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« L'autonomie est la faculté d’agir par soi-même en se donnant sa propre loi. »
Selon cette définition, si je suis autonome, je m’autorise donc à agir selon mes propres règles et ainsi à conduire ma vie. Mon autonomie est ainsi envisagée comme la capacité à identifier mes besoins, les nommer et ainsi choisir les comportements par lesquels je peux les satisfaire.
Pour devenir autonome je dois donc prendre conscience de mes besoins, devenir conscient puis responsable de mes émotions. Dans le monde qui m'entoure, je suis autonome si je suis responsable de mes actes, si je suis responsable des conséquences de mes actes.
Isabelle Fillozat a identifié 4 phases dans la construction de l’autonomie :
Dans cette phase, le tout-petit est totalement dépendant de sa mère. Il a besoin d'elle, il ne se sent en sécurité que lorsqu'il est près d'elle. Dès qu'elle s'éloigne, il a peur, peur d'être abandonné.
En classe, l’élève dépend dans un premier temps de nous, de nos consignes, de nos attentes pour tout apprentissage scolaire. Attention, il est bien entendu que certains apprentissages n’ont aucun besoin de l’adulte pour se faire (marcher, parler par exemple).
Progressivement, l’enfant va se mettre à dire NON. Il entre dans une phase d'opposition systématique. Tant qu'il dit OUI à sa mère, il ne sait pas faire la différence entre son désir propre et celui de sa mère. Il ne sait pas s'il mange parce qu'il a envie ou s'il mange parce que sa mère a envie qu'il mange. Cette phase de contre-dépendance est une phase de recherche du désir propre, de l'individualité, de l'affirmation de soi, c'est une étape marquée par l’égoïsme.
En classe l’élève commence à dire, à manifester sa volonté de montrer son initiative. Il veut faire des propositions et ne pas faire que répondre à vos demandes.
Un peu plus tard, vient le maître mot « TOUT SEUL » : l'enfant veut faire tout seul, il cherche à explorer ses possibilités. Pour devenir un individu autonome, il a besoin de tester ses limites, de savoir ce dont il est capable seul. Il refuse pendant cette période l'aide ou même le contact des autres qui lui donnent l'impression de l'emprisonner. Il quitte les liens et apprend la liberté. Il veut être indépendant.
Dans la classe, l’élève refuse votre aide. Il manifeste son agacement quand aucun choix ne lui est proposé. Il veut montrer qu’il a grandi, dans son comportement, dans son apprentissage, dans sa maîtrise du savoir jusqu’à rencontrer une nouvelle difficulté…
L’enfant, dans cette phase, sent à nouveau le besoin de contact et le demande. Il est devenu capable de s'exprimer et de demander parce qu'il a appris à reconnaître son désir, parce qu'il sait qu'il existe en tant que personne et parce qu'il est libre. Il entre dans la phase d'interdépendance.
En classe, l’élève rencontrant une difficulté est capable de demander de l’aide. Il ne sent pas prisonnier de vous, il interagit.
On voit comment ces 4 phases sont traversées par tout individu de 0 à 99 ans (on peut encore après) dans tout apprentissage. Une boucle sans cesse recommencée.
Être autonome à l’école, c’est développer des compétences qui permettent de mobiliser des savoirs, savoir-faire et savoir-être pour réaliser seul une tâche.
Philippe Merieu a défini ces compétences. On pourra s’appuyer sur cette catégorisation pour savoir ce qu’on pourrait accompagner au sein de nos classes et plus particulièrement dans cette période de travail à distance. Une première série qui peut être travaillée / accompagnée / construite à distance :
Les compétences ci-dessous seront développées plus tard au sein de la classe, car votre présence, votre médiation, votre expertise pédagogique sont nécessaires :
Quelques points de vigilance avant tout :
⇒ Finalement le contrat de cette continuité pédagogique ne devrait-il pas être passé entre VOUS et vos élèves ? Vous proposez des activités pour maintenir un lien avec l’école mais l’école, telle qu’elle se fait au sein des murs, ne peut être celle conduite hors les murs. Il nous appartient, bien inconfortablement, d’imaginer autre chose, autrement.
Pour illustrer ce contrat, imaginez-vous dans votre classe. Lorsque vous proposez du travail, il ne vous viendrait pas à l’esprit d’appeler tel ou tel parent pour lui dire de demander à vos élèves de travailler ? Non, vous trouvez une manière de passer un contrat didactique avec vos élèves. Reste à inventer, oser une manière de passer ce contrat à distance. Les parents ne seront là que pour rappeler à leurs enfants qu’ils ont un contrat avec vous.
Personnellement, j’imagine un coup de fil régulier (si vous voulez appeler en “masqué”, il suffit de composer #31# avant votre numéro) pour rappeler l'enfant à l’activité, savoir comment ça se passe, pourquoi rien n’est fait si besoin.
Pour construire des propositions qui peuvent se réaliser en autonomie, vous pourrez expliciter 3 temps de vos activités : AVANT / PENDANT / APRÈS.
Une fois l’activité pensée, il faudra EXPLICITER votre pensée à vos élèves. Pour cela :
Ces explicitations doivent se suffire à elles-mêmes. Les parents (s’ils sont disponibles, s’ils parlent français, etc.) ne seront que les médiateurs de votre consigne, de votre mise en activité.
Et puis, pourquoi pas, dans vos propositions avoir un petit encart destiné aux parents (qui peuvent prendre trop de place car voulant bien faire) qui expliciterait :
N’hésitez pas si besoin à “recadrer” leur intervention quand par exemple vous la devinez dans les rendus de vos élèves !
Un bien bel enjeu que cette autonomie non ?
Nathalie, pilote pédagogique EtrePro et instit pendant 25 ans, et Sara, PE depuis 17 ans, fondatrice du groupe Facebook Prof épanoui/ssant·e
Pour revoir l'échange en direct entre Sara et Nathalie sur l'autonomie et confinement, le replay est disponible ici !
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