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En tant qu’enseignante UPE2A (Unité pédagogique pour élèves allophones nouvellement arrivés), je n’évalue pas et ne prends pas en charge les élèves allophones inscrits à l’école maternelle. En effet, la prise en charge intervient à l’entrée en CP. Je reste cependant une personne ressources pour les collègues qui accueillent les élèves en maternelle et j’essaie de répondre au mieux à leurs interrogations.
Comment inclure au mieux ces élèves ? Quelles activités leur proposer dès la rentrée ? Quelles activités prioriser pour eux et les autres tout au long de l’année ? Quelques étapes incontournables, que voici, vous aideront à répondre à ces questions !
Abdou, d’origine guinéenne, est arrivé en France à l’école en GS en janvier. C’était sa première scolarisation. Il découvrait à la fois ce nouveau pays, ainsi que sa culture, et en même temps ce nouvel environnement qu’est l’école. Tout comme un enfant français qui rentrerait en PS, il s’agissait pour Abdou d’intégrer les codes de l’école pour devenir élève avant le CP. Inclus dans une classe multi-niveaux, l’enseignante le laisse profiter des apprentissages de tous les groupes de niveaux afin qu’il se sente à l’aise dans un premier temps et lui laisse le temps de s’accoutumer au rythme d’une classe de maternelle.
Quelques jours après sa rentrée, l’enseignante m’ interpelle pour savoir ce qu’elle peut mettre en place. Je lui ai d’abord conseillé de rencontrer la famille et d'organiser une cellule d'accueil avant d’envisager l’entrée dans les apprentissages. Favoriser la participation et l’implication des familles allophones nouvellement arrivées permettra une meilleure inclusion et enrichira les apprentissages des élèves.
Cette cellule d’accueil peut s’avérer riche d’enseignements sur l’enfant, sa vie dans son pays, la famille, leur exil. C’est une première rencontre aussi pour la famille avec l'institution (dont elle ne comprend pas toujours les mécanismes).
Sans entrer dans les questions trop intrusives, il s’agit pour nous de connaître le parcours de l’ enfant quand il arrive à l’école. En maternelle, dans la majorité des cas, l’enfant EANA n’aura jamais été scolarisé. Il faut bien reconnaître que l’obligation scolaire à partir de 3 ans reste une spécificité française. Cependant, certains auront fréquenté des jardins d’enfants, l'équivalent de nos crèches françaises.
Voici une grille de questions qui peut vous aider à mener cet entretien. Évidemment, vous aurez peut-être besoin d’un traducteur ou d'une personne.
Ces familles sont souvent accompagnées par des associations d’aide aux demandeurs d’asile (CADA, etc.). Ces dernières connaissent bien le parcours des familles et sont à convier également à cette première rencontre pour faciliter les échanges.
Outre les questions d’ordre administratif pour compléter la fiche d’urgence (allergies, régimes alimentaires, vaccinations), quelques questions me semblent importantes :
Comme pour les autres familles, la visite de l’école et de la classe n’est pas à négliger. Elle permettra de rassurer les familles sur la façon dont leur enfant est accompagné tout au long de la journée (de l’accueil à la sortie en passant par la cantine et la sieste).
Un livret d’accueil de l’école peut également leur être proposé, en limitant les textes et en privilégiant les pictogrammes (un exemple ici).
Il s’agit d’établir une relation constructive et de confiance dans le temps. Ces familles ne seront peut-être pas forcément les premières à se proposer d’accompagner la classe lors des sorties ou de s’investir dans la vie de l’école. Non pas qu’elles ne le veulent pas, mais la barrière de la langue et le décalage culturel peuvent les freiner. Ce sera donc à nous d’aller les chercher, de leur proposer en douceur de venir partager des moments de convivialité avec la classe.
Voici des activités interculturelles que vous pouvez proposer aux familles :
Lors de la Semaine du goût en octobre 2023, deux mamans sont venues cuisiner des desserts traditionnels de leur pays dans ma classe !
Abdou est né dans un pays francophone, mais n’y a jamais été scolarisé. Son rapport à la langue française était assez faible. Certes, il ne comprenait pas quand son enseignante lui parlait, et ne répondait pas aux sollicitations, mais il a beaucoup observé les autres lors des rituels de classe notamment. Les premiers jours, Abdou restait mutique mais très vite il s’est senti à l’aise en imitant ses petits camarades.
Arrivé en milieu d’année (janvier) en GS, il était évident pour l’enseignante qu’un temps d’adaptation lui serait nécessaire avant d’entrer dans les apprentissages de ce niveau. Un temps d’observation a été également bénéfique à l’enseignante, pour mieux connaître les acquis et compétences d’Abdou.
Vous trouverez une grille d’observation qui vous permettra de mesurer le degré de compétences de l’élève et ses progrès. Une fois complétée, vous pourrez proposer des activités à sa portée, en essayant de répondre aux besoins de l’élève, afin de l’aider à trouver sa place dans la classe.
Les enfants de 4 à 6 ans ont besoin de jouer pour communiquer dans un contexte spontané, d’être dans un environnement qui offre des supports visuels et gestuels pour leur permettre de s’exprimer. Ils ont aussi besoin d’être accueillis positivement lorsqu’ils s’expriment, d’être soutenus dans la formulation d’un besoin et enfin de ressentir l’acceptation de leur bagage linguistique.
Un certain nombre d’activités vont pouvoir répondre à ces besoins et favoriser l’entrée dans la langue, pas seulement pour les EANA mais aussi pour les élèves français ou francophones.
Adaptez votre discours afin de le rendre plus accessible aux enfants : articulez, utilisez des phrases simples et courtes, servez-vous de l’intonation pour accentuer des mots, reformulez, répétez ou paraphrasez. Répondez à l’enfant en enrichissant sa phrase. Enfin, servez-vous de gestes ou d’expressions faciales et du langage corporel.
L’utilisation des coins-jeux de la classe peut être intéressante pour travailler le langage en situation et favoriser les interactions. Cette vidéo montre comment profiter du coin cuisine pour travailler avec leurs élèves de petite section le langage en situation et le langage d'évocation sur un mode coopératif.
Commencer par des phrases ou mots mémorisés de la vie courante pour permettre à l'enfant d’exprimer ses besoins. Puis, travailler par thème et organiser les mots pour créer des liens entre eux. Enfin, utiliser des supports visuels variés ( affiches, photos, imagiers, vidéo, objets à manipuler, etc.)
Cette vidéo, enregistrée dans une classe de FLE à l’étranger, propose une activité intéressante permettant de travailler le langage oral. À partir d’images séquentielles, ou d’illustrations d’albums, vous pourrez poser des questions fermées aux élèves, désigner un objet ou un personnage pour les faire verbaliser, émettre des énoncés faux afin de leur permettre de rectifier ou encore amorcer une phrase et les laisser terminer.
Accueillez le bilinguisme de l’élève et cherchez à le développer (la maîtrise de la langue maternelle favorise les apprentissages d’une langue seconde). Encourager les liens entre la langue de l’élève, sa culture et ce qui est appris en classe. Il faut inclure l’élève dans sa globalité sans attendre qu’il laisse derrière lui sa langue et sa culture.
Les activités de lecture autour d’albums plurilingues sont intéressantes pour tous les élèves. Cette vidéo montre une séance dans une école maternelle de Montréal, avec la participation de parents d’origine étrangère.
Sur le site du Casnav de Strasbourg, vous trouverez des albums plurilingues de littérature de jeunesse traduits dans plusieurs langues, avec la version écrite et audio.
Vous pouvez aussi intégrer au répertoire de la classe, des comptines ou chansons dans la langue de votre élève, à piocher sur le site Mamalisa’s world.
Le langage est au cœur des apprentissages de l’école maternelle. Vous allez accueillir un enfant allophone dont la langue maternelle est en construction, comme les autres enfants de son âge, et qui doit en parallèle apprendre une nouvelle langue.
Il serait une erreur d’imposer à la famille de parler la langue française, langue de l’école, à la maison. L’enfant a les capacités de se créer des liens entre ses deux langues qui vont interagir tout au long de sa scolarité. Il est donc important de ne pas considérer cette langue maternelle comme une “barrière” mais plutôt comme un “pont”.
Il s’agit pour nous de traverser ce pont avec l’enfant de manière bienveillante et positive pour en faire une richesse plutôt qu’une contrainte. Vous trouverez dans ce Padlet une banque de ressources utiles pour vous lancer ! À vous de jouer !
Marion Paitrault, professeure des écoles depuis 2016, professeure itinérante UPE2A/UPS auprès des élèves allophones nouvellement arrivés (EANA) et des enfants du voyage (EFIV) depuis 2021
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