Au moment où j’écris ces quelques lignes, je vis probablement les dernières tétées après pas loin de 10 années d’allaitement en continu (j’ai eu 3 enfants en 4 ans, ça aide !). Quand j’ai eu ma première fille, je me suis dit : “je vais essayer de l’allaiter au moins 3 mois”, puis je suis passée à “je vais essayer d’atteindre la diversification en conciliant travail et allaitement” et j’ai terminé en parlant sevrage naturel et même allaitement enceinte et co-allaitement !

Vous aussi, vous vivez ce cheminement et projetez de continuer à allaiter votre bambin même en retrouvant vos élèves ? Au-delà de l’aspect organisationnel, les obstacles sont nombreux.. mais pas insurmontables !

Voici mes conseils et retours d’expérience, en espérant que vous vivrez un aussi bel allaitement que le mien ! NB : Mon expérience concerne le secondaire, certains aspects ne sont pas forcément compatibles avec l’organisation dans le primaire. 

Je suis une bosseuse acharnée, alors me projeter dans un moment où j’allais moins travailler me mettait mal à l’aise. Mais on ne peut pas être partout ! J’ai fait des choix pour mon bien être psychologique et pour concilier au mieux ma vie pro et ma vie perso !

Mes conseils 

• Réutiliser au maximum les contenus des années précédentes.
• Éviter de se surcharger avec des évaluations à répétition, en évaluant plutôt le travail pendant la classe ou en diminuant son temps de correction.
• Mettre quelques projets en pause, et ne pas culpabiliser de ne pas en faire plus. Evidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire. Il vaut mieux en faire moins mais bien que d’avoir un sentiment perpétuel qu’on ne fait pas bien les choses, c’est la porte ouverte vers le burn out. Soigner son moral est important ! 
• Solliciter les collègues qu’on a pu dépanner par le passé pour avoir des contenus de séances et prendre en charge certaines tâches administratives/réunions (coordo de discipline, conseil école-collège, conseil pédagogique, etc.).

Pendant mes pauses de tirage de lait, j’ai commencé à essayer de travailler. D’abord en utilisant le dictaphone de mon téléphone pour rédiger des notes, puis j’ai tenté de libérer mes mains pour corriger des évaluations.

Vous allez passer plusieurs heures par semaine à tirer votre lait au collège/lycée. Il existe des brassières pour avoir les mains libres et ainsi pouvoir travailler tranquillement en tirant votre lait. 

Mes conseils

• Toujours être en activité pendant les tirages. D’abord pour éviter que cela soit du temps perdu, mais aussi car c’est un bon moyen de faciliter l’éjection du lait - et ce n’est pas toujours facile de le déclencher sur son lieu de travail.
• Prévoir des activités qui ne nécessitent pas de s’y plonger avec attention sur un temps long. Des petites missions dont on peut déconnecter facilement sont plus appropriées, car il y a plusieurs manipulations de matériel à effectuer et on est donc amenée à être interrompue.

Quand j’ai commencé à tirer mon lait, j’avais une collègue qui était déjà passée par cette expérience pour laquelle elle est restée assez discrète. Personnellement, j’ai choisi d’en faire un sujet comme un autre, de mettre ma pudeur de côté pour aider celles qui passeraient après moi à vivre les choses plus facilement, un vrai engagement militant. 

Dans les entreprises, la décharge d’une heure pour allaitement et la mise à disposition d’un local aide à engager la discussion sur le sujet. Dans l’EN, nous n’avons rien de tout cela, mais nous pouvons amener nous même le sujet comme une simple information.

Mes conseils

• Évoquer le sujet avec simplicité, sans gêne, comme un choix que j’avais fait, est la chose la plus pertinente que j’ai pu faire. 
• Cela m’a permis de justifier mon arrivée en retard lors des réunions à 13h, de demander un EDT avec des “trous” pour y glisser des tirages, de restreindre ponctuellement l’accès à ma salle sur certains créneaux, mais aussi de pouvoir stocker mon lait sans risquer que quelqu’un ne le jette !
• Avoir des échanges avec des collègues qui ont vécu cette expérience et qui pourront vous aider et partager leurs conseils, témoigner de leur expérience.

Notre métier empiète souvent dans notre sphère personnelle, avec l’allaitement après la reprise, c’est la vie de famille qui fait incursion dans l’école… Une bonne occasion de rééquilibrer la balance ! Lancez-vous, vous y avez droit et c’est possible !

Ségolène Paris, professeure de sciences au collège depuis 2007