Par ce chef d’établissement qui proposera un PowerPoint aux couleurs criardes distillant la modification des heures du déjeuner, du taux de sodium dans les frites, de l’organisation des JPO un dimanche après-midi et des examens blancs qui compteront pleinement dans la moyenne de l’élève. Même si cette année on arrête les notes et on passe aux couleurs. En noir et blanc.

Par Enzo, 3ème B, lors de la prérentrée... Alors qu’il a passé le plus clair de son temps à observer avec insistance le fiak d’Emma. Placée pourtant dans sa diagonale droite dans l’angle mort. Aussi mort que son stylo de l’année dernière qu’il pensait recycler. Ça va, de toute manière, il veut juste son emploi du temps.

Par votre binôme nouvellement amouraché de votre pédagogie. Le même qui a pourtant une idée bien précise des cours en co-intervention ; et qui vous laissera peut-être faire l’appel ou souligner SA trace écrite au tableau. Si tant est que vous utilisez SES feutres à tableau, qui ne bavent pas et s’effacent bien mieux que les vôtres.

Par Lucas qui, pour sa part, a acheté un cahier. Il n’aime pas les classeurs, car après faut avoir des feuilles. Le cahier c’est pratique, et en plus, il peut le plier pour qu’il rentre dans sa sacoche Cha$$and, où il y a déjà les clés de sa voiture électrique, sa vapoteuse et un Capri Sun. Ah ben voilà, plus la place pour le cahier !... Il met le démon ce prof avec son matériel.

Par cet enseignant qui, en deux jours de prérentrée, a déjà mis en couple six enseignants, géré deux naissances prochaines, trois ovulations et une quasi certitude que le bahut ferme dans les trois prochaines années, rien qu’en matant la cravate du directeur adjoint. Mais surtout, n’en parler à personne.

Par ce prof qui, l’année dernière, a fait 110% de réussite, incluant deux absentéistes chroniques, un teckel à poils durs, une chaise de jardin en candidate libre et Poupoune, l’amibe totem de la classe.

Par cette maman si mignonne qui, pendant cette phrase d’apaisement, oublie que son fils est déjà en train de s’asseoir sur le bureau du prof pour y dessiner un pénis d’anthologie, avant de se propulser dans la classe en se prenant pour un oiseau migrateur, jetant des bouts de colle aux quatre coins de la pièce. Un bonbon. 

Par tous les élèves de la classe de 3ème de l’année précédente qui vous ont poussé tellement à bout, que vous avez dû recourir à du vaudou et à des séances d’acupuncture sur votre propre visage pour vous désenvoûter. Le truc, c’est que vous ne les avez plus cette année. Bad luck.

Finalement, il semblerait aussi que ces phrases-là soient citées chez nous. À vous donc de trier le bon grain de l’ivraie. Non, sans forcément vous enivrer. Et puis s’attendre au pire, c’est accueillir avec joie le meilleur, comme le dirait Poupoune. Votre amibe. Bonne rentrée !

Monsieur Z., prof de lycée pro quelque part en France, dont l'humour sévit sur Facebook et sur Instagram. 

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