J’ai l’habitude de dire que la période 3 est celle que j’apprécie le moins. J’ai tous les ans l’impression de passer sous le rouleau compresseur LSU / évaluations nationales CP / RDV parents / projets en tout genre. La météo est triste… Bref, cette période reste, pour moi, un long tunnel qu’il faut passer chaque année. 

J’ai donc décidé de réfléchir et d’organiser des moments pour souffler et profiter un peu de la classe, dans le seul but d’arriver aux vacances d’hiver sans y laisser ma peau ou mon moral. 

Je vous propose ici 4 idées, applicables à tous les niveaux avec un peu d’adaptation et surtout pour tous les profs qui se sentent démotivés et qui n’ont qu’une envie : rester sous la couette !

Je travaille tout au long de la semaine sous forme d’ateliers, ce qui me permet d’avoir l’attention de tous mes élèves à un moment de la journée. Ce système me convient parfaitement et permet à ma classe d’évoluer assez rapidement. Cependant, c’est une modalité de travail assez énergivore pour l’enseignant, qui est constamment en action avec un groupe. 

À partir de ce constat, je me suis demandé comment je pouvais réussir à prendre un peu de recul lors de la semaine. Je ne souhaite pas travailler à partir d’une autre modalité lors de mes séances de lecture. Il m’a fallu donc trouver une autre matière qui me permettait de décrocher un peu. Dans cette idée, j’ai réussi à me dégager un petit temps lors des séances de calcul. Une fois la notion expliquée, je laisse mes élèves s’exercer seul un petit moment. 

Je me mets en retrait et observe ce qu’ils font, comment ils réfléchissent

 Les CP sont extrêmement expressifs ! Ce moment me permet de souffler un peu, de ne pas être en action à chaque instant mais également d’observer mes élèves, ce qui est toujours bénéfique pour repérer qui a besoin d’aide et qui s’en sort sans difficultés. 

Cette prise de recul peut se faire à un autre moment que la séance de calcul : vous pouvez l’adapter en fonction de votre classe, de votre niveau et de vos modalités de travail. Il suffit de quelques minutes par jour. Après ce moment, j’ai également l’impression d’être plus disponible pour mes élèves et d’être moins dans une course poursuite avec le temps. 

De plus, il est toujours intéressant de prendre le temps de regarder et d’observer. On est parfois très surpris de ce que l’on ne voit pas en général, trop pris par le quotidien…

Le retour de la pause méridienne est, pour moi, le moment le plus complexe à gérer. Les élèves reviennent pour la plupart surexcités et pas du tout enclins au travail. 

Au début de ma carrière, je tentais de reprendre directement avec des apprentissages fondamentaux, quitte à m’épuiser… mais il était indispensable pour moi de ne pas “perdre” de temps. J'ai vite compris que c’était inefficace pour tout le monde. Ils ne sont pas concentrés et il faut recommencer à un autre moment. 

"Silence, on lit"

Ce projet, dont j'ai entendu parler via une association, permet d’instaurer 15 minutes de lecture quotidienne dans les classes. Pour ma part, je l’ai placé chaque jour au retour de la pause méridienne. J’articule ce moment avec différentes modalités en fonction de mon envie, et de mon état du moment. 

Il est nécessaire d’expliquer les règles avant de lancer l’activité pour que tout se passe bien : le silence, le respect des autres et du matériel. En général, je propose aux élèves d’utiliser des coussins ou des plaids et de s’installer où ils le souhaitent. Profitez de ce moment pour vous poser et lire également, vous verrez, le pouvoir de l’imitation est très important ! 

• Je peux proposer une lecture offerte à mes élèves, un album qui me plait ou qu’un élève a pu ramener à l'école. Ils aiment particulièrement ramener des albums pour les faire découvrir aux copains. Et non, la lecture offerte n’est pas valable qu’en CP, même les plus grands aiment qu’on leur raconte une histoire - même s’ils peuvent mettre du temps à l’admettre !

• Il est également possible de proposer un moment de lecture individuelle, soit à partir de la bibliothèque de classe, de livres ramenés de la médiathèque du quartier, ou de la maison.

Le fait de sortir pour la première fois avec ma classe m’a permis de me rendre compte que j’avais besoin de souffler et de sortir d’un quotidien enfermé à l’intérieur. C’est un moment qui fait un bien fou au moral, surtout en cette période bien grise. C’est également très bénéfique pour les élèves. Pouvoir exploiter l’extérieur est possible pour tous, peu importe où vous vous trouvez et sans beaucoup de moyens. 

Ce que j’ai mis en place dans un premier temps pour sortir de la classe

Armés d’ardoises et de feutres, nous sortons régulièrement pour travailler la technique de la copie. 

• Je prépare simplement des fiches avec des mots à copier, je les mets en pochettes imperméables et les accroche au mur ou les pose au sol. L’activité est prête.
• Les élèves sont tous du même côté (sous le préau ou dans un périmètre défini à l’avance), les ardoises restent sur place.
• Les affiches avec les mots à copier se trouvent de l’autre côté du préau ou du périmètre défini.
• Les élèves se déplacent le plus vite possible, lisent les mots et mettent en oeuvre les techniques de copie que nous avons déjà travaillées en classe puis ils retournent à leurs ardoises et écrivent les mots qu’ils ont retenus.
• Il est possible de définir un temps ou un nombre d’aller retour maximum, à vous de voir.

Vous pouvez également les faire travailler en groupes, sur des phrases plus longues. Cette activité peut être adaptée à tous les niveaux et à d’autres domaines, vous pouvez y mettre des opérations, des conjugaisons ou tout ce qui vous passent par la tête. Elle peut se faire peu importe le temps si vous avez un préau. 

À la fin tout le monde est content, ils ont couru, se sont défoulés, vous avez pris l’air sans avoir trop de préparation à gérer et ils ont développé leur technique de copie vue en classe !

Vous pouvez également utiliser l’extérieur pour l’art : le land art est très apprécié. N’hésitez pas à sortir explorer le quartier après l’avoir repéré sur un plan ou aller ramasser des marrons pour la séance de maths. Même 10 minutes dehors sont bénéfiques pour le climat de classe et le moral de tout le monde et surtout pour vous ! 

Courir partout, penser à ma to-do list en attente, trouver des nouvelles idées, c’est mon quotidien au travail, mais aussi en dehors. Je suis quasiment sûre que vos journées y ressemblent également, que vous voyez en maternelle ou au secondaire. 

Sauf qu’à force de faire défiler les semaines à ce rythme, l’épuisement est proche (coucou la surcharge mentale !) et je passais mes vacances malade, au lit et sans énergie. Est ce vraiment la meilleure façon de faire ? J’ai pris conscience que je pouvais faire mon travail de façon sérieuse tout en ayant une vie personnelle et en évitant de passer mes vacances sous la couette avec des microbes.

Je m’organise des moments pour moi

Mais de façon très précise ! Je prends rendez vous avec moi-même, je bloque un moment dans mon planning qui ne sera supprimé que si une urgence se présente. On passe souvent en dernier, surtout avec un métier prenant comme le nôtre. Se poser et faire quelque chose juste pour nous, pour se détendre, c’est également important pour l’équilibre entre le domaine professionnel et le domaine personnel. 

Élodie Sighele, professeure des écoles depuis 2014