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Nous avons tous et toutes déjà entendu lors des conseils de classe, ou lu dans le bulletin scolaire, les constats suivants concernant des élèves qui semblent s’ennuyer en classe et qui ne s’engagent plus dans les tâches : "Bon élève, mais peut franchement mieux faire !", "De bonnes intentions, mais l’application et l’implication dans ton travail ne suit pas toujours !".
Ces remarques sonnent parfois comme un couperet dans les oreilles des élèves, renforçant, petit à petit, la spirale dans laquelle ils s’enlisent. Dans ma pratique, j’ai rarement vu un élève qui le faisait exprès. Il y a toujours une raison objective à un comportement.
Force est plutôt d’observer que, comme le chante si bien Annie Cordy en 1974 dans la bonne du curé : "J’voudrais bien… mais j’peux point !". Effectivement, les difficultés rencontrées ne sont pas dues au fait que l’élève ne veut pas travailler, mais bien, qu’il ne sait pas quoi ou comment faire.
Selon lui, il n’a plus, à ce moment-là dans sa scolarité, de pouvoir sur son travail. L’ennui est par conséquent un système de défense mis en place pour protéger la confiance et l’estime qu’il a de lui-même.
Lors de mes entretiens individuels ou collectifs, les élèves se définissent sous la forme d’étiquettes qu’ils ont développées progressivement par rapport à leurs situations de vie en classe. Deux raisons sont souvent évoquées :
Concernant cette dernière raison, Thérèse Bouffard, professeure au département de psychologie de l’université du Québec à Montréal, nomme cette spirale comme étant l’illusion d’incompétence scolaire (1). Selon elle, cela peut donner, chez l’élève un important sentiment d’impuissance et une importante baisse de la motivation.
On peut vite le comprendre : l’élève qui, par exemple, reçoit systématiquement un 2 sur 10 à son évaluation d’histoire-géographie va, à un moment donné, penser qu’il est un 2 sur 10. Sur base de cette fausse croyance, il ne va plus s’investir dans les tâches proposées : "À quoi bon travailler, étudier la matière pour mon évaluation ou faire les devoirs car, de tout manière et quoi que je fasse, j’aurai 2 sur 10."
Vous l’aurez compris, la spirale est enclenchée… Les notes vont rester sensiblement les mêmes, voire baisser encore plus, ce qui ne fera que confirmer à l'élève la représentation qu’il est bien un 2 sur 10… Alors qu’il a 2 sur 10 dans cette matière non pas parce qu’il est "nul", mais bien parce qu’il n’a pas mis les stratégies adéquates en place pour travailler et réussir ses évaluations. Ce qui, disons-le, n’est franchement pas la même chose !
Dans cette situation, l’ennui, ainsi que l’illusion d’incompétence scolaire, sont-ils une fatalité ? L’enseignant·e peut-il ou elle inverser la tendance ? Comment faire pour accompagner l’élève qui s’ennuie à prendre confiance et conscience de ses ressources et ainsi, repartir sur de bonnes bases ?
Pour répondre à ces différentes questions, je vous propose d’utiliser l’éclairage théorique de la motivation. Et plus précisément, celui de la motivation en contexte scolaire élaboré par Roland Viau en 2009 (2). En plus du caractère pratico-pratique de ce modèle, l’avantage est que l’auteur donne des clés tant du côté enseignant que pour l’élève.
Contrairement à d’autres auteurs qui développent l’idée que la motivation est comme une force qui nous pousse à se mettre en marche, Viau lui, met en avant la dimension plurielle de la motivation. Voilà ce qu’il écrit :
"La motivation est un phénomène dynamique qui tire sa source dans des perceptions que l’élève a de lui-même et de son environnement, et qui a pour conséquence qu’il choisit de s’engager à accomplir l’activité pédagogique qu’on lui propose et de persévérer dans son accomplissement, et ce, dans le but d’apprendre."
Voilà quelque chose d’intéressant : l’élève puise sa motivation dans le regard qu’il se porte ("Je suis…") et que son entourage lui porte ("Tu es…."). Sur la base de cette définition, en tant qu’enseignants, nous pouvons, nous avons un rôle à jouer.
Vous sentez vos élèves manquer de motivation ou de confiance en soi en classe ? Comment repérer les signes de désengagement en amont et quels outils concrets pour y remédier ?
Si nous partons du principe que l’ennui est la face émergée de l’iceberg, qu’est-ce qui se cache en dessous de cela ? Pour ce faire, je vous propose de réaliser avec l’élève une pause métacognitive, pour tenter de mettre des mots sur sa situation scolaire. Un peu comme si nous réalisions, ensemble, une photo et que nous prenions le temps de la commenter.
Très concrètement, sur la base d’un questionnaire à spectre large, nous balayons l’ensemble des matières, nous analysons ses méthodes d’apprentissage, les stratégies et les démarches utilisées, les comportements mis en place afin de mettre le doigt sur les difficultés rencontrées.
L’objectif premier de cette objectivation est de permettre à l’élève de prendre conscience que la réussite ou l’échec n’est pas dû à des facteurs externes, comme il a parfois tendance à le penser, mais bien aux stratégies qu’il n’a pas mises en œuvre.
(1) Bouffard, T. (2009). Illusion d’incompétence et sentiment d’impuissance. In Chappelle, G & Crahay, M. (Eds), Réussir à apprendre (pp. 89-99). Paris : Presse universitaire de France.
(2) Viau, R. (2009). La motivation en contexte scolaire (2è éd). Bruxelles : Editions de Boeck Université. Aujourd’hui, professeur émérite en éducation de l’université de Sherbrooke au Canada
Geoffrey Boulard, professeur de sciences humaines & sociales au lycée/collège pendant 14 ans eet psychopédagogue clinicien spécialisé dans les apprentissages en milieu scolaire
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