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Direction d'école : établir des protocoles pour faire face aux situations de crise

Elodie Leclerc
Hier à 11:10
5 mn

Certaines situations de crise me stressent : comportements hautement perturbateurs, parents intrusifs ou virulents, enfants à besoins particuliers Je ne sais pas si je pourrais gérer, si je pourrais bien gérer, j’ai peur d’être seul(e). Établir la conduite à tenir en équipe pour y faire face collectivement permet de garder sa capacité à passer à l’action, de se protéger et d’améliorer la prise en charge de ces crises. 

Dans une école, même si tout le monde préfèrerait ne pas y être confronté, les situations d’urgence sont inévitables. Alors autant s’y préparer collectivement pour adopter les bons gestes et éviter d’être pris au dépourvu le moment venu.

Pourquoi ne pas proposer à votre équipe de prendre un temps pour réfléchir à la conduite à tenir en cas de besoin, afin de savoir comment agir, gagner en efficacité et surtout se protéger ?

Étape 1 - Faire un état des lieux des situations problématiques

Quand j’ai pris la direction de mon école, le climat était extrêmement dégradé. Nous passions nos journées à gérer les crises les unes après les autres, au point d’entraver le fonctionnement de l’école parfois. Alors, nous avons cherché un plan d’action pour reprendre la main sur la situation.

Même si chaque école, en fonction de son profil, n’est pas confrontée aux mêmes difficultés, toutes les équipes sont amenées à faire face à des situations problématiques. Il s’agit dans un premier temps de dresser un état des lieux. 

Repérez, en équipe, les situations qui sont source de dysfonctionnements et qui peuvent être anticipées (car inhérentes à la vie de toute école et dont la prise en charge appartient à l’équipe) : 

  • comportements hautement perturbateurs récurrents ou ponctuels (crise de colère, bagarre, refus de rentrer ou de sortir de la classe) ;
  • élève gravement blessé ;
  • élève porteur d’un handicap ou d’une pathologie nécessitant une attention ou une organisation conséquente ;
  • parent intrusif ou virulent ;
  • crises de haute intensité relèvent du PPMS, d’un appel aux forces de l’ordre, aux services de secours.

 

Cette première étape de travail est souvent l’occasion pour les collègues de décharger leurs inquiétudes. C’est inévitable, car ils ont peu d’instances dans lequel le faire, mais il faut tenter de maintenir l’équilibre entre besoin d'être entendu, tenir le cap de la réunion et se protéger en tant que directeur ou directrice.

action !

Étape 2 - Établir un protocole par situation

Pour construire ces protocoles de gestion de crise, l’ensemble de l’équipe, accompagnée du Rased, de la régulatrice en milieu scolaire et d’une conseillère pédagogique, s’est réunie 4 fois 1h30. Ce travail a abouti à la création de 4 fiches : prise en charge des comportements violents, refus d’entrer ou de sortir de classe, accueil d’un parent en colère et les groupes S au S (soutien au soutien entre collègues).

L’objectif principal de la mise en place de protocoles, qui détaillent la conduite à tenir en fonction de la situation, est que chacun sache ce qu’il a à faire au moment de la crise pour en minimiser l’impact, voire de l'éviter quand c’est possible :

  • Qui fait quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Qui contacter ?
  • Et après l’incident, quelles suites données ?
  • En cas d’absence d’un collègue, qui prend le relais ?

 

Anticiper ces moments de tension permet d’améliorer leur prise en charge, d’agir collectivement, de permettre aux collègues de garder leur capacité à passer à l’action, de se protéger (on n'est jamais seul pour prendre en charge et la manière d’agir a été décidée collectivement) et enfin de se former !

C’est également une bonne occasion de réfléchir aux quelques bons réflexes à adopter : solliciter un collègue, isoler ou pas un élève, garantir la sécurité, respecter la confidentialité, éviter que la scène se déroule en public, etc.

Étape 3 - Rédiger et diffuser des fiches de gestion de crise

Les fiches de gestion de crise font partie des rares outils qui ont survécu aux années dans notre école (bientôt 10 ans !) et des documents que j’ai le plus diffusés en dehors de l’école. 

Elles vont être utilisées en situation d’urgence et doivent être facilement accessibles à tous et leur lecture doit être simplifiée au maximum : 

  • une fiche par situation ;
  • une mise en page identique à toutes les fiches qui permet de mettre les informations essentielles en évidence ;
  • un contenu qui va à l’essentiel 3-4 parties maximum pas de long texte rédigé.

 

Rien ne sert de démultiplier le nombre de fiches, vos collègues finiraient par s’y perdre. Pour rester efficace, il est préférable de cibler les quelques situations principales qui ont déjà été, ou pourraient, être source de difficulté dans votre école.

Astuce : une fois les premières fiches faites, vous pourrez repartir de la trame choisie pour établir les prochains protocoles avec votre équipe.

Étape 4 - Actualiser régulièrement les protocoles

Le point sécurité fait partie des rituels de la rentrée… Mesures vigipirate, évacuation incendie, PPMS et fiches de gestion de crise ! À chaque rentrée ses changements : mouvement de personnels, répartition des élèves, ventilation des personnels ressources, AESH, utilisation des locaux… 

Les protocoles nécessitent d’évoluer en fonction des moyens réellement disponibles, mais également des enseignements tirés de l’expérience des années précédentes. Inscrire un point à l’ordre du jour d’un conseil des maîtres, idéalement en début pour ne pas perdre de temps, permettra de banaliser un temps de réflexion pour revoir l'organisation. 

Cela aidera également à sensibiliser et former les collègues aux stratégies retenues dans votre école pour faire face à ces moments difficiles. 

En effet, initier les collègues nouvellement nommés ou débutants et réactiver les réflexes des plus anciens est fondamental pour garantir que tous soient en capacité d’adopter des réflexes protecteurs.

Étape 5 - Et quand c’est arrivé, on fait quoi ?

Lorsque des collègues se retrouvent pris dans une aventure, c’est toute l’école qui prend le relais pour le soutenir et lui laisser le temps de reprendre son souffle. 

La gestion de la crise ne correspond malheureusement pas à la fin de l’incident. Ce type d’événements a un impact sur l’ensemble de la communauté et peut prendre du temps et ne peut se borner aux seuls protagonistes. 

La première dimension à interroger est la temporalité

  • Que fait-on immédiatement après pour finir la journée ? 
  • Le lendemain ? 
  • Et ensuite, pour retrouver petit à petit un rythme de croisière ? 

 

La deuxième dimension est humaine

  • Si les premiers gestes sont dirigés vers les personnes directement impactés par la crise, quelles sont les conséquences sur l’ensemble de la communauté ?

 

Elodie Leclercq, directrice d’une élémentaire REP, politique de la ville en cité éducative depuis 2002

Découvrir nos fiches pratiques sur la direction d'école par période :

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