Personnaliser vos contenus
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Depuis septembre, vous luttez avec cette classe sur le plan de la gestion de classe. Vous en avez tenté des choses : une charte de comportement, un plan de classe (voire cinq ou six), des appels aux parents, un recadrage par la direction…
Mais rien n'y fait, nous sommes presque en mars et les élèves s'ébrouent toujours gaiement pendant vos heures de cours et vous passez plus de temps à essayer de faire de la discipline qu'autre chose.
On peut dire que vous avez le moral pédagogique dans les chaussettes et vous vous demandez si c'est vraiment fichu jusqu'en juin. Lançons-nous ensemble dans l'exploration des solutions que nous pourrions mettre en place pour gérer votre classe.
On ne le répétera jamais assez : il n'y a aucun mal à avoir des difficultés avec les élèves. Cela arrive à tout le monde, du néo-titulaire au professeur chevronné et, dans ce cas, il faut impérativement échanger avec les autres : les professeurs de l'équipe, les CPE, les surveillants et la direction.
Grâce à ces échanges plusieurs choses peuvent être mises en place : vous pouvez demander au professeur principal une réunion d'équipe qui va souvent permettre de se rendre qu'on est pas seul à avoir du mal et de générer une prise en charge collective de la situation (fiche de suivi pour la classe, conseil de classe extraordinaire avec « invitation » des élèves et des parents, réunion exceptionnelle parents/professeurs pour aborder les problématiques et susciter la mobilisation générale...).
Parfois, quand le climat est explosif, il ne faut pas hésiter à demander une aide « physique ». Sur les heures les plus compliquées, on peut demander à la direction de mettre en place une co-animation avec un assistant pédagogique ou, pendant une période, faire des cours en demi-groupe (ce qui relâche la pression pour tout le monde).
On n'oubliera pas non plus (les élèves perturbateurs étant souvent ceux qui sont dans la difficulté scolaire) de prendre appui sur le psychologue de l'établissement et/ou l'assistant social pour créer des espaces de parole pour ces jeunes.
Quand ça se passe mal avec une classe, on a souvent tendance à essayer de tout maîtriser, tout calibrer, réaffirmer son autorité de « chef ». Ça n'a pas toujours les effets escomptés et cela peut même entretenir un rapport conflictuel avec la classe. Alors pourquoi ne pas prendre le problème à l'envers et se dire que la solution ne va pas venir de vous, mais d'eux ?
En effet, personnellement, quand je me retrouve dans cette configuration, arrive le moment (après m'être échinée en permis à points et autres) où j'accepte finalement, en mon for intérieur, de lâcher prise et de mettre carte sur table avec les élèves.
Généralement, j'organise un grand temps de discussion durant lequel je leur demande de livrer (à l'oral ou à l'écrit) tout ce qu'ils pensent du cours tant sur le plan des contenus, des démarches que de leurs ressentis. Je me prête moi-même à l'exercice et je dis mes inquiétudes, mon énervement, mon ennui, mon envie d'exercer différemment mon métier...
La plupart du temps, les chemins se recoupent : ce que vit le professeur va se retrouver en miroir avec les réflexions livrées par les élèves. Une fois cette étape de bilan passée et qu'on a tous constaté qu'on n'était pas très bien dans la classe, je leur demande de construire des solutions collectivement ou en groupes.
Attention, pas des intentions du type « on doit arrêter de bavarder », mais des solutions concrètes. Toutes les propositions sont abordées, puis on en choisit deux ou trois (pas plus) qui permettent de répondre aux problématiques les plus prégnantes, on les peaufine ensemble et on les met en place.
Généralement, ce travail engendre une amélioration du climat scolaire, les élèves se responsabilisent par rapport à un dispositif qu'ils ont inventé et le fait d'avoir partagé ce que l'on ressent avec eux permet de replacer l'enseignant au sein du groupe-classe.
Quand on est en difficulté avec une classe et les comportements des élèves, on a tendance à rester au maximum sur sa zone de confort pour ne pas être davantage déstabilisé : on se retrouve souvent dans une mise en place du cours très classique, on ne tente pas grand chose de nouveau car on a peur que cela provoque de plus grands débordements.
Toutefois, certaines actions pédagogiques peuvent avoir un aspect mobilisateur étonnant et qu'il ne faut pas négliger. Alors même si vous avez un peu la frousse et que, cette fameuse classe, ce n'est vraiment pas la classe avec laquelle vous avez envie de le faire, lancez-vous dans un projet, mettez en place des travaux de groupe, mettez-les au défi de situations dans lesquelles ils pourraient être valorisés.
Parfois, on a pris le problème par tous les bouts et force est de constater que rien ne marche... Dans ces cas-là, on a aussi le droit de faire le dos rond, de garder dans un coin de sa tête que ce ne sont que des ados aux comportements certes pénibles, mais que vous n'allez pas laisser influencer votre humeur.
Qu'on est pas le pire prof de la Terre pour autant et que l'an prochain on repartira à zéro avec une nouvelle classe de 5°A ! Pas évident à gérer, mais savoir dire qu'on a atteint une limite, ça veut dire capacité à la prise de recul et répartition des énergies là où elles sont utiles !
Je vous souhaite un bon deuxième trimestre plein de rebondissements !
Peggy Chrétien-Anselmo, professeure de français au collège
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