Personnaliser vos contenus
Personnaliser vos contenus
Les situations exceptionnelles que nous vivons tant sur le point humain, personnel que professionnel, ont bouleversé en profondeur bon nombre de nos repères. Dans l’exercice de notre métier il nous a fallu, et nous faut, nous adapter continuellement à des situations et des contraintes nouvelles. Comment nous positionner le plus efficacement possible face à cette invitation à (ré)inventer nos modes d’action pédagogique ? Comme pour la personnalisation de nos interventions en classe dans le cadre de la différenciation, les bascules vers d'autres modes d'enseignement mettent à l’épreuve notre capacité d’adaptation et nos capacités à revêtir les méthodes et l’éthique du praticien chercheur en pédagogie comme le décrit Isabelle Peloux ?
Enseigner en mode bêta c’est en fin de compte le lot de chaque enseignant. Nathalie nous en dit davantage.
Cet article est la transcription du Podcast ÊtrePROF, extrait du Kit "Différencier mon enseignement" disponible à l'écoute ici.
Vous vous dites que vous avez très envie que votre classe ressemble à cette classe décrite sur le blog d’une collègue qualifiée d’innovante. Vous sentez bien que le passage de l’idée à la réalité demanderait que vous lâchiez votre mode de fonctionnement actuel. Que vous lâchiez le connu pour aller vers l’inconnu. Nous allons voir ensemble comment passer à l’action, comment oser le premier pas même imparfait et finalement travailler notre agilité si précieuse pour la différenciation. Et si pour cela on s’inspirait des développeurs informatiques ?
La peur de l’inconnu et du changement nous empêche de nous adapter parfois très rapidement à ce qui se passe en classe. Pour accompagner la diversité de nos élèves, c’est justement de l’agilité dont nous avons le plus besoin : être agile pour passer d’une situation à l’autre, pour passer d’une posture à l’autre, pour créer un petit truc qui aidera untel dans son exercice de maths ou unetelle dans l’organisation de son classeur de cours.
Pour faire le diagnostic de notre peur parfois panique d’oser la nouveauté, envisageons les raisons les plus invoquées :
C’est cette dernière excuse sur laquelle nous nous arrêterons pour envisager ensemble des pistes pour dépasser cet état de paralysie professionnelle.
Pour nous donner un cadre de réflexion, de postures et de comportements, nous prendrons comme exemple le monde du numérique et plus précisément la manière d’y tester les nouveautés, à savoir les versions bêta.
Dans le monde de la technologie, le terme bêta fait référence aux logiciels ou autres produits qui n'ont pas encore été finalisés mais qui sont mis à la disposition du public pour une sorte d'essai. La phase bêta commence lorsqu'un produit passe de fonctionnel mais hideux à perfectible mais prêt à l'emploi :
Dans cette version bêta, tout peut et tout doit arriver. Le pire comme le meilleur. On accepte et recherche ce qui ne marche pas pour l’améliorer en lien direct avec les besoins et les réalités de l’utilisation ou de l’utilisateur. La phase bêta d’un projet est une étape acceptée, normale et prévisible du développement d'un produit :
Voilà une culture professionnelle qui soulève l'idée que l'amélioration continue est bien meilleure que de tendre éternellement vers la perfection dès le premier jet. En tout cas qu’il n’est pas nécessaire d’attendre d’avoir tout anticipé et tout contrôlé pour confronter le projet à la réalité.
Et si nous entretenions avec notre pratique de classe le même rapport que les développeurs entretiennent avec leurs process et leurs livrables, les logiciels ? Notre culture professionnelle semble véhiculer l’idée qu’il faudrait réussir du premier coup. Lorsque la réussite n’est pas au rendez-vous, nous prenons le risque de rejeter la bonne idée, de passer à la suivante et nous répétons inlassablement ce cycle. Imaginez plutôt si nous adoptions la démarche de la version bêta, si chaque nouvelle tentative était traitée comme la première d'une série d'itérations, c’est-à-dire de répétitions d'un processus dans le but de les améliorer à chaque fois.
Du côté de votre enseignement, voilà à quoi pourrait ressembler une expérimentation pédagogique en appui sur la logique de la bêta :
Pour le travail des élèves, voilà à quoi pourrait ressembler l’apprentissage version bêta :
Finalement on peut tirer les invariants de toutes ces possibilités qui vous feront passer à un état d’esprit bêta test. Plutôt que la recherche de la perfection, adoptez l’amélioration continue en six étapes :
Cette boucle itérative peut s’avérer très vite vertueuse : chaque événement, même non programmé, deviendra l’occasion de faire une proposition même imparfaite. L’élément clé ici est, encore et toujours, la confiance que vous aurez dans le processus. Échouer, tâtonner et ne pas savoir en font partie.
Pensez aux leviers actionnables pour apporter des premiers éléments de différenciation dans le quotidien de la classe (ÊtrePROF, le podcast, Épisode 6) et passez-les au crible des six étapes dont il vient d’être question. Pensez par exemple à l’organisation du temps dans la classe.
Quelle est l’idée qui vous tente ? Mettons que ce serait d’introduire un rituel de respiration, remobilisation entre chaque séance ou chaque partie de mon cours.
Quel peut être le premier plus petit premier pas possible ? Trouver par exemple dix idées de rituels de moins 2 minutes. Je rédige la présentation que j’en ferai à mes élèves et je construis la grille d’évaluation qui servira à recueillir les observations concernant chaque rituel :
Vous voilà au début d’un processus méthodique et créatif que vous pourrez intégrer à vos stratégies pédagogiques pour l’appliquer aux autres leviers de différenciation que sont l’organisation spatiale, l’organisation humaine, les outils et ressources, les consignes et enfin les traces écrites que nous proposons de produire. Cette boucle itérative peut tout aussi bien être utilisée dans l’accompagnement spécifique d'un ou de plusieurs élèves.
Vous accueillez un élève présentant des troubles de l’organisation motrice dans votre classe. Reprenons notre boucle en mode bêta :
En adaptant cette manière de faire et d’envisager notre métier, nous deviendrons moins frileux à tenter de nouvelles initiatives pédagogiques et surtout nous utiliserons ce processus de façon consciente et comme faisant partie intégrante de nos gestes professionnels. Nous n’aurons plus à rougir des imperfections que les collègues, les parents pourraient voir ou que nous pensons qu’ils voient, puisqu’elles sont constitutives d’une démarche pédagogique constructive.
Librement adapté de : cultofpedagogy.com/beta-teaching/
Vous devez être connecté-e pour publier un commentaire.
Des articles pratiques et concrets !
Un contenu sélectionné par des enseignants
Une aide dans le quotidien des enseignants
Des contenus adaptés à votre profil