Mais comment ?! Alors que nous allons toutes et tous profiter d’un bel été caniculaire et enfiler nos plus belles tongs de plage, v'là que cette chronique vient nous replonger dans une eau saumâtre ?

OUI. Et c’est pour votre bien. Car il faut savoir prendre du recul pour aborder des questions délicates. Nous avons toute l’année bien des conseils et bien des sollicitations pour ne pas avoir le temps de consacrer un peu de cortex à ce sujet. 

Oui, être prof, c’est transmettre des savoirs, faire preuve de pédagogie envers ces petits êtres fragiles, les faire évoluer. Mais c’est aussi travailler avec des adultes qui sont déjà les citoyens d’aujourd’hui. Pas de demain. Et qui ne sont pas les biscottes les plus faciles à beurrer.

OUI, on bosse tous avec eux. Les Enzo qui ont grandi. Parfois trop vite. Des anciens élèves problématiques qui sont devenus des collègues problématiques. Des cons. 

Alors avant de se jeter dans l’onde, voici un petit recap non exhaustif de qui ils sont et comment les gérer. Une chronique qui vous servira autant qu’un couteau suisse en terres inconnues.

Quelques profils de spécimens du métier de prof…

• Prof depuis 1987. Même cours depuis 1986. Immobile dans son positionnement et persuadé qu’il ne faut SURTOUT PAS BOUGER ou changer quoi que ce soit. Corrige en rouge fluo et utilise toujours le rétroprojecteur.
• Commence ses phrases systématiquement par “Ah non, mais moi je….” pour signifier à quel point tu es un amibe. Une ? “Ah non, mais moi je dis UN”.
• Raconte des anecdotes durant 75% du conseil de classe en donnant des coups d’épaule à son voisin de droite.

Comment lutter ? 

• L’arme de destruction passive dite du regard vide. Il vous parle et vous pensez au gratin dauphinois de votre grand-mère ou s’il vous reste du PQ.
• Vous hochez la tête environ toutes les 12 secondes et vous partez dès qu’il prend une profonde inspiration. Le changer ? Vous vous prenez pour Moïse ? Allez plutôt ouvrir la Mer en deux, ce sera plus easy.

• Voix douce, mais propos vide. Amie avec tout le monde, donc avec personne. Rigole de tout à la cantine pour ne vexer personne. Ponctue ses fins de phrase par “Oui t’as peut être pas tort”, même si tu viens de dire qu’il faudrait égorger des chatons pour en faire des porte-clés.
• Pense que tous les élèves ont du talent et méritent des encouragements même celui qui a déféqué dans son porte revue : “Il s’est exprimé à sa manière !”

Comment lutter ? 

• L’humour noir sous-marin. Distiller des remarques à haut degré ironiques quand elle vante les mérites des devoirs qu’elle reçoit : “Tu connais chat GPT ?”.
• Mettre du piment dans son assiette de graines de chia et lui dire qu’elle a pris un sacré coup de soleil pour un mois de décembre. La laisser avec le “verre Sécurit” dans une pièce et fermer à clé pour voir qui s’en sort.

• L’apex predator. Pas si rare que ça. Pas vraiment en voie d'extinction... Évolue aussi bien en salle des profs qu’en salle de classe devant apprenant.
• N’a aucune limite intellectuelle, car dépourvu de cortex cérébral. Une poule qui a trouvé un fusil mitrailleur mais qui tapote sur la gâchette.
• En général, se croive meilleur que les autres, sauf en grammaire. Pense que l’EVARS consiste à raconter comment il a ramené Miss camping 2004 dans son lit de camp, alors qu’il portait uniquement son caleçon Bob L’éponge (et montre les photos aux collègues et aux élèves).
• Pense que faire la bise au proviseur lui apportera une belle opportunité d’avancement.

Comment lutter ? 

• L’insulte mentale. D’une violence inouïe sans ouvrir la bouche, permet de projeter le prédateur dans les cordes virtuelles sans vous salir les mains, car parler aux imbéciles, ça les instruit.
• Ou comme on peut le lire sur le net : “Argumenter avec des imbéciles, c’est comme jouer aux échec avec un pigeon, peu importe votre niveau, le pigeon va juste renverser toutes les pièces, chier sur l’échiquier et se pavaner fièrement comme s’il avait gagné.” Aveu d’impuissance. Prenez juste de la hauteur. pour éviter les odeurs.

• Répète la même anecdote depuis 2009 : “Les prochaines vacances, c’est quand déjà ? ; Ils sont pas pires que l’année dernière les 4èmes B2 !? ; Et on est encore loin de la retraite hein !”.
• Parvient à vous briser mentalement dès 7h18 un lundi matin en deux phrases : “Tu sais que le petit Mathias m’a appelé papa la dernière fois ?”. 
• Donne envie de se ligaturer les tympans avec un stylo 4 couleurs. Propose la même sortie chaque année aux élèves. Sortie qui échoue à cause d’un souci de budget. Recommence l’année suivante avec le même budget.

Comment lutter ? 

• Mettre le ver dans la pomme. Lui faire croire qu’il est dans la matrice et que rien de ce qu’il vit est réel. 
• Changer son code de photocopies, qu’il a depuis 15 ans (la naissance de sa chienne Lolita, je t’ai déjà montré des photos ?). 
• Prononcer les mêmes phrases que lui, mais AVANT lui, pour le désarçonner : “Ca va.  Comme un mardi !” Mais le dire LE LUNDI.

• Son EDT ? Une machination orchestrée par la direction. Ses classes ? “Va pas me dire que c’est un hasard que je sois sur 2 NIVEAUX !”. Les élèves lui en veulent et c’est sans doute un collègue qui en est à l’origine. Et les collègues ne lui disent jamais bonjour. Sans doute car on la critique constamment.
• Se retourne quand elle marche. On ne sait jamais. Ne boit pas dans les gobelets de la machine à café : “Vous me prenez vraiment pour une dinde ingénue ?”.  Évite la salle des profs, car tout le monde mate son décolleté alors qu’elle est en col roulé de septembre à mai.

Comment lutter ? 

• Organiser son EDT en fonction du sien pour l’éviter soigneusement. Car c’est un vortex mental. Mettre un petit papier dans son casier avec écrit “je sais” et attendre que les forces de déminage débarquent dans le bahut.

Voici donc quelques profils typiques…. et si on revenait dessus le mois prochain avec 5 autres. Histoire d’être vraiment préparé…. à les affronter ! 

Bon début de vacances !

Monsieur Z., prof de lycée pro quelque part en France, dont l'humour sévit sur Facebook et sur Instagram. 

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