Créer une séquence composée de séances est un des savoir-faire essentiels dans notre métier. S’organiser et préparer tous les éléments d’une séance demande du temps et de la méthodologie. Il faut penser à chaque élément et à l'adaptation nécessaire pour la classe et ses élèves. 

Avant toute séance en classe, il est nécessaire de prévoir celle-ci en amont et d’anticiper chaque étape en termes d’objectifs, mais également de matériel. 

Dans un premier temps, il est indispensable de définir des objectifs clairs pour chaque séance que l’on propose à nos élèves. Pour cela, avant même de rédiger et préparer celle-ci, il faut se référer aux programmes et éléments institutionnels à notre disposition. Pour éviter de devoir retrouver les compétences que l’on doit travailler à chaque préparation, les programmations et les progressions sont des outils très pratiques. En début de période ou pendant les vacances scolaires, vous pouvez reprendre les programmes du cycle 2 ou 3 en fonction de votre niveau. Il faut également penser en cycle 2 au guide orange pour la lecture “Pour enseigner la lecture et l'écriture au CP et au CE1”,  et aux autres guides sortis ces dernières années, comme “Pour enseigner les nombres, le calcul et la résolution de problèmes au CP” . Ces documents institutionnels doivent être les lignes directrices de votre enseignement. 

• À partir de là, listez les compétences à travailler. 
• Ensuite, il est important de définir les objectifs qui en découlent. 
• Ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il est possible de lister les tâches qui répondront à vos objectifs. Par exemple, lorsque vous travaillez sur la compétence “établir les correspondances graphophonologiques ; combinatoire (produire des syllabes simples et complexes)”, qui se trouve dans les programmes du cycle 2, il est possible d’écrire dans vos préparations l’objectif suivant : “connaître les sons qui composent une syllabe et les assembler”.

Une fois vos objectifs définis, il faut maintenant réfléchir à votre classe. Toutes les classes de France n’ont pas les mêmes possibilités, que ce soit en termes de matériel que de compétences, et c’est également le cas dans votre classe. Certain·es élèves seront tout à fait aptes à développer les compétences voulues sans préambule, alors que d’autres auront besoin d’aides et d’étayage supplémentaires. 

Les objectifs doivent être atteints par tous et toutes, mais il est nécessaire d’adapter un minimum pour que les élèves ne se retrouvent pas en situation d’échec, ce qui pourrait être très compliqué à gérer pour leur part. Seul l’enseignant ou l’enseignante qui connaît ses élèves peut savoir ce dont chaque élève à besoin. Il est toutefois important de différencier sans pour autant individualiser les apprentissages et les supports. Il est nécessaire de garder une cohésion de classe, sauf pour les élèves à besoins particuliers, qui ont un profil qui peut nécessiter un travail individualisé. Vous pouvez organiser votre séance en groupes de besoins ou encore en groupes hétérogènes, pour faciliter le tutorat par exemple.

Il est possible, lors d’une séance de calcul sur la soustraction, de proposer différents travaux en partant du même objectif. Vous souhaitez que vos élèves s’entraînent à poser des soustractions, pour les élèves qui y arrivent facilement, donnez-leur plusieurs opérations à poser, mais également des problèmes pour complexifier la tâche. Concernant les élèves en difficultés, il est possible de mettre à leur disposition du matériel et un appui humain de l’enseignant ou l’enseignante. Donnez-leur le même support avec les mêmes opérations, mais en en réduisant le nombre par exemple. Votre objectif est le même, mais certains et certaines vont plus loin que d’autres. 

Vos objectifs sont maintenant définis à partir des programmes officiels et vous avez pensé en préparant vos activités à une différenciation efficace. Il est désormais temps de penser au matériel nécessaire. Anticiper le découpage, la plastification et le tri est un gain de temps considérable lorsque l’on est avec ses élèves. Le matériel est un des éléments importants pour que la séance soit une réussite. Dans le cas d’un oubli, la séance peut être très perturbée et les élèves n’atteindront pas tous et toutes les objectifs. 

Si vous avez décidé lors de vos préparations de travailler en groupes ou en ateliers, il est également important d’anticiper la création des groupes. Imposer les groupes, surtout au début, permet de limiter les bavardages qui n’ont pas de rapport avec le travail, mais également de limiter le temps de mise en place, car les élèves n’auront pas à réfléchir avec qui ils ou elles peuvent travailler.

Une fois vos préparations mises au point, il est maintenant temps de lancer la séance en classe, d’expliquer, de motiver les troupes. 

Pour faire progresser nos élèves dans les compétences que nous souhaitons leur faire développer, il est possible d’utiliser des méthodes différentes, mais il est important à un moment donné de leur proposer des explications claires et précises sur la notion travaillée. Un enseignement explicité et illustré permet à chaque élève de trouver un sens à l’explication en cours et de se représenter l’objectif de la séance. Cet enseignement permet de libérer les élèves d’une certaine charge mentale. En leur demandant de mener une recherche puis de définir les grands principes d’une notion seule, on leur impose une charge mentale importante qu’ils ne savent peut-être pas gérer. Il faut donc à ce niveau leur proposer une analyse qui les libère et leur permet de garder en tête les démarches et les notions principales. Cela n’empêche en aucun cas de proposer des recherches et la construction de notion avec nos élèves. Il faut seulement faire le point avec eux et éviter de multiplier les recherches qui prennent beaucoup d’espace dans le cerveau des élèves. 

Lors d’une séance de travail sur la découverte du verbe en cycle 2, vous pouvez demander à vos élèves de rechercher quelle est l’action dans des phrases données. Ils peuvent chercher seul ou en groupe. Après cette phase, il est nécessaire de poser des mots sur ce que certains et certaines ont pu découvrir, car d’autres élèves peuvent avoir des difficultés à comprendre ce que l’on recherche et donc ne saisissent pas comment on peut trouver ce verbe. Vous devez alors expliquer ce qu’est un verbe et grâce à quelle question il est possible de le trouver dans une phrase : “Que fait le personnage ?”, par exemple.

Lors de la mise en place de vos activités en classe, il est possible et fortement recommandé de varier les modalités de travail. On peut par exemple travailler à l’oral, sur une ardoise ou à l’écrit. Vous pouvez également prévoir un travail en classe entière, en demi-classe, en ateliers, en binôme ou en petits groupes. Il est possible de mettre beaucoup de choses en place, tout dépend de votre fonctionnement et de votre sensibilité. 

Varier les modalités de travail est important pour favoriser la motivation et l’engagement des élèves dans la tâche. Un ou une élève qui travaille toujours à l’écrit avec quelques phases orales peut trouver le temps long et ne peut avoir envie de se mettre au travail. Les modalités différentes permettent aux élèves de se déplacer ou encore de travailler à plusieurs. Cela favorise grandement la motivation, notamment pour les élèves qui peuvent avoir des difficultés. Pour les élèves les plus fragiles, travailler avec un ou une autre élève, ou encore en petits groupes avec l’enseignant·e est un plus, car l’attention est plus centrée sur la tâche à faire et les explications données par les autres peuvent aider réellement ces élèves. 

Tout au long de la journée, vous pouvez varier ces modalités. Il est même possible de travailler en extérieur pour certaines disciplines ou notions, notamment en mathématiques pour un jeu de l’oie géant par exemple. N’hésitez pas à modifier et tester de nouvelles choses, vous trouverez forcément des modalités qui vous conviennent mieux que d’autres et qui pourront figurer dans vos préparations suivantes. Pour commencer une séance de calcul en mathématiques, il est intéressant d’utiliser un jeu tel que le béret pour motiver les élèves. En rentrant de récréation par exemple, gardez votre classe dans la cour puis expliquez les règles : vous allez vous répartir en deux lignes face à face. Je vais donner à chaque élève un nombre qu’il ou elle devra retenir. Ensuite, je placerai un foulard en milieu des deux lignes et je donnerai une opération. Les deux élèves qui auront le résultat de cette opération devront venir le plus rapidement possible chercher le foulard et le ramener dans son camp. Cet exercice permet de motiver vos élèves et de les faire entrer rapidement dans l’activité. Cela ne prend que peu de temps et ne demande presque pas de matériel.  

Il est possible de préparer à la seconde près sa séance, de réfléchir à toutes les possibilités de réponses des élèves. Cependant, il y a des jours où rien ne se passe comme prévu. Un événement particulier dans le monde ou dans votre classe, une réflexion d’un ou une de vos élèves, ou encore une question qui n’a rien à voir avec ce que vous avez prévu peut vous emmener loin de l’endroit où vous souhaitiez aller avec votre classe en vous levant. Mais ce n’est pas grave ! Certaines fois, il est plus enrichissant pour tout le monde de travailler sans préparation sur un thème qui intéresse les élèves. 

Bien sûr, cela n’est pas possible chaque jour. Mais il est important de savoir lâcher-prise par moments, et de laisser de la place aux envies de vos élèves et à leurs centres d’intérêt. Après cette séance, vous culpabiliserez peut-être, mais il n’y a aucune raison : votre classe est une petite société qui vit et qui réagit. Les objectifs que vous aviez ne sont peut être pas atteints le jour où vous aviez décidé de le faire travailler à vos élèves, mais ils et elles auront appris autre chose (par exemple, de comprendre un événement important dans leur vie ou de développer leur esprit critique sur ce que l’on peut voir ou entendre sur les réseaux sociaux). Ces séances décrochées peuvent être des moments très intéressants et enrichissants pour vos élèves, et c’est un des rôles importants de l’école. 

La dernière étape après les préparations et la séance menée devant les élèves, c’est l’évaluation. Celle-ci peut devenir un casse-tête. Certains et certaines ont pour habitude d’évaluer les connaissances en fin de période avant les vacances, d’autres préfèrent les évaluations sur table à la fin de la notion travaillée. Tout est possible et dépend de votre fonction de classe. D’autres systèmes d’évaluation sont possibles et permettent de diminuer le stress que l’évaluation peut apporter aux élèves qui sont un peu anxieux et anxieuses. 

Évaluer au cours d’une séance possède divers avantages. Vous pouvez évaluer vos élèves sans qu’ils et elles ne s’en rendent réellement compte. Lorsque vous sentez que les élèves sont prêt·es, que ce soit la classe ou seulement une partie, il est utile de leur proposer un exercice d’évaluation simple qu’il est possible de faire sur le cahier du jour par exemple. Grâce à cet exercice de synthèse, vous pourrez évaluer le niveau de vos élèves par rapport à la notion du jour. Cette évaluation permet de proposer un exercice de synthèse seulement aux élèves qui se sentent prêt·es et il est possible de différer cet exercice pour les élèves qui ont besoin de plus de temps. 

Vous pouvez aussi prendre seulement un ou une élève sur un temps de classe pour évaluer ses compétences. À partir de ce moment, vous pouvez lui proposer un exercice simple et lui demander d’expliquer sa démarche. C’est une méthode qui vous permettra de voir si votre élève maîtrise la notion, mais également s’il ou elle est capable de l’expliquer, ce qui montre un dépassement de l’objectif. Pour un élève en difficultés, cela permet aussi de prendre le temps pour remédier si besoin et il ou elle peut également se sentir plus à l’aise, car les autres élèves ne sont pas à l’écoute de ses explications et de ses potentielles difficultés.

L’auto-évaluation est aussi une méthode qui peut être intéressante à mettre en place. Selon vos modalités de travail, il est possible de proposer aux élèves des exercices auto-correctifs, type cartes à pinces. Ces travaux permettent un travail en autonomie et une correction simple. Chaque élève peut vérifier ses connaissances et demander des explications s’il ou elle sent en avoir besoin. Il est tout de même important d’avoir des règles strictes sur ces auto-évaluations. Des élèves auront tendance à cacher leurs erreurs pour éviter d’être mal perçu·es par les autres ou par l’enseignant·e. Il est nécessaire d’expliquer aux élèves que ces travaux sont pour elles et eux, et non pour les mettre en difficulté. Pour faire un bilan des compétences travaillées et évaluées en autonomie, il est possible de créer avec les élèves un tableau qui leur permettra d’écrire leurs résultats. Ce tableau sera ensuite utile à l’enseignant·e pour évaluer ses élèves. Il est toutefois important de finir cette évaluation par un petit exercice de synthèse qui sera pointé par l’enseignant·e qui pourra valider ou non les résultats du tableau. 

Créer une séance, la mener en classe et évaluer ses effets sont les étapes  qui structurent notre métier d’enseignant·e. De nombreuses possibilités s’offrent à vous, vous pouvez en tester une ou plusieurs, et voir ce qui vous convient le mieux selon les variables : élèves, moments de l’année, désir de changer ses pratiques, etc.  L’ajustement et la créativité sont et doivent rester les piliers de notre profession. À vous de jouer ! 

Elodie Sighele Professeure des écoles en élémentaire et passionnée d'étayage et plus particulièrement de différenciation.