Par Monsieur Tanasse, prof de maths en terminale, regardant les résultats du bac avec effroi. Car bon nombre de candidats ont obtenu le sinistre sésame en ayant été absents de tous ses cours. Voire de tous les cours de l’année. Comme sortis d'outre-tombe : il pensait réincarnation en mouette aphteuse, exil salvateur sur le Styx ou décès par peste bucolique purulente. Il n’en était rien. Ils étaient juste… chez eux.

Par Enzo, en 5ème B2. Pas qu’il soit possédé par une entité démoniaque… Pazuzu lui-même. N’en voudrait pas comme enveloppe corporelle. Non, Enzo a la métaphore putride, l’allégorie diarrhéique. Il parle comme ça à ses amis. Il parle comme ça à ses ennemis. Il parle aussi comme ça dans ses rédactions et vocifère à qui veut l’entendre qu’il est stigmatisé. Bon, pas exactement avec ce terme-là. Puis, va cracher bruyamment une bile verte dans la poubelle. À quelques mètres de vous.

Par le personnel de service du bahut, observant le ballet des feuilles orphelines dans les bouches d’égout jouxtant l’établissement. Les cours, dégorgeant leur encre multicolore, viennent s’échouer dans la mer, là où les poissons viendront les dévorer avant de se retrouver dans nos assiettes. De l’auto-pédaphagisme. Et Findus cautionne tout ça.

Par Lino, le cuistot du collège, quand on lui demande ce qu’il rêverait de servir à table avec sa pièce de bœuf. A la place, il fera pour la 250ème fois de l’année des frites grasses et des haricots verts luminescents. Quant au chianti, il a dû arrêter, car la dernière petite Suze proposée aux enseignants a vu la prof de bio se lancer dans une imitation de Jacques Chirac qui avait ruiné sa carrière peu de temps après.

Par Lucas, triplant sa classe de terminale, et passant son ongle à demi machouillé sur la liste des enseignants, avant de choisir celui qu’il va user à grand renfort de cris d’animaux, de dégazages massifs post-cantine, ou encore de questions existentielles comme “et vous, vous payez le métro ?”. Il en est à 3 cessations progressives d’activité, deux dépressions et trois coma éthyliques. Un sérial branleur, comme on dit dans le milieu.

Par ce prof d’EPS berceau, ayant mal évalué le nombre d’élèves participants à la journée d’intégration. Normal, certains ont amené leur petit frère, leur voisin, leur mère, et tout ce beau monde se retrouve sur un frêle esquif, à la merci des vils squales se faisant un plaisir de déguster un repas à base de Crocs / chaussettes, bermuda de l'Atlético et sac banane indémodable. Un festin de choix.

Par Madame PSE, qui découvre les joies du Kahoot avec les CAP, et qui a passé 12 heures à confectionner avec soin des QCM sur la reproduction des mammifères marins. Des questions bien souvent absconses, tant l’essentiel du jeu porte sur le choix des pseudos AU DÉBUT du Kahoot, de Grandefolledutreize à LenaZi en passant par Ziziledur.

Par cet enseignant débarquant non pas dans une forêt obscure habitée par une sorcière brouillant ses sens et le poussant vers la folie, mais par cette classe de troisième récupérée de 16 à 17 heures un vendredi, après 3 heures d’EPS. Hasard de l’EDT ou malédiction ancestrale élaborée par le directeur adjoint, bien plus sournois que Pennywise ? Nul ne le sait... Mais en poussant la porte de la salle, personne. Personne. Ne peut savoir ce que vous y trouverez. 

Par cette classe de seconde prête à tous les subterfuges possibles et inimaginables pour vous distraire de votre tâche, leur enseigner la double narration. Questions personnelles à foison, tout les intéresse dans votre vie, de la marque de vos pantoufles à la couleur de vos rideaux. Dommage qu’on ne fasse pas d’évaluation sur nos goûts vestimentaires.

Vous en avez une dixième ? Un bonbon, ou un mauvais tour ?

Monsieur Z., prof de lycée pro quelque part en France, dont l'humour sévit sur Facebook et sur Instagram. Retrouvez toutes ses chroniques ici !