Si je sais identifier mes émotions, j’ai des informations sur ce qui me plaît ou me déplaît, sur ce qui m’inquiète ou me rassure, sur ce qui me tend ou me détend.
Si je sais identifier mes émotions, je sais mieux aller à la rencontre de l’autre, j’ai plus de capacité d’empathie, d’écoute, de tolérance.
Si je sais identifier mes émotions, je peux développer la capacité de les nommer et en conséquence de dire ce dont j’ai besoin, je peux mobiliser mes ressources pour poser une question, formuler une demande, orienter mes recherches. Je gagne en autonomie.
Mais exprimer mes émotions, ce n’est pas si simple.
Si je n’ai pas les mots pour dire, je vais manifester mes ressentis par des comportements. Ceux-ci sont souvent mal compris.
Un enfant en colère, qui refuse d’apprendre, peut être simplement en train d’exprimer son inquiétude d’être vu par ses pairs comme un « nul qui ne comprend pas ».
S'il sait dire son agacement, il pourra identifier qu’il cache sa peur de rater. Mettre en mots ce qu’il ressent pourrait lui permettre de moduler, d’affiner, de trouver des niveaux émotionnels variés.
S’il n’a pas les mots pour dire son agacement par exemple, il va rapidement utiliser ses poings et les insultes pour exprimer sa colère.
Si j’ai à ma disposition du vocabulaire émotionnel, je vais avoir plus de nuances, je vais avoir la possibilité de mettre de la distance entre mon ressenti et ce que je dis ou fais. C’est un discernement indispensable qui me permet de me dire sans me détruire ou détruire l’autre.
Ce phénomène est magnifiquement filmé dans « À voix haute » de Stéphane de Freitas : on voit l’émergence de la beauté de ces jeunes qui, avec l’apprentissage du plaidoyer, se mettent à savoir mettre en mots leur richesse intérieure.
Les élèves ont besoin, après avoir appris à identifier les émotions et jouer avec, de développer un vocabulaire spécifique à ces états émotionnels.
Ainsi, si l’humain peut exprimer clairement ce qu’il ressent, il n'a plus besoin de l’exprimer par des comportements souvent jugés comme associables.
Si l’enfant peut se dire, les conflits seront moins présents et il sera plus efficace dans ses tâches scolaires, ce qui reste la mission première de l’école !
Par exemple, un enfant qui ne comprend pas un exercice pourrait, vexé, taper le camarade qui estime le même exercice « trop fastoche ! », Cet enfant-là aurait pu apprendre à nommer sa demande au lieu d'agresser l’autre.
Il pourrait lui répondre :
« Si je t’entends dire “trop fastoche”, alors que je n’arrive pas à faire un exercice, j’ai peur d’être nul par rapport à toi puisque je n’y arrive pas. Du coup, j’ai envie de te faire taire en te tapant. J’ai une demande à te faire : quand tu auras trouvé la solution, peux-tu éviter de dire “trop fastoche” car je me sens nul puisque je ne trouve cela difficile ! »
Évidemment ce dialogue est fictif, mais l’idée est de vous détailler que ce que l’on va apprendre aux élèves par la parole, par le vocabulaire, va permettre de mettre de la distance entre leur ressenti et leur réaction.
Cet apprentissage permet le pas de côté qui va les aider, bien évidemment, aussi dans leurs interactions tout au long de la journée.
En conclusion, enrichir son vocabulaire en lien avec les émotions comporte plusieurs avantages :
Ainsi en apprenant à nommer les émotions, on apprend à prendre de la hauteur à leur égard, à créer un espace pour les accueillir, à les réguler (ce qui ne signifie pas les nier) et à ne plus se laisser enfermer par celles-ci.
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