Pour garantir un climat de classe serein et productif, il est nécessaire d’organiser la vie du groupe autour de règles de fonctionnement claires qui permettent à chacun, élèves comme enseignant·e, de trouver sa place et de tenir son rôle.

La classe est une micro société dans laquelle les élèves s’exercent à devenir des citoyens. La plupart des règles qui y sont appliquées ne sont pas propres à l’école, mais découlent directement des textes et des codes qui organisent notre société : la Loi, la charte laïcité, les règles de sécurité, le règlement intérieur de l’école, les règles de respect et de politesse, les textes officiels, etc. Comme dans tout autre lieu collectif, la classe fait simplement l'objet d’une charte qui précise les détails spécifiques de son fonctionnement. 

Ce n’est pas vous qui écrivez ces règles d’autorité (eh non, la Loi ce n’est pas vous), vous y êtes assujetti·e comme tout·e citoyen·ne. Mais en tant qu’enseignant·e, nous avons en plus un triple rôle auprès de nos élèves vis-à-vis de la Loi. Nous sommes à la fois garant·es de son respect, éducateur ou éducatrice qui assure sa transmission, et modèle de son incarnation au quotidien. 

On ne respecte pas les règles pour ne pas être puni, mais parce qu’on en comprend l’utilité. Il est donc essentiel d’impliquer les élèves pour établir un règlement compris par tous qui servira de référence à chaque fois que cela s’avèrera nécessaire. Ceci se concrétise par : 

• Définir le métier d’élève et celui d’enseignant·e.
• Veiller à ce que les élèves sachent ce que l’on attend d’elles et eux dans les différentes situations et en ressentent la nécessité.
• Travailler sur les textes de loi et la sécurité en EMC.
• Présenter ce cadre aux parents en réunion de rentrée pour les associer.
   

Prendre le temps de travailler autour des droits et des devoirs avec les élèves, c’est gagner en efficacité sur la gestion du groupe ensuite !

Pour que chaque enfant se sente protégé·e par le cadre, il ou elle doit être assuré·e que quoi qu’il arrive, il ou elle sera respecté·e par tous et toutes, en commençant par l’enseignant·e ! 

Sanctionner un enfant qui coupe la parole à ses camarades alors que nous leur coupons régulièrement la parole n’est pas congruent. Cela ne signifie pas pour autant être rigide, car toutes les règles n’ont pas le même degré d’application. Il y a les règles non négociables qui sont inscrites dans la loi, ou celles qui garantissent la sécurité ou la santé ; et celles qui régulent le fonctionnement propre au groupe et qui peuvent être ajustées et discutées pour répondre aux besoins de la classe.

L’application des règles ne doit pas varier en fonction de l’élève ou de l'humeur de l’adulte, de même que la conséquence en cas de transgression. Une réflexion menée en amont, idéalement avec les élèves, permettra de travailler sur la notion de préjudice, de responsabilité et de pré-établir les sanctions… ou les réparations !  Demander à un enfant de réparer, c’est lui apprendre à assumer son acte, faire preuve d’empathie et agir pour arranger la situation : simples excuses, réparation directe possible ou mission d'intérêt général, etc.

Extraits des programmes officiels : 

“La culture de la règle et du droit unit le respect des règles de la vie commune et la compréhension du sens de ces règles. Elle conduit progressivement à une culture juridique et suppose la connaissance de la loi.”

“Elle (la conception Républicaine de la citoyenneté)  permet à l’élève de développer dans les situations concrètes de la vie scolaire son aptitude à vivre de manière autonome, à participer activement à l’amélioration de la vie commune et à préparer son engagement en tant que citoyen.”

Comme pour tout autre apprentissage, la règle nécessite d’être travaillée en classe lors de séances spécifiques pour permettre à la fois l’acquisition de savoirs notionnels, mais également la pratique de ces attitudes dans des situations réelles. On peut l’aborder lors de différentes situations : 

• Pendant un “Quoi de neuf ?” ou un conseil d’élèves, pour leur permettre de réguler les problèmes qu’ils et elles ont identifiés dans le fonctionnement du groupe.
• Durant les séances d’EMC, pour travailler les valeurs de la République et les textes de loi : Déclaration des droits de l’homme, droit des enfants, charte de la laïcité, etc.
• Lors d’ateliers philos, pour soumettre des situations problèmes et dilemmes moraux  issus de la vie quotidienne aux élèves et aiguiser leur jugement critique.

Les habitudes font partie intégrante du cadre de la classe. Elles contribuent à réguler la vie du groupe pour lui permettre d’évoluer dans un climat favorable aux apprentissages. Instaurer des routines permet aux enfants de savoir précisément ce qu’ils et elles ont à faire, ce qui est rassurant ; et de gagner en autonomie, ce qui est valorisant.  

Quand le rituel est installé, la gestion du groupe en est facilitée : entrées et sorties de classe, prise de parole, demande d’aide, gestion des conflits, distribution des responsabilités, etc. C’est pourquoi s’atteler de manière assidue à la mise en place de ces habitudes dès la rentrée constitue un véritable appui tout au long de l’année.

Nous accueillons dans nos classes des enfants aux profils variés, et si certain·es auront besoin d’un accompagnement pour acquérir des savoirs, d’autres auront besoin d'aménagements pour leur permettre de s’inscrire petit à petit dans ce cadre collectif. 

Contrat, organisation du temps, allègement de la quantité de travail, adaptation de l’espace de travail : autant de propositions qui visent à resserrer les limites et les rendre accessibles. Et comme toute aide, ces propositions doivent être formalisées et régulièrement évaluées pour être ajustées. 

Quand on parle des règles de la classe, l’objectif est donc double. Elles sont à la fois le cadre indispensable au bon fonctionnement de la vie du groupe, mais également un objet d’apprentissage qui vise l’acquisition de connaissances et de compétences sociales nécessaires à tout citoyen.

Elodie Le Clerc Directrice en élémentaire, adepte du bien vivre dans les écoles.