Les POURQUOI / COMMENT de Monsieur Z.
Désormais, chaque mois, Monsieur Z répondra, avec sa verve et sa morgue habituelles aux questions que vous vous posez. Ou pas.
Des réponses tout à fait claires, précises et objectives. Ou pas.

Il est parfois simple - trop simple - de passer les portes de la Basilique Saint-Pierre-Pédagogique et de pointer son doigt, dardant l’Avenir avec un sourire radieux, symbole de vacances ressourçantes. Simple mortel rassénéré et soucieux d’en découdre avec l’inculture et la méconnaissance, nos fléaux. 
L’année scolaire a commencé et les premières semaines nous ont mis au diapason de notre quotidien : ses délices, mais aussi ses supplices. Alors, dès ces studieux prémices, pourquoi ne pas tout simplement tout envoyer en l’air ?

 Septembre : Avez-vous mal commencé votre année scolaire ?

1. Vous avez fait des rencontres qui compteront sur la durée.

Car le Destin fait des fois bien les choses et décide de mettre sur votre chemin des gens qui vont faire partie de votre existence de la plus belle des manières. Voilà que vous aviez patienté gentiment depuis 2h45 sur la route des vacances, vos enfants hurlant à tue-tête, vous faisant passer pour le moins doué des kidnappeurs. Va alors surgir cette voiture à votre gauche et ce barbu bouffi bedonnant qui tentera de forcer le passage, tel un adolescent acnéique un soir de fête foraine dans les auto-tamponneuses. Bien entendu, vous vous fendrez d’une lancée de noms d’oiseaux, dressant votre poing, façon Amel Bent, à cet individu ne connaissant visiblement pas les règles de conduite d’usage. Vous espérerez néanmoins que dès septembre il soit plus à l’aise dans les réglementations scolaires quand vous le reverrez en tant que Chef d’Etablissement. De même que la jolie jeune femme rencontrée en juillet avec qui vous avez eu une liaison torride et des échanges merveilleux avant qu’elle ne vous plaque comme une vieille chaussette la veille de la rentrée. Rupture amoureuse mais reconquête professionnelle puisqu’elle est votre binôme toute l’année. Vous sentez que la communication passe déjà. Crème.

2. Vous avez fait preuve d’adaptation.

Vous avez forcément passé quelques semaines de vos vacances à organiser votre année scolaire : la demi-journée dans un autre établissement pour combler votre maigre service, la fin d’après-midi équitation de Léontine à l’autre bout de la ville et les séances de rééducation de votre hanche douloureuse (depuis que le poney de Léontine vous a piétiné). Tout cela calé en fonction de vos vœux et de leur acceptation par la Direction en juin. Vous avez reçu alors le Saint Graal le premier jour de cette reprise ; et il a plutôt été établi que Carambar, le poney de Léontine ira donner des cours de Physique en collège, pendant que votre gamine ira se faire rééduquer la hanche ou ce qu’elle voudra pendant que vous vous serez avec les 3èmes B2. Bien entendu aucun changement n’a été envisagé, puisque vous n’avez jamais reçu le mailing qui en donnait l’opportunité.

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3. Vous avez toujours été à la source de l’information

Ah les vacances ! Symbole du repos. Du lâcher prise. Couper avec tout, surtout avec la technologie et la civilisation. Tel était votre crédo cette année. Inutile de partir sur la cordillère des Andes. Les indiens sont tous en 4G. Vous avez donc décidé de partir sur un massif montagneux français, où vous avez vécu de lait de chèvre et de baies sauvages, vous ressourçant pleinement avec Dame Nature, bien loin des artifices de la société moderne. Votre portable, bien évidemment, avait été congédié bien loin de vous durant ce mois, vous permettant cette coupure salvatrice. Quel bonheur. Quel délice. Plaisir de se retrouver soi-même. Peu importe le reste. Ca aussi, c’était votre credo.

Alors peu importe si en rentrant la barbe hirsute, mais l’œil brillant le jour J, vous avez repris contact avec la modernité d’une manière aussi abrupte que ce sentier dévalé avec des biches devenues vos confidentes. Une inspection prévue pour le 15 Septembre sur les nouveaux programmes sortis fin juillet, le jour de votre départ vers la vie sauvage. Et vous êtes PP des quatrièmes C3. Peut-être une ingestion massive de baies sauvages empoisonnées pourrait changer la donne. Même la mère de Bambi se marrerait si elle l’apprenait. Connasse.

4. Vous avez conservé une forme olympique.

Vous avez plané au-dessus des alpages durant votre baptême en parapente, nagé parmi les raies et les poissons chats en évitant les méduses et leur cnidocystes venimeux, avec pour seule arme votre coutelas et votre slip Décat’ d’une taille en dessous. Vous avez mangé, trop, mal. Bu plus que de raison en testant tous les cocktails possibles du camp «  Bella Tchounga » où vous avez séjourné. Vous avez donc mis votre corps à rude épreuve, le soumettant à toutes les épreuves possibles et imaginables. Vous voilà sain et sauf.

Jusqu’à. Il aura fallu quoi ? Quelques jours, quelques heures à peine. Avant de vous couper avec votre première séance, comme si le papier voulait se venger de se voir imprimer un cours si misérable. Vous vous êtes coincé le petit doigt dans l’armoire de la A204, comme chaque fois depuis plus de dix ans. Et pour finir comment ? Aphone au bout d’une matinée de cours à parler plus de quarante minutes d’affilée, la moitié des phrases étant répétées plusieurs fois avec un ton différent. Quant à votre estomac, le steak frites lambda de la cantine a eu raison de lui, il vous a fait payer cet outrage sans tarder, vous obligeant à désigner un délégué de classe temporaire le temps d’aller vous délester de cette nocivité stomacale. Avec pertes et fracas. Et un seul kleenex.

Avec tout ça, vous serez sans doute arrivé à vous faire remarquer dès le début d’année, et nous ne sommes qu’en septembre ! À bientôt !

Monsieur Z, dont les chroniques sévissent sur Facebook et sur Instagram