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Gabin est un élève qui a peu confiance en lui, il dit souvent qu’il est “nul en maths”… Mais aujourd’hui, après avoir bien travaillé ses exercices la veille, il a obtenu une bonne note au contrôle. Marie, son enseignante, le félicite : "C’est super Gabin, tu vois que tu es doué en maths !”. Marie ne le sait pas, mais son compliment risque d’avoir l’effet inverse de celui escompté…
En effet, Marie a eu un réflexe que beaucoup de personnes partagent : face à un enfant qui manque de confiance en lui, elle a félicité sa personne et ses capacités ("tu es doué"), plutôt que ses efforts (“tu as bien travaillé”). Pourtant, mettre l’accent sur les capacités de Gabin plutôt que sur ses efforts peut être contre-productif : il va maintenant penser que ses notes sont représentatives de ses capacités, et la prochaine fois qu’il rencontrera une difficulté, il pensera que c’est parce qu’il est “nul” en maths et non pas parce qu’il doit travailler davantage pour progresser.
Les indices verbaux contenus dans nos propos lorsque l’on réagit à la réussite ou à l’échec de nos élèves ont de grandes conséquences, qui peuvent être différentes selon les situations. Alors comment s’y prendre pour encourager nos élèves ?
Lorsqu’on parle à nos élèves, nous laissons échapper des indices verbaux qui vont venir influencer leurs croyances sur l’intelligence. Quand Marie félicite Gabin en lui disant qu’il est “doué”, elle induit la croyance que sa note dépend de son talent inné et non pas de son travail. C’est ce qu’on appelle croire en une intelligence fixe. En revanche, si elle le félicite parce qu’il a “bien travaillé”, elle induit l’idée que sa réussite dépend de son travail, et que ses compétences peuvent donc se développer avec des efforts. Gabin considérera donc l’intelligence comme malléable, et saura qu’il peut la développer tout au long de sa vie (source).
Le cas de Gabin n’est pas unique : des chercheurs ont mené une étude dans laquelle ils ont fait passer des exercices à deux groupes d'élèves, puis ont félicité ceux qui avaient réussi. Cependant, ils ne les ont pas félicités de la même manière :
Les élèves ayant reçu des compliments sur leurs efforts percevaient ensuite leur intelligence comme plus malléable, ont montré plus de persévérance sur des exercices compliqués, ne se sont pas découragés et ont finalement obtenu de meilleurs résultats que les élèves félicités sur leurs capacités (source). Pour en savoir plus, vous pouvez lire notre article sur l’effet des croyances sur l’intelligence.
Il ne suffit pas de complimenter ses élèves sur leurs efforts, peu importe la situation ! Ces indices verbaux peuvent avoir des conséquences différentes selon si l’élève est en situation de réussite ou d’échec. Mais pas de panique ! Pour savoir comment vous y prendre, suivez le guide !
Lorsqu’un élève réussit, il est préférable de le complimenter sur les efforts qu’il a fourni plutôt que sur son talent. De cette façon, l’élève prendra conscience que ses connaissances et ses compétences peuvent se développer à travers ses efforts, ce qui favorisera sa motivation, sa persévérance et son engagement dans ses apprentissages.
À l’inverse, il vaut mieux éviter les compliments de ce type : "Bon travail ! Tu es doué pour cela ; Tu vois, tu es bon en français. Tu as eu 18/20 au dernier contrôle ; Tu as la solution ! Je t’avais dit que tu étais intelligent ; Tu es un très bon élève !" Il est également important d’éviter les labels comme “Zoé est une bête en maths”, car eux aussi portent la croyance d’une intelligence fixe.
De tels compliments risquent de focaliser l’élève sur ses notes : plutôt que de chercher à apprendre, il voudra prouver son intelligence en récoltant de bonnes notes. Cela l’amènera également à fuir la difficulté : s’il ne réussit pas un exercice, il aura tendance à penser que c’est parce qu’il n’est pas assez intelligent, ce qui diminuera à la fois sa motivation et son estime de soi.
Vous pouvez féliciter votre élève de cette manière :
Face à un élève qui vient d’échouer, il est préférable de se concentrer sur le raisonnement et la stratégie adoptée par l’élève plutôt que sur le résultat final. Il est important d’expliciter l’erreur et la difficulté comme faisant partie intégrante du processus d’apprentissage : il est nécessaire de passer par l’échec pour atteindre la réussite. Expliquer cette notion aux élèves aura des effets bénéfiques : au lieu de se décourager lorsqu’ils éprouvent des difficultés, ces derniers comprendront qu’il est normal d’en passer par là pour apprendre.
Lorsque vous vous retrouvez face à un ou une élève qui vient d’échouer, vous pouvez donc adopter plusieurs stratégies :
Si l’on ne veut pas promouvoir une croyance en une intelligence fixe, des propos comme “ce n’est pas grave, tu as de meilleures notes dans d’autres matières” sont à proscrire, même s’ils sont dit avec bienveillance. Ils risquent de décourager l’élève, qui ne sentira pas capable de progresser.
Il faut également éviter de :
C’est l’exemple de Marie et Gabin : face à une personne qui a peu confiance en elle, on a tendance à complimenter sa personne pour lui redonner confiance (“tu vois que tu es doué·e”). Cependant, ce type de compliment a des effets délétères : l’élève aura tendance à se sentir honteux face aux difficultés futures, et les interprétera comme un manque de talent.
Face à l’échec de l’élève, une réaction courante et de lui dire qu’il ou elle a bien travaillé. Cependant, féliciter un effort qui n’a pas été concluant peut se révéler problématique : cela implique que l’élève ne peut pas apprendre et que nous le consolons en soulignant son travail.
Se focaliser sur les notes plutôt que sur le processus d’apprentissage a tendance à détourner les élèves de la maîtrise des cours, pour se focaliser uniquement sur le contrôle. Ces derniers voudront apprendre “pour le contrôle” et non pas pour maîtriser les connaissances et les compétences du cours.
Les indices verbaux ne sont pas les seuls facteurs à influencer les croyances sur l’intelligence. Vous pouvez créer une multitude de situations qui aideront vos élèves à prendre conscience de leur potentiel ! Vous voulez en savoir plus et vous lancer ? Consultez notre guide pratique Déconstruire les croyances sur l'intelligence pour des pistes d’action et des outils concrets.
Références :
Julie Sierra, psychologue sociale
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Merci pour l'article portant sur l'évaluation positive. Je ne doute pas que les termes "contrôle" et "notes" deviennent "évaluation" et "compétences" dans vos prochaines publications.
Merci à toi Xavier de ce partage ! Nous avons voulu faire dialoguer Gabin l'élève et Marie son enseignante dans cet article et avons fait le choix d'utiliser des termes qui sont utilisés au quotidien dans ces échanges en classe..Ayant en tête que même lorsque l'on pense pour soi, enseignant, en termes de "compétences" et "d'évaluation", et qu'on fait exister ces termes dans la vie de la classe, les élèves peuvent encore garder longtemps cette perception et ce lexique du contrôle et des notes.