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Pratique

3 étapes pour installer des règles de vie positives en maternelle

Paula Buswell
Hier à 11:44
5 mn

Une règle de vie positive est une règle qui énonce de façon claire et explicite le comportement attendu de la part de l’élève : Je range le matériel à la fin de l’activité ; Je lève la main et j’attends mon tour de parole ; Je dis ma colère avec des mots. Ce n’est donc pas un interdit, mais une consigne formulée positivement, avec un « Je dois » ou « Je peux »

Quand j’ai commencé à enseigner, je ne voyais pas vraiment la différence entre dire « Marche. » ou « Ne cours pas. » à mes élèves. Et puis, j’étais persuadée que c'était mon rôle de transmettre à mes élèves les interdits de la vie de façon claire. Mais je me suis vite sentie impuissante face au constat : mes élèves connaissaient très bien les grands interdits de la vie, mais ne les appliquaient pas forcément. 

Au fil des années, j’ai découvert qu’utiliser des règles de vie positives dans ma classe était non seulement plus agréable, mais aussi beaucoup plus efficace que d’énumérer des interdits. Quand l’enfant entend la phrase formulée positivement, il ou elle sait exactement ce qui est attendu de sa part, et il lui est beaucoup plus facile de suivre la règle

Mais formuler les règles de vie positivement ne suffit pas. Beaucoup des règles de vie demandent à l’enfant d’inhiber des comportements qui lui seraient venus naturellement : marcher au lieu de courir, attendre son tour au lieu de parler, s’asseoir calmement au lieu de jouer avec son camarade… Or, nous savons qu’en maternelle, le cerveau de l’enfant n’est pas encore prêt à gérer l’inhibition de façon autonome et efficace. 

Il ne suffit pas de dire « Je marche dans la classe. ». Il faut apprendre aux enfants à se déplacer en marchant malgré leur envie (besoin ?) de courir, faire des rappels positifs et bienveillants très réguliers, féliciter les enfants qui se déplacent en marchant… Dans cet article, je présente trois étapes pour installer ces règles positives dans votre classe dès la rentrée scolaire, et pour accompagner vos élèves pour qu’ils les respectent.

Étape 1 - Je définis les règles de vie pour ma classe

La première étape est de savoir quelles sont les règles qui sont importantes pour votre classe, et de les formuler de façon à ce que l’enfant sache ce qui est attendu de sa part. 

Certaines règles de vie sont difficiles à tourner positivement, car elles touchent aux grands interdits de la vie, et surviennent pour des raisons variées : un enfant peut taper car il est en colère, car il veut prendre un jeu, car un camarade est assis à sa place… Difficile de donner une seule alternative positive. Dans ces cas, on peut indiquer la règle, et proposer quelques options positives au comportement. Par exemple : 

« Je peux utiliser mes mots pour dire les choses, ou je peux taper des pieds si j’en ai besoin. Mais il est interdit de faire mal. » 

Il est important de donner aux enfants une alternative physique, car en maternelle, beaucoup ne sont pas prêts à utiliser des mots quand la colère monte… D’autres règles de vie sont plus facilement tournées positivement :

« Je m’arrête quand on me dit “Arrête !”. Je dis “Arrête !” quand je veux que quelqu'un s’arrête ».

Et pour d’autres, la formulation positive est possible, mais un peu abstraite pour des élèves si jeunes. On peut alors préciser, avec des actions positives : 

« Je prends soin du matériel : je range les livres correctement, je remets le bouchon des feutres ».

Les exemples sont à donner en fonction de vos besoins.

L’important est que, dans la formulation, il soit toujours très clair pour l’enfant ce qu’il ou elle doit ou ce qu’il peut faire, et non seulement ce qu’il ou elle ne peut pas faire. 

Il en va de même pour les routines. Les routines expliquent aux élèves ce qui est attendu de leur part à différents moments de la journée. Ici encore, le plus efficace est de décrire de façon claire et positive ce que l’enfant doit faire à ces moments : 

  • Quand on entend les clochettes, on arrête ce qu’on est en train de faire, on lève les mains, et on regarde la maîtresse. 
  • Quand c’est l’heure du regroupement, je m'assois à ma place, les jambes croisées, les mains sur les cuisses. 
  • Quand j’ai envie de parler, je mets un doigt sur la bouche pour me souvenir de ne pas parler encore, et je lève l’autre main. 
     

Il n’est jamais trop tard pour installer des règles de vie ou des routines dans sa classe, et encore moins pour les revisiter si besoin ! La rentrée est derrière nous, mais l'installation des règles et des routines est l’affaire de toute l’année scolaire.

Étape 2 - Je transmets les règles à mes élèves

Une fois les règles de vie et routines définies et formulées positivement, il faut les transmettre de façon très explicite aux élèves. Tout comme on leur apprend une comptine, on va leur apprendre comment demander la parole en regroupement. Tout comme on leur apprend à faire un puzzle, on leur apprend à arrêter son geste quand quelqu’un lui dit « Non » ! 

Des affichages positifs peuvent être très utiles, à la fois pour transmettre les règles, et pour les nombreuses fois où il faudra les rappeler (un exemple ici). Il est important alors d’afficher les comportements attendus ou possibles dans les situations où les règles de vie risquent de ne pas être respectées, et de s’y référer régulièrement. On préfère donc une affiche avec deux enfants qui jouent ensemble, plutôt qu’une affiche avec deux enfants qui se disputent.

Les albums de jeunesse sont également un bon moyen pour aborder les règles de vie en classe. Vous pouvez choisir des livres spécifiques pour une problématique rencontrée, ou simplement rebondir sur un événement d’une histoire que vous êtes en train de lire : « Regardez, il n’a pas l’air content ce garçon. Pourquoi, à votre avis ? »


Enfin, utiliser la mascotte de la classe ou des marionnettes pour jouer certaines scènes du quotidien avec les élèves donne de très beaux résultats. On peut demander de l’aide aux enfants : « Lola a envie de jouer avec la voiture bleue, mais c’est Simon qui l’a dans la main. Qu’est-ce qu’elle pourrait faire ? »

Ici encore, il est important de passer beaucoup plus de temps à montrer le comportement attendu : la mascotte montre aux enfants comment demander un jeu à un camarade, plutôt qu’à répéter qu’elle ne doit pas l’arracher des mains.

Pour les routines de la classe, en plus des affichages, il est important de prendre le temps de les enseigner et de les répéter, un peu comme si ces routines étaient une danse. On n’explique pas une chorégraphie à des élèves de 4 ans, on leur montre, on prend le temps, on les prend par la main pour accompagner. Ce sera la même chose pour se mettre en rang ou venir s’asseoir en tailleur au coin regroupement. On peut inscrire dans son emploi du temps de la semaine prochaine un moment pour s’entraîner sur une routine qui ne se passe pas bien pour l’instant (par exemple se ranger pour aller à la récréation, ranger son matériel après une activité).

Étape 3 - J'encourage, je félicite, je fais de la prévention

Une fois les règles de vie posées et les routines définies, vient le plus gros du travail ! Trop souvent, on sait qu’il faut poser des règles claires, on passe beaucoup de temps à préparer nos affichages, on les présente à nos élèves avec beaucoup d'espoir. Puis, on se frustre quand les élèves ne suivent pas la règle. On se répète et on sanctionne les écarts. Ce système est peu efficace, et le sentiment que ça ne sert à rien d’avoir des règles car ils n’écoutent pas peut finir par s'installer. Je suis passée par là aussi !

Dans les classes où il y a moins de difficultés de comportement, 80% des interventions de l'enseignant ou l'enseignante sont préventives, et 20% seulement sont correctives. Cela veut dire que pour chaque fois qu’on dit à un enfant : « Ne parle pas, ce n’est pas ton tour. », on devrait avoir félicité 4 fois des enfants qui ont respecté la règle. Pas seulement parce que c’est plus sympa ou plus bienveillant, mais parce que c’est plus efficace.

Quelques idées de ce qu’on peut faire tous les jours pour aider nos élèves à suivre les règles et routines : 

  • Installer et garder une routine pour la journée
    Annoncer le déroulé de la journée plusieurs fois aux élèves, en insistant sur ce qui est attendu d’elles et eux : « On va à la récréation, puis ce sera l’heure de l’histoire. Après l’histoire, je vais vous emmener à la cantine. Pour aller en récréation, souvenez-vous, on se range deux par deux. Qui sont nos chefs de rang cette semaine ? »

 

  • Se mettre en haut parleur
    Il s’agit de décrire le comportement attendu pendant que vous le faites : « Ah, j’entends la chanson du regroupement ! Je vérifie, j’ai bien rangé mon puzzle et ma chaise, je vais aller m'asseoir. Ça y est, je suis assise et j’ai bien croisé mes jambes, je vais poser mes mains et respirer trois fois pour me concentrer un peu. Ah, je vois que Sarah est bien installée aussi, bravo Sarah ! »

 

  • Rappeler les comportements attendus très régulièrement
    Quand on est dans une situation où on sait qu’il sera difficile de respecter les règles, faire une pause et rappeler le comportement attendu avec calme. Par exemple, au début de chaque regroupement, j’avais l’habitude de prendre 20 secondes pour dire : « Je sais que vous avez tous plein de choses à dire, j’ai hâte de vous entendre, n’oubliez pas de lever la main en silence pour qu’on puisse tous s’écouter (je leur montre le geste), chacun aura un tour pour parler. »

 

  • Accorder de l’attention aux comportements désirés et enseignés
    Féliciter de façon très explicite, et plusieurs fois par heure, les comportements adaptés : « On va s’installer à l’atelier écriture. Bravo Nael, je vois que tu es bien assis, tu as ton crayon, tu es prêt à travailler » ; « On se met en rang pour la récréation. Léa et Marcus, vous êtes bien rangés en vous donnant la main, merci, cela nous aide à sortir vite et profiter de la récréation ! »
     
  • Tenir compte des besoins spécifiques de certains élèves
    Un élève est très agité et n’arrive pas à se tenir correctement pendant les déplacements dans l’école ? Il me donne la main systématiquement. Un autre enfant coupe la parole trop souvent pendant le regroupement ? Je l’installe à côté de moi et je pose ma main sur son bras quand il se met à parler, pour lui signaler : « Je te vois, mais ce n’est pas ton tour. » J’ai mis du temps à accepter de mettre en place ces interventions spécifiques, par peur que les autres élèves disent « pourquoi lui et pas moi ». Mais une fois mises en place, je regrette de ne pas l’avoir fait avant !

 

Et vous, quelles sont vos idées et astuces ? Partagez-les en commentaire !

Paula Buswell

Directrice d'école maternelle et professeure des écoles pendant 12 ans

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35 profs ont trouvé ce contenu utile

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Commentaires

  • Max — 2 décembre 2022 14:38

    Ouiii, merci infiniment pour cet article rempli d'enseignements magistraux et de ressources très enrichissante pour notre métier si généreux envers les élèves et les familles Merci aussi à toute l'équipe "ÊtreProf" pour ses compétences multiples vécues en collaborations précieuses et bienveillantes

  • Thomas — 5 décembre 2022 08:42 (modifié)

    Merci Max de vos retours qui nous font bien plaisir :) Je transmets à l'équipe et aux mentor·es ÊtrePROF, particulièrement à Paula.

  • Alexandra — 25 octobre 2023 16:47

    Merci pour ces mots écrits qui m'éclairent sur mes pratiques pro automatisées et celles qu'il me reste à tester. Hâte de découvrir les autres outils de ce site que je découvre à l'instant.

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