Les Pourquoi/Comment de Monsieur Z. 
Désormais, chaque mois, Monsieur Z répondra, avec sa verve et sa morgue habituelles aux questions que vous vous posez. Ou pas.
Des réponses tout à fait claires, précises et objectives. Ou pas.

Il est parfois simple - trop simple - de partir en vacances d’un bon pied, de pouvoir passer les quelques jours qui restent avec nos chères têtes blondes (masquées) et nos chers collègues, à penser sable blanc, monoï, balades champêtres et gueule de bois. 

Il faut savoir se saborder. Il faut parfois savoir se mettre dans des conditions désastreuses pour pouvoir apprécier ce qui vient par la suite. Après l’orage, le beau temps. Alors dansons sous la pluie. Sous un arbre. Près d’un poteau électrique aux fils dénudés.

Juin - Comment rater sa fin d’année scolaire ?

Vous passerez dans les couloirs avec votre collègue la plus dévouée. Rien ne vaudra alors une bonne râlerie sur le protocole sanitaire de votre établissement, le manque de bon sens total des mesures prises et les conséquences néfastes sur la tenue des cours ; l’atmosphère pédagogique tenant plus du kibboutz que de la classe tradi. Vous poncturez votre discours d’interjections diverses imagées et truculentes ridiculisant la Direction dans son ensemble. Vous oublierez ainsi combien votre voix porte. Surtout lorsque votre directeur marche derrière vous pour observer le respect du dudit protocole. Votre collègue la plus dévouée l’aura pourtant aperçu mais ne pipera pas mot, vous laissant vous enfoncer dans une mélasse que seul un EDT sur 6 jours l’année prochaine pourra dépêtrer.

Vous rencontrerez ce collègue dans la salle des profs et vous vous laisserez tenter par une amorce de discussion, dans un élan de bonté coupable. Monsieur Digression qu’on l’appelle : 80% de déchets verbaux lors d’un échange standard et professionnel. Les gens le fuient comme la peste mais vous vous retrouverez à dire « oui oui oui » de manière machinale à la manière d’un droïde protocolaire, slalomant ainsi entre ses connaissances géopolitiques absurdes et la bonne tenue de son baba au rhum. Le dernier « oui », pourtant vraiment évasif et susurré, vous condamnera à accepter un projet bi-disciplinaire avec lui l’année prochaine, sans pouvoir revenir sur votre décision. Il vous aura envoyé un texto 2 minutes ¾ plus tard confirmant le rendez-vous fatal pris avec lui en juillet (lui et sa recette du Baba au rhum).

Vous croiserez à l’accueil un jeune à la vue basse puisqu’il vous percutera sans même s’excuser. Vous retournant pour demander un minimum d’importance, vous serez remercié par un jet de bile s’écrasant sur le sol dans une flaque jaunâtre de début de grippe, ponctué par un majeur semi-dressé que vous n’avez pas de peine à remarquer tant il sera si peu camouflé. Vous entendrez alors la douce voix de la secrétaire, qui apostrophera le truculent bambin sur le fait qu’il vient de rencontrer son professeur principal. Vous vous languirez alors de pouvoir vivre dès septembre des moments d’intenses complicités avec lui, mais également son papa, qui vient d’apostropher avec moulte postillons l’aimable secrétaire pour la remise anticipée du certificat de scolarité, non sans l’injurier en guise d’au revoir.

*mix entre dépression et professoral

Vous passerez au CDI, ayant été appelé par votre très chère enseignante documentaliste, et elle vous accueillera comme un Pape, les bras chargés de présents. Il serait bien entendu dommageable de partir en vacances sans découvrir que la classe que vous récupérez est touchée de plein fouet par la réforme des programmes. Une vingtaine d’ouvrages scolaires vous attendront, pour un poids d’environ une trentaine de kilos, rendant Atlas le Titan comme un vulgaire bousier. Votre collègue vous rappellera ainsi que votre directeur attend votre progression annuelle et l’ensemble de vos séquences pour la mi-juillet. En double exemplaire, interligne 1.5. Il a décidément l’ouïe très fine. Trop fine.

Pour finir, vous serez rattrapé à la sortie par la secrétaire, vous annonçant avec un rictus gêné que vous avez été tiré au sort pour participer à la commission « COVID ET MOI », évaluant le facteur pandémique et la mise en place des pratiques innovantes en milieu confiné pour les jeunes de moins de 15 ans souffrant de troubles asthmatiques. Vous lui demanderez quand a eu lieu le tirage au sort puisque visiblement vous n’avez rien tiré depuis un bon bout de temps. Hélas. Elle vous répondra que vos collègues ont décidé que vous étiez le plus qualifié, puisque vous preniez les transports en commun. Devant tant de logique, vous prendrez la convocation et noterez la date du 11 juillet sur votre main puisque votre agenda sera déjà passé de vie à trépied. C’est un samedi. Ah ok ce n’est pas une erreur. D’accord. 

Avec tout cela, vous devriez passer d’excellentes vacances, foi de Monsieur Z !

Ou pas.

Nous y reviendrons…

Monsieur Z. et son humour sévissent sur Facebook et sur Instagram @zarpinlep

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