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Pratique Evaluation

Quels systèmes de codages pour les évaluations en primaire ?

Sara Joban
24 septembre
10 mn

En primaire, les notes sont plutôt rares aujourd'hui. On voit apparaître tout un cheptel (oui, il y a même des animaux parfois !) d'échelles de graduation des niveaux d'acquisition des compétences. Un collègue de secondaire ou un parent pourrait facilement s'y perdre ! Alors, comment évaluer les élèves en primaire et rendre les résultats lisibles ? Quel est le système de notation qui vous correspond ? On fait le point en analysant les différents systèmes de codages plus ou moins connus.

Voici 6 systèmes de codage couramment utilisés dans les écoles et décryptés ici !

1 - Avec ou sans tampon, les smileys

smiley
indecision
sad

L'objectif ici est d'être synthétique et lisible par les enfants, y compris par ceux qui ne lisent pas encore. L'intention est de créer une communication directe avec l'enfant. Le souci de ce codage est d'associer l'évaluation de l'enfant à l'humeur ou au jugement de son maître ou sa maîtresse. (« Je serai content·e de toi si tu réussis », « Je suis fâché·e que tu n'aies pas réussi ! »). C'est un peu la même chose mais sans image, que les fameux AB (Assez Bien), B (Bien), TB (Très Bien) et VU qui jalonnent les marges des cahiers ou des fichiers.

Or on cherche à apprendre aux enfants à travailler pour grandir et faire par eux-mêmes, mais pas pour faire plaisir à leur enseignant·e ! De plus, certains élèves ont énormément sué et travaillé pour avoir un AB, alors que d'autres, très à l'aise sur la notion, n'ont eu qu'à donner la réponse qui venait à eux très facilement et se retrouvent avec un smiley souriant ou un TB. C'est la limite de ce système. Le message peut être décourageant et injuste comme l'indiquent les documents d'Eduscol dès 2014.

En revanche, ce qui pourrait être intéressant, c'est de faire dessiner ou tamponner ces smileys par l'élève, en auto-évaluation, pour dire s'il ou elle s'est sentie à l'aise ou non pour faire cette tâche et de voir l'évolution au fur et à mesure : leur montrer que la difficulté d'apprentissage s'estompe au fur et à mesure qu'on s’entraîne, par exemple. Néanmoins, un codage déconnecté des émotions (triste, joyeux) serait probablement plus pertinent, même dans ce cas.

2 - Les codes couleurs 

Vert, (jaune), orange, rouge. Un clin d’œil aux feux tricolores et un parallèle avec la « circulation »  et la « fluidité » des acquis. Ce système peut aider les enfants à comprendre le besoin de ralentir ou s'arrêter pour reprendre certains éléments à la base, surtout à un âge où les enfants ont du mal à revenir sur ce qu'ils ont fait, pour eux, quand c'est fini, c'est fini ! 

Là encore, ce système peut être utilisé par des non-lecteurs. Il est rapide à lire ou à écrire (un coup de gros feutre et hop !). Tout l'enjeu est de graduer les couleurs et de leur associer une signification, en faisant attention aux associations inconscientes (le rouge peut être associé à la colère par exemple).

3 - Le très répandu A-B-C-D 

Ou ses équivalents : A (Acquis, Atteint), ECA (En Cours d'Acquisition), AR (À Renforcer), PA (Partiellement Atteint) NA (Non Acquis, Non Atteint).

Lié à la notion même d'évaluation par compétence, ce codage impulsé dans les livrets et documents académiques a souvent cours aux cycles 2 et 3, avec ou sans codage couleur. D'autres variantes sont développées par les équipes sur place, selon leurs besoins pour sortir de certaines impasses, comme un élève qui rend copie blanche et pour lequel on a du mal à savoir ce qu'il sait faire. Par exemple, un NE (compétence Non Exprimée) vient compléter la palette.

De même, un élève qui a dépassé le niveau attendu pourra se voir gratifié d'un D, comme objectifs dépassés, dans le LSU. Cette échelle d'évaluation permet de bien faire comprendre pour chaque compétence où en est l'enfant. En revanche, cela peut paraître jargonneux et pompeux pour les parents moins à l'aise avec l'école et les mots. Et à part compter le nombre de A, les enfants peuvent avoir du mal à se situer au global.
 

4 - Les ceintures de compétences (par couleur)

Comme en judo ou dans d'autres arts martiaux, les progrès sont signifiés par des passages de ceintures et les détails des compétences à acquérir sont détaillées dans un tableau, ce qui permet aux enfants et aux parents d'avoir une vision globale de ce qu'il faut maîtriser pour passer ceinture bleue ou ceinture marron, par exemple. 

Ces systèmes d'évaluation sont pensés par cycle et entre cycles, ce qui permet aux enfants de ne pas repartir de zéro chaque année et de se voir progresser d'une année sur l'autre, de se rassurer sur l'avancée globale. Ce système très détaillé nécessite d'avoir réparti à l'avance toutes les nuances d'un sous-domaine par cycle ou sur plusieurs cycles. C'est un travail de fourmi pour pouvoir proposer une progression et des exercices adaptés et correspondant à la validation de chaque couleur de ceintures... 

Heureusement des associations d'enseignants ont fait le boulot ! Et avec les outils numériques, des raccourcis sont de plus en plus accessibles. Charge à l'enseignant que ça ne se transforme pas en compétition et dévalorisation de ceux qui sont moins avancés en conservant de l'intimité pour les résultats de chacun : accessibles mais pas affichés au vu et au su de tous, si les enfants ne le souhaitent pas.

5 - Des chiffres (1, 2, 3, 4), à la place des lettres

Au lieu des A-B-C-D et variantes, des chiffres plus manipulables dans les tableaux Excel pour avoir des données globales sur des compétences massivement échouées ou réussies au sein d'une classe, d'un cycle ou pour un élève, peuvent motiver à traduire en chiffres.

À déterminer si c'est avoir des 1 (comme être n°1) qui est le gage de plus grande réussite ou des 4 (donc de plus grands scores) ! Dans un cas comme dans l'autre, les enfants comparent et se réapproprient pour savoir s'ils ou elles sont "bons" ou pas, car avec tous ces chiffres, difficiles de savoir s'ils ont « bien travaillé » ou pas !

6 - Des pourcentages de réussite

L'évaluation sous forme de pourcentage est un outil puissant pour valoriser les réussites. Vous allez très vite comprendre l'intérêt motivationnel. Imaginons un texte de dictée pour des élèves de CM. Il y a fort à parier qu'il sera constitué de plus d'une cinquantaine de mots. Admettons que vous enleviez 1 point par erreur . Si l'élève a 10 fautes grammaticales et 10 fautes lexicales, alors, il aura une note de 0/20. En revanche, si vous notez son pourcentage de réussite et que vous lui corrigez 20 mots sur 50, il en a réussi 30, soit une majorité ! Pour viser la persévérance, tout est une question de point de vue. Et visualiser 60 % de réussite est toujours plus encourageant que la mise en lumière d'un 0/20. 

Il se cache quoi derrière tout ça ?

Finalement, ce n'est pas le design du codage qui compte le plus. Il se doit d'être gérable et un outil de communication efficace entre les enfants et l'enseignant·e, et également les parents et autres acteurs de la communauté éducative (RASED, CMP...).

Le plus dur est bien de créer une échelle progressive de niveaux d'acquisition des notions qui soit motivante pour les élèves (certains sont en difficulté sur tout à la fois et ont besoin de sentir qu'ils évoluent grâce à leurs efforts, aussi petits soient-ils). Nous avons également besoin que ce codage permette d'établir rapidement le niveau atteint sur chaque item lors des évaluations et de pouvoir construire la remédiation adéquate avec chacun de nos élèves.

Bien sûr, aucun système n'est parfait ! Chacun a ses limites et c'est en équipe et avec l'expérience (ou les partages d'expérience !) qu'on peut le façonner au mieux pour chaque acteur concerné. Mais disons que quelques critères fondamentaux vont déterminer leur adéquation et performance. 

l'essentiel

Et on dit quoi aux parents ?

Au-delà de ces critères, tout l'enjeu est de traduire les repères anciens, repères des notes par discipline avec lesquelles les parents d'élèves ont traversé, de façon plus ou moins heureuse, toute leur scolarité ! Ça demande du temps et de la pédagogie pour (leur faire) comprendre que l'institution nous demande de ne plus raisonner par discipline mais par compétences (grandes ou petites) pour construire un socle solide pour chaque enfant.

Les parents ont besoin de comprendre comment adapter leur niveau d'exigence vis-à-vis de leur enfant et donner des objectifs concrets : quel serait l'équivalent d'un 16/20 pour un élève à l'aise, que des A ou A et B ? Comment avec deux erreurs son enfant peut avoir tantôt A et tantôt B ? Tous les référentiels bougent et c'est un dialogue à instaurer et un apprentissage pour chaque famille qui débarque dans ce système avec son premier enfant !

Sara Joban, professeure des écoles, animatrice du groupe Facebook Prof épanoui/ssant·e

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Commentaires

  • ysaax — 26 février

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