“J’ai tenté une nouvelle activité et je me suis complètement plantée…"

Voilà une phrase que j’avais tellement honte de prononcer mes premières années de prof… Le métier d’enseignant est une éternelle remise en question et un ajustement aux élèves, aux situations d’enseignement, aux évolutions des injonctions de l'institution, de la société… mais aussi de la recherche en éducation et sciences cognitives. 

Avec autant de paramètres à prendre en compte, il n’est pas étonnant que nous nous sentions souvent dépassés, déboussolés, voire carrément désarmés. 

Avec le recul, j’ai compris que pour m’adapter, j’allais devoir tester, sortir de ma zone de confort, expérimenter et donc parfois me planter… mais pour mieux rebondir ! 

Je vous propose donc d’explorer ce qui vous permettra de tirer profit de vos erreurs afin que vous osiez vous lancer.

J'ai souvent été au-delà de ce qui était raisonnable pour aboutir à une séance parfaite : énormément de temps passé sur mon ordinateur, au détriment parfois du temps passé avec mes enfants, voire même de mon temps de sommeil. Je voulais souvent en faire plus, trop, j’avais du mal à accepter mes erreurs et mes faiblesses. 

Le syndrome du bon élève 

On l’a toutes et tous ressenti en tant que prof. Nous voulons toujours faire les choses parfaitement, être en réussite. Cette forme d’exigence est bénéfique : elle nous permet de mettre toutes les chances de notre côté pour proposer des contenus pertinents aux élèves. 

Mais à vouloir trop bien faire, on ne s’autorise pas à se tromper - et c’est le meilleur moyen de rester ronronner avec nos habitudes, en terrain conquis ! Or, il est indispensable dans notre métier de pouvoir se réinventer. De s’adapter à une classe difficile, dépasser des contraintes d’organisation, mettre en œuvre de nouveaux programmes, ou tout simplement faire avec les élèves qui changent.

Accepter de ne pas savoir faire (et donc potentiellement de faire des erreurs)

C'est essentiel pour s’approprier de nouveaux outils ou pratiques. Et en soi, ce n’est pas grave … C’est comme cela qu’on apprend, non ? Vous l’avez suffisamment répété à vos élèves pour être capable, vous aussi, de vous en convaincre ? Pas si facile…

On aimerait avoir une séance au top, que nos élèves aient toutes et tous progressé, avoir rentabilisé le temps d’enseignement au maximum vue la longueur des programmes… Mais dans un métier qui ne s’apprend pas réellement derrière un écran ou lors d’une formation, mais bien en situation, dans l’interaction avec les élèves, il nous faut faire preuve de bienveillance envers nous-mêmes.

Il faut se laisser le temps de s’approprier les gestes et postures professionnelles et accepter que cette séance ou tout du moins une partie de cette séance a pu être bancale. C’est le seul moyen de faire mieux la prochaine fois !

En tant que prof qui partage sur les réseaux sociaux, j’ai souvent été amenée à avoir le retour des collègues sur mon travail. Cela m’a permis d'identifier des erreurs, des fausses pistes dans mes travaux. 

Au départ, c’est parfois inconfortable, ça m’a fait douter de moi… puis est venue ensuite cette envie de m’en servir pour m’améliorer. Ça a développé en moi une véritable culture de l’analyse de pratique, et même une envie de partager cela avec mes collègues. Parce qu’au final, nous conseillons souvent à nos élèves ce que nous ne sommes pas toujours en mesure de faire pour nous.

Vous êtes navrée de voir que vos élèves ne suivent pas la correction d’une activité ? Qu’ils et elles se contentent de regarder leur note et pas vos commentaires sur leur copie ? 

Mais vous, avez-vous pris le temps d’analyser votre séance manquée pour essayer d’identifier les points que vous auriez pu améliorer ? Avez-vous échangé avec un ou une collègue pour tenter de trouver les erreurs commises ou les solutions possibles ? Prendre le temps de se poser après une séance ratée est la garantie d’en apprendre vraiment quelque chose. 

Vous pouvez d’ailleurs vous servir de cet exemple pour montrer à vos élèves que tout le monde fait des erreurs et surtout, comment vous avez utilisé cela pour vous améliorer.

Maintenant, je n’ai plus jamais aucune gène à dire "je viens de faire un flop", car j’ajoute toujours "et voici comment je vais le transformer en top !".

Et même lorsque votre séance s’est bien passée; n’hésitez jamais à prendre le temps d’analyser vos pratiques… Personnellement, cela guide énormément mon travail au quotidien. J’avais rédigé sur mon blog un article qui évoque cela. Nous n’avons jamais fini d’apprendre, nous qui n’avons jamais quitté l’école !

N’ayons pas peur de nous lancer, de faire parler notre créativité… Testez, osez … Soit vous aurez gagné en diversifiant vos pratiques pédagogiques, soit vous aurez appris de vos erreurs et enrichis votre expérience professionnelle !

Ségolène Paris-Lefel, professeure de sciences depuis 2007, autrice du blog Le boulot pédago de Ségo