La légende raconte qu’il y a très longtemps dans un collège, un enseignant s’affairait à préparer la belle évaluation d’avant les vacances de Noël… Celle que l’on pratique pour obtenir un silence religieux de cathédrale, mais qu’on a vite envie de carrer entre deux bûches quand la correction survient. 

Les feuilles étaient donc dressées avec soin, la salle de classe nettoyée et rangée pour éviter que les petits lutins s’amusent et jettent des coups d’œil furtifs et malicieux. C’était le soir, le calme et la sérénité étaient revenus, les diverses senteurs de sapins et autres conifères s’étaient évaporées dans l’atmosphère. Le gentil enseignant était parvenu à effacer les petits pénis multicolores qui ornaient les tables ; la clameur festive d’un réveillon approchant.

L’enseignant ouvrit et découvrit le gentil proviseur emmitouflé dans sa tenue de Père Noël, qui faisait souvent le tour des salles pour donner la bonne parole en secouant ses mocassins ornés de glands. Il venait lui apprendre la belle nouvelle : demain, le gentil enseignant aurait la charmante visite du Saint IPR. Il venait le voir pour lui apporter chaleur et réconfort, et lui prodiguer d’aimables conseils durant cette dernière heure de cours de 16h30 à 17h30, à la veillée de Noël.

Le gentil enseignant ne sentit pas sa joie, remercia le bon proviseur et rentra chez lui, car il devait faire bon accueil au Saint IPR, et donc remettre sa jolie évaluation à plus tard. C’était, on le savait tous, les us et coutumes !

La nuit durant, accompagné par les doux chants de Noël, notre gentil enseignant, à la lueur d’une chandelle, car l’électricité était bien trop chère, reprit son ouvrage et concocta une séance sur les merveilleuses zones périurbaines. Elles seraient illuminées par le vidéoprojecteur de la salle, le même qu’utilisa Noé pour placer les animaux dans l’arche sacrée.

Il y avait ici le jeune Enzo, qui éructait de joie… 
 

La petite Lydie, qui dansait sur la table comme à la télé des Marseillais quand ils font le pestacle…

Et Lucas, souvent plein d’espiègleries qui s’amusait, à piquer les fesses de ses camarades avec un canif trouvé dans le cartable de Kylian, un bon petit diable.

Tout cela faisait une jolie fanfare et réchauffait l’atmosphère de 12°C d’un logis bien mal isolé - surtout depuis que Jordan avait trouvé le mur avec une perceuse empruntée en cours de technologie. Et voilà donc notre IPR qui arriva, s’assit, et comme l’aurait fait notre Saint Nicolas, prit des notes durant toute l’heure, sans doute pour la future distribution des cadeaux !

Il fut ravi de découvrir les lutins heureux du travail de leur gentil enseignant ! Mais il ne put s’empêcher de penser à sa tristesse quand il allait retrouver son blouson décoré de projectiles baveux et verdâtres. Ils étaient vraiment fripons, ces lutins de quatrième B2 !

C’est pourquoi, pour satisfaire tout le monde, l’IPR transforma la fin de la séance en gigantesque récital, avec à la baguette l’admirable conseiller principal d’éducation. Celui qui avait une voix de stentor. La salle de classe se mit alors à scintiller et à briller de tous ses feux, surtout celui allumé par le briquet de Sami.

C’est pour cette raison que depuis, notre gentil enseignant ne travaille plus le vendredi à la nuitée, pour ne pas demander un CIF et devenir un aimable boulanger.

C’est aussi pour cette raison, que la légende dit qu’il faudrait toujours glisser, au milieu des feuilles de nos rapports d’inspection, de gentils petits index de protestation…

Joyeux Noël ! 

Monsieur Z., prof de lycée pro quelque part en France, dont l'humour sévit sur Facebook et sur Instagram. 

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