C'est ce que nous dit Bernard André, docteur en sciences de l'éducation.
Vouloir éviter le conflit est illusoire. Il est cependant vital pour notre vie en société, avec les autres, d’apprendre à rendre ce conflit constructif, faisant place à chacun des interlocuteurs pour permettre à la diversité de nos points de vue de vivre ensemble :
« Ainsi il nous faudrait apprendre à les apprivoiser [les conflits], à les traverser, pour traverser les turbulences qu’ils créent ou laissent sur leur passage, pour tracer des chemins permettant de construire avec et malgré eux, et surtout pour éviter de les laisser dégénérer en violence, qui ne fait alors que des perdants. »
Bernard André, Les conflits c'est la vie - Oser les désaccords et avancer quand même, éditions La Boîte à Pandore.
Un conflit vient d’un désaccord, d’une mauvaise compréhension dans le lien avec l’autre. L’émotion m’indique que je suis touché : cela me fait peur, m’attriste ou me met en colère. Cette émotion se manifeste car j’ai un besoin qui n’est pas satisfait.
À l’école, nous apprenons donc à repérer les émotions, puis à les calmer pour préserver le lien à l’autre et apprendre à bien vivre ensemble. Cette gestion du bien-vivre permet, par effet de rebond à l’élève, d’être disponible aux apprentissages.
Il semblerait qu’à l’école on préfère ignorer certains problèmes avec l’espoir qu’ils disparaissent d’eux-mêmes. On entend encore trop souvent ceci dans les cours de récré :
« Madame, il y a untel qui m’embête.
_ T’as qu’à pas faire attention ! »
ou pire : « Débrouille-toi ! »
Ici, nous proposons juste d'écouter ! Écouter, ce n’est pas sauver l’autre ni toujours trouver une solution. Écouter, c’est laisser la personne qui parle organiser sa pensée, mettre du verbe, du logos sur ce qu’elle vit afin qu’elle puisse faire un pas de côté et bien souvent trouver la solution toute seule !
Avant tout, je vous propose de découvrir ce qu’est l’écoute active de Thomas Gordon.
Toute la journée, on entend ce qui se passe autour de nous et, lorsque cela est utile, on écoute. Écouter est donc un geste d’attention volontaire.
Se mettre en écoute active est un travail encore différent. Il s’agit de mobiliser toute son écoute au service de la compréhension de l’autre. On cherche à comprendre ce qu’il a dans sa tête, sans a priori. Aller sur la colline de l’autre pour voir comment on y pense, voit…
Les principes sont simples, mais se placer en écoute active reste difficile. Il est important de s’entraîner à l’écoute active avant de l’apprendre aux enfants. En effet, nous devons prendre conscience que nous sommes habités de réponses toutes faites, de conseils, de jugements qui nous empêchent de bien écouter l’autre.
Deux enfants se disputent. L’un d’eux vient vous voir, vous le savez maladroit et facilement bagarreur. Vous l'écoutez avec cet a priori au lieu de l’écouter activement. Cette fois-ci, peut-être n’y est-il pour rien. Il pourrait trouver votre comportement injuste et pourrait trouver légitime de faire mal aux autres puisque, quand on lui fait mal, personne ne le protège.
A tape B. Comme A est un grand bagarreur, vous défendez B sans vraiment prendre le temps d’écouter activement A. Hors ce jour-là, B l’avait taquiné verbalement, l’avait blessé. Une écoute active aurait permis d’être plus juste et de relever qu’une mauvaise blague peut être aussi blessante qu’un coup. Bien que la blessure ne se voie pas.
Comprendre ce qui s’est passé grâce à l’écoute active permet de mobiliser trois dispositifs : le message clair, la médiation entre pairs ou la médiation éducative.
Quelques définitions pour savoir de quoi on parle :
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