Je conçois le plan de classe d’abord comme le reflet de mes choix pédagogiques. Il doit répondre à mes valeurs, mes positionnements, mes besoins et ceux de mes jeunes élèves. Il doit aussi me permettre d’être à l’aise dans ma classe. 

Chaque année, j’interroge ou réinterroge donc mes pratiques. Je tente d’adapter ma classe à mes découvertes pédagogiques du moment et aux conclusions tirées de mes observations des années précédentes, ce qui a fonctionné ou pas. Ainsi, je commence par lister ce qui est important pour moi et ce que je peux concrètement attendre de mes élèves, en fonction de leur âge. 
 

Je m’interroge sur :

• l’ambiance, le style que je souhaite donner à ma classe ;
• l’autonomie, l’accès libre ou non au matériel ;
• le type de repères dont les enfants ont besoin et le degré de liberté que je suis prête à offrir ;
• l’organisation de mes activités futures : en groupe, demi-groupe, seul, sur table, au sol ;
• la gestion de l’espace disponible et la circulation dans cet espace.

Je tiens compte aussi de l’ensemble des éléments qui facilitent la vie de la classe et que j’ai pu identifier les années précédentes (un meuble d’accueil, un endroit où déposer les réalisations par exemple). Ces questions et bien d’autres m’aident à dessiner mon plan de classe en début d’année.  

Choisir son plan de classe, c’est donc pour moi, oser interroger son enseignement, sa posture, ses besoins personnels pour être une enseignante épanouie. Bien sûr, rien n’est immuable et je me permets des aménagements en cours d’année.

Vos premières réflexions posées, il va s’agir pour vous de les confronter à la réalité du terrain… et ce n’est pas chose facile ! Vous vouliez individualiser ? Mais vous allez devoir accueillir 30 bambins. Vous souhaitiez avoir plusieurs coins jeux ? Mais vous n’avez pas le matériel… 

Se frotter à la réalité des classes n’est pas chose aisée. Il est pourtant important d’essayer de conserver quelques éléments de vos ambitions pédagogiques car ils vous permettront de vous sentir bien dans la classe même si tout n’est pas parfait. 

Faites le point sur le matériel disponible et n’hésitez pas à proposer des échanges de matériel avec d’autres classes. Recherchez du matériel (jeux, meubles) dans des ressourceries, ou faites appel aux dons de parents d’élèves.

Enfin, tout le matériel pédagogique n’a pas besoin d’être présent en classe en début d’année, au contraire. Les enfants auront plaisir à découvrir de nouveaux objets, de nouveaux coins. Ils ont besoin de renouvellements fréquents.

La configuration de la classe a une influence importante sur la mise en place des meubles. Prise en compte, elle permet une bonne circulation des élèves, une organisation des journées fluide et une utilisation optimale des lieux par les enfants.

Demandez-vous :

• Où se trouvent les endroits les plus lumineux de la classe et les prises de courant ?
• Par quelle entrée va s’effectuer l’accueil ?
• À quel endroit se situe l’évier ?
• Où est le tableau de classe et y a-t-il des murs pouvant accueillir des meubles, des affichages, le bureau de classe ?

L’ensemble de ces éléments va permettre de définir par exemple, l’emplacement de la bibliothèque (plutôt lumineux), de la table informatique ou d’écoute, des espaces de peinture et de création, de la table exploration du monde, si elle existe.

Cette évaluation de l’espace disponible vous permet aussi de choisir où placer votre bureau, pour qu’il soit à la fois accessible (pour vous uniquement !) et discret.

Votre classe est installée selon vos choix pédagogiques et en fonction de l’espace et du matériel disponibles. Vous allez pouvoir évaluer votre plan de classe tout au long de l’année. Nos jeunes élèves en sont les meilleurs ambassadeurs. 

En observant vos élèves, vous allez pouvoir identifier ce qui fonctionne ou pas :

• Leurs déplacements dans la classe : est-ce fluide ? Ont-ils suffisamment de place ? Se gênent-ils ?
• Comment se passe l’accueil ? Les enfants savent-ils où mettre leurs affaires ?
• En journée, les enfants réussissent-ils à utiliser et gérer le matériel de classe comme il faut ? Repèrent-ils facilement où le prendre et le remettre ?
• Où n’aiment-ils pas particulièrement aller et pourquoi ? Lieu trop isolé, trop grand, trop petit ? À l’inverse, où aiment-ils se réfugier ?
• Si vous avez des ateliers autonomes, lesquels utilisent-ils plus facilement ?

J’ai remarqué par exemple dans ma classe que les enfants n’apprécient pas les lieux trop isolés (derrière un meuble) ou trop grands (une bibliothèque avec plusieurs canapés). Mais ils ont par contre besoin d’espaces où ils peuvent parfois travailler seuls. J’ai constaté aussi qu’ils utilisent surtout les ateliers autonomes qui sont dans leur champ de vision, dès leur entrée en classe. 

Il peut être intéressant aussi de demander à nos élèves ce qu’ils ressentent. C’est ainsi que dans ma classe par exemple, mes élèves ont préféré les bancs plutôt que la ligne (d’inspiration Montessori) dans le coin regroupement.

Ces temps d’observation permettront d’adapter vos premiers choix au type de classe que vous avez. Car, en fonction de la maturité des élèves, de leurs goûts, de leur capacité à respecter des consignes, vous serez peut-être amené à privilégier un espace plutôt qu’un autre, spécifier les places de chacun, plutôt que laisser libre choix, réduire le nombre d’ateliers, etc.

Établir un plan de classe qui répond à nos objectifs pédagogiques, à nos valeurs et à nos besoins est donc essentiel. Celui-ci n’est néanmoins pas figé. Il est important qu’il puisse évoluer en fonction des élèves et des situations de classe. Il doit être flexible.

Il me semble important aussi de savoir faire preuve de patience avant de changer quelque chose. Attendez que les enfants s’approprient l’espace proposé et qu’ils s’y habituent avant d’engager toute modification. Le changement permettra alors de répondre à un besoin bien identifié, qui perdure, et sera alors une vraie bulle d’oxygène dans un quotidien parfois un peu routinier. 

Le résultat en images avec ci-dessous le coin bibiothèque, le coin arts puis le coin langage !

Emmanuelle Deschamps, professeure des écoles depuis 2003