Personnaliser vos contenus
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Cet article fait partie du défi ÊtrePROF d'octobre 2024 :
Tous les enseignants et toutes les enseignantes innovent, tous les jours. Se questionner et faire évoluer sa pratique pour répondre au mieux aux besoins de nos élèves est une posture naturelle et une démarche spontanée. Une étape importante dans cette démarche est la recherche de nouvelles idées, pratiques ou solutions, parfois pour répondre à des problématiques que nous rencontrons, parfois simplement par curiosité ou par envie de faire mieux. Échanges entre collègues, lectures, internet… une mine d’informations s’offre à nous.
Je vais partager avec vous une pratique qui a particulièrement marqué ma façon d’enseigner, que j’ai mise en place progressivement. Elle fait partie des pistes pédagogiques fondées par la recherche recensées par le Conseil scientifique de l’Éducation nationale, dans sa Boîte à idées.
En maternelle, nos petits élèves découvrent la collectivité et ses règles, à un moment de leur vie où leur cerveau est en plein développement et où ils apprennent à comprendre et gérer leurs émotions et comportements. Dans mon expérience, la gestion des comportements a toujours été le plus grand challenge des enseignants en maternelle. C’est là que nous nous questionnons le plus et faisons le plus d’essais, à la recherche de la solution qui va marcher pour un climat de classe apaisé.
Avoir des pratiques qui sont à la fois respectueuses de l’enfant, qui tiennent compte des besoins du groupe, et qui sont efficaces est donc une nécessité. Là encore, la recherche nous apporte des éclairages importants sur ce qui est efficace en milieu scolaire.
Je retiens ici trois points, issus du programme Soutien au comportement positif. Ce programme met en avant l’importance d’une concertation entre les différents acteurs de l’école. Si vous êtes déjà en phase avec vous-même et avec votre Atsem, vous pouvez avoir de très beaux résultats en classe !
La première étape, c’est d’avoir des règles de vie et des routines claires et formulées positivement. Ensuite, et c’est crucial en maternelle, il faut enseigner ces comportements, un peu comme on enseigne une chorégraphie ou un jeu collectif. La recherche est très claire là-dessus : l’enseignement explicite des comportements est une étape clé.
Cela veut dire qu’on bloque des moments dans notre emploi du temps pour enseigner à nos élèves, par exemple, à jouer ensemble. On leur explique : "Aujourd’hui, on va apprendre comment on peut jouer ensemble au coin garage." On leur donne explicitement des techniques : "Vous pouvez faire rouler une voiture de l’un à l’autre, vous pouvez descendre la rampe chacun son tour", et vous demandez aux élèves de s’entraîner sur ces comportements. Un peu (ou exactement) en suivant les étapes de l’enseignement explicite que nous venons de voir !
Il s’agit ici du changement de paradigme (de l’innovation !) qui m’a été le plus long à mettre en place. Une fois le comportement enseigné, notre plus grand objectif n’est pas de corriger les comportements inappropriés, mais de faire en sorte qu’ils n’aient pas lieu une prochaine fois. Comment faire ?
Établir une relation positive avec les élèves est l’intervention préventive la plus efficace pour que vos élèves respectent les règles. Donc la première chose à faire est de… sourire ! En maternelle, les élèves sont encore très jeunes et ils ont besoin de se sentir accueillis et en sécurité avec vous.
Ensuite, on va passer beaucoup de temps à féliciter les élèves qui font ce que nous avons demandé. Cela va à l’encontre de notre tendance naturelle de voir ce qui dérange (notre cerveau détecte mille fois mieux les quelques enfants qui parlent sans arrêt pendant le regroupement, que les 20 autres qui attendent leur tour de parole…). Et va à l’encontre aussi de l’idée qu’il faut absolument corriger les "mauvais comportements", pour ne pas qu’ils se reproduisent. Dans les classes où il y a moins de difficultés de comportement, 80% des interventions de l'enseignant sont préventives, et 20% seulement sont correctives (référence : conférence de Steve Bissonnette).
Cela veut dire que, quand Marta interrompt le regroupement, il y a plus de chances qu’elle ne recommence pas si je l’ignore et que j’appelle un camarade "Jules, je vois que tu as levé la matin et tu attends ton tour, on t’écoute.", que si je lui dis "Marta, tu sais très bien qu’il faut lever la main pour parler !".
Même quand on a enseigné le comportement et même avec toutes les interventions préventives, certains élèves auront des comportements qui sortent du cadre et il faudra alors intervenir. Mais là encore, la recherche nous montre qu’il y a un tas d’interventions plus efficaces que la punition.
Quand un comportement sort du cadre, commencez par des petites interventions discrètes :
Ce système nous permet de gérer notre classe de façon respectueuse et efficace, et fonctionnera pour la plupart de nos élèves. Il y aura dans chaque classe quelques élèves qui auront besoin de mesures complémentaires, mais ces principes restent valables même pour les élèves pour qui ils ne sont pas suffisants.
Si on résume, l’innovation ici consiste à ne pas se focaliser sur la correction des comportements, mais sur l’enseignement et l’encouragement des comportements désirés. Et je le répète car j’ai mis du temps à y croire : ce n’est pas seulement plus agréable, c’est aussi plus efficace.
Directrice d’école maternelle, enseignante pendant 12 ans
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