance de l’apprentissage du vocabulaire à la maternelle afin d’enrichir le langage des élèves. Une simple exposition aux mots n’est pas suffisante, il faut penser l’enrichissement lexical des élèves grâce à un apprentissage explicite et structuré et des possibilités de réinvestissement. 

Il faut songer aussi à faire jouer les élèves avec les mots et leur morphologie afin d’initier une première réflexion sur la construction de la langue.
Pour cela, le dispositif Apprenti Langue propose grâce à l’introduction de deux mots par jour à travers différentes activités de lutter contre les inégalités linguistiques. Expérimenté sur le terrain dans plusieurs classes bretonnes, leur site met à disposition tout le matériel et les instructions nécessaires à sa mise en place en classe.

Enfin, s’équiper d’outils numériques peut être une solution offrant de nombreux avantages pour l’enseignement du vocabulaire. Les murs sonores et les tableaux bavards permettent d’imaginer des activités diverses et riches pouvant être menées en autonomie par les élèves pour travailler l'entraînement et le réinvestissement de leurs connaissances en lexique.

Conseil 6 : le Quoi de neuf ?

Il faudra avoir s’attendre à des débuts chaotiques dans la mise en place de cette activité. 
Apprendre à parler lorsque c’est son tour, écouter ce que disent les autres, parler devant tout un groupe… L’exercice demande de la ritualisation et un étayage fort dans les débuts, mais peu à peu, la magie opère et chaque élève progresse tout en partageant un peu de lui ou d'elle avec les autres. 

On peut l’imaginer en demi-groupe au début, mais le but est bien de mener cette activité en classe entière, afin d’en faire un outil de la culture de classe. Un ou une  élève vient s’exprimer et partager une information, un sujet qui lui tient à cœur, un événement vécu, etc. Les autres l'écoutent, peuvent poser des questions tout en respectant le cadre. On peut imaginer le faire tous les matins en début d’année, puis une ou deux fois par semaine quand les règles de prise de parole et d’écoute sont maîtrisées. On peut aussi, si besoin, attribuer des rôles à des élèves, pour aider à réguler les comportements. 

Conseil 7 : la pédagogie de l'écoute

Développée par Pierre Perroz, l’idée ici repose sur la posture d’écoute de l’enseignant ou de l'enseignante, qui accompagne les élèves dans une activité de langage autour de la compréhension d’un texte. Pour comprendre la démarche, rien de mieux que d’écouter Pierre Perroz dans cette vidéo :


Partant du constat qu’une pratique ordinaire de l’oral en classe n’a pas d’effet sur les petits parleurs, il est proposé de mener un travail autour d’histoires sans illustration (ce que propose l'application Alma Studio avec un accès gratuit pour les enseignants) afin d’amener les élèves à s’écouter et de produire des interventions plus riches. 

L'adulte ne reformule pas, ce sont les enfants qui le font et les répétitions permettent un apprentissage collaboratif de la langue. Le matériel langagier est fourni par les pairs et non plus par l'adulte. Le plus difficile ici pour l’enseignant ou l'enseignante est donc bien de réussir à ne pas intervenir ! 

Conseil 8 : l'album écho

Le dispositif de l'album écho, proposé par Philippe Boisseau, IEN ayant longtemps été enseignant en ZEP, permet de travailler selon une programmation syntaxique. En début d’année, l’enseignant ou l'enseignante enregistre ses échanges avec les élèves. Ce travail d’observation et d’échange dure au moins la première période. 

Suite aux enregistrements vient le temps de l’analyse qui, grâce aux grilles développées par Philippe Boisseau, permettent de mettre en évidence les enfants ayant besoin d’un accompagnement particulier concernant l’oral

Il est alors temps de réaliser l’album écho

  • Les enfants en besoin sont pris en photo en étant en situation (séance de motricité, jeu symbolique, lecture d’un livre à la bibliothèque).
     
  • On leur montre les photos et on les invite à s’exprimer sur celles-ci. Les productions orales sont corrigées par l'adulte pour être modélisantes, puis transcrites sous les photos imprimées.
     
  • On plastifie et on relie le tout, et voilà un outil personnel, adapté à l’enfant et qui va nourrir sa motivation tout en lui permettant d’investir des productions orales dans sa zone de développement. Une fois les formulations maîtrisées, on peut continuer au fur et à mesure l’album en s’appuyant sur des progressions syntaxiques.
     

Cet outil est un levier efficace de différenciation pour les petits parleurs, mais peut s’avérer chronophage si on souhaite le faire pour chaque élève de sa classe. Cependant, pourquoi ne pas imaginer un album écho commun ?

Conseil 9 : le livre numérique

Nous l’avons déjà brièvement évoqué, les apports du numérique sont multiples quand il s’agit de travailler le langage. Une trace est conservée et permet de faire du lien avec les parents, les élèves peuvent procéder par essai/erreur, analyser leurs productions, trouver des stratégies pour les améliorer. La tâche est même redéfinie ici, car grâce au numérique, une production collaborative peut voir le jour et s’enrichir de contenu multimédia. Donc pourquoi s’en priver ?

Plusieurs applications existent et peuvent être utilisées dès la maternelle : Book Creator pour les plus grands, Com-Phone pour les plus petits. On peut s’y enregistrer en commentant les photos de la dernière sortie avec la classe ou alors l’album qu’on a appris à raconter en classe grâce à la méthode Narramus, on peut s’aider des marottes ou des étiquettes vocabulaire si besoin. Et si on se trompe, ce n’est pas grave, on recommence ! On peut aussi se tourner vers des ouvrages numériques, disponibles sur la Plateforme académique d'hébergement de livres numériques.

Conseil 10 : la dictée à l'adulte

Cette technique scolaire héritée des années 70 permet de guider les élèves de la langue oralisée à la langue écrite. Si l’activité est difficile à imaginer en début de PS, elle peut ensuite s’inscrire dans chaque niveau de la maternelle, en adaptant ses objectifs :

  • En groupe de 2 à 6 élèves afin de favoriser l’attention conjointe, l’adulte ritualise des séances courtes et régulières d’environ 15/20 minutes, en étant entre le groupe d’élèves et le tableau ou l’affiche à la verticale.
     
  • Il va être question d’écrire un message ensemble, un texte qui doit être compris par un lecteur qui n’est pas là. Les sujets là aussi peuvent être : « Pourquoi ne pas expliquer la dernière découverte en science ? », « Si on parlait plutôt de l’élevage de papillons ? », « Si on racontait aux familles comment se passe le temps du midi ? ».
     
  • L'adulte met en scène l’acte d’écriture en cursive, ajoute les signes conventionnels de l’écrit, étaye pour que les élèves puissent peu à peu proposer des formulations de langage écrit compréhensibles.
     
  • De nombreux gestes sont à mettre en œuvre : adopter une posture métacognitive (parler de ce qu’on écrit : « J’écris le/loup »), ralentir le débit pour accompagner l’écriture en temps réel, suivre du doigt lors des relectures, modéliser, faire des brouillons, multiplier les relances, expliciter certains faits de langue, etc.
     
  • Séance après séance, un témoignage collectif voit le jour, les élèves ont parlé, transformé la langue à l'aide de l’adulte qui les accompagne vers le monde de l’écrit.
     

Lucie Beauverger

Coordinatrice ULIS-école en REP à Paris

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