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Théorique

Vous n'avez pas à être un prof parfait !

Lilia De Carvalho
19 juin 2018 10:49
5 mn

Lors de mon premier jour en tant que prof, j’avais une image très claire de qui je serais et de ce à quoi ressemblerait ma classe. Je voulais être ce gars dont les gamins se souviendraient le reste de leurs vies. Ils auraient laissé tomber leurs manuels par terre à côté de leur bureau pendant que j’aurais proclamé haut et fort qu’ils n’en auraient pas besoin dans ma classe !

Ma classe serait engageante et excitante. Je serais un prof qui serait toujours disponible pour ses élèves, prêt à porter sur ses épaules les fardeaux de chacun et prêt à tout pour aider ses gamins à réussir. Je pourrais aussi les faire jouer au football, superviser des séances de danse et construire chaque leçon pour transporter les élèves. Et toutes mes inspections se solderaient par l'appréciation « Très efficace ».

Je voulais être un prof parfait.
 

La difficulté à essayer d’être un prof parfait

Pendant un moment, j’ai plutôt bien réussi. J’ai donné chaque molécule d’énergie à ma classe et à mes élèves. J’arrivais tôt tous les matins et restais tard tous les soirs. Dès que j’en apprenais un peu plus sur les antécédents difficiles d’un de mes élèves, je prenais sur moi pour leur donner toute l’attention dont ils avaient besoin.

Je rentrais chez moi épuisé tous les jours. Ma femme me disait « Tu dois calmer le rythme. Tu vas finir par te rendre malade ». Mais je n’ai pas écouté. Je croyais que si mes élèves devaient apprendre, grandir et se transformer dans ma classe, je devais être parfait pour eux. Après deux ans dans cet état, j’ai craqué.
 

Changement de perspective

J’ai dit à une brillante enseignante de 40 ans que je n’étais pas sûr du temps que j’allais encore tenir dans une salle de classe. Le poids et les pressions inhérentes pour être parfait dans ce métier étaient trop lourds pour le supporter. Je voulais tout lâcher. Cette prof expérimentée m’a regardé et m’a dit « Tu n’as pas à être parfait pour être un bon prof ».

Tout en moi voulait la contredire. Et que se passerait-il si les gamins trouvaient ma classe ennuyante ? Et ne risqueraient-ils pas de penser que je ne me soucie pas d’eux si je n’allais pas les voir jouer au foot ? Et que faire au sujet de ces élèves qui, comme moi quand j’étais au CP, avaient besoin qu’un prof les écoute quant au divorce de leurs parents ?

Toutes ces pensées continuaient à me traverser l’esprit. Comment pouvais-je réellement être un bon prof si je ne considérais pas ces éléments tout le temps ? Elle m’a répondu : « Tu peux. Fais-moi confiance. Les profs ne peuvent pas tout faire. Et tu as juste besoin de t’en rendre compte ».
 

Apprendre à être un bon prof (mais pas parfait) 

J’ai gardé ses mots en tête, et finalement, j’ai décidé d’appuyer sur le bouton reset. Si je voulais tenir dans ce métier, je devais me décharger de cette pression qui me poussait à être parfait. Les choses devaient changer.

La première chose que j’ai ajustée a été mon planning. Au lieu de m’en servir pour aider les autres, j’ai décidé de l’utiliser pour moi-même. J’ai gardé les lumières éteintes et les rideaux baissés. Pas parce que je ne voulais pas parler aux enfants mais parce que j’avais besoin de me recharger. C’était un petit début, mais ça a vraiment fait la différence. Après ça, plusieurs choses ont suivi. J’ai arrêté de tirer sur la corde. J’ai arrêté de dire oui à tout. Et j’ai trouvé des moyens de prendre du temps pour moi pour penser, pour me recentrer et pour me détendre.

Je n’ai pas arrêté d’être un enseignant pour autant. J’ai juste commencé à approcher le métier de prof différemment. Parfois je prévois encore des immenses projets épiques dans lesquels le travail de mes élèves changera le monde. Et parfois mes gamins regardent un cours sur YouTube et je leur demande de partager leurs notes avec moi.

Je n’entraîne plus au foot. Je supervise la fête de rentrée OU le bal de promo [l’auteur est américain], jamais les deux. Parfois ma classe est excitante et parfois je laisse mes élèves regarder un film pour me laisser le temps d’évaluer leurs travaux. Je n’ai pas besoin que mes supérieurs me mettent une bonne appréciation pour sentir que je fais du bon travail. Du coup, je ne porte plus non plus cette pression.

Parce que la vérité, c’est que vous n’avez pas à être parfait pour prendre soin de vos élèves. Vous n’avez pas à être parfait pour rendre l’apprentissage des élèves intéressants pour eux. Je n’ai pas besoin de perfection pour transmettre le goût de l’effort et de la détermination à mes élèves. Parfois encore, j’ai envie d’être Robin Williams dans le “Cercle des poètes disparus” ou Mr Feeny dans “Incorrigible Cory”. Mais je sais aussi que je n’ai pas à l’être. Et sans cette pression, je trouve ça bien plus facile d’être un bon prof.

 

Article traduit du site WeAreTeachers

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46 profs ont trouvé ce contenu utile

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Commentaires

  • Najate — 1 mars 2021 11:33

    Excellent article. Merci.

  • Anne — 23 février 2022 12:26

    Ca fait du bien de lire ça ! Merci.

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