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Élèves, venez comme vous êtes : pourquoi et comment favoriser le sentiment d'appartenance ?

Marine Portex
19 novembre 2020 14:32
5 mn

Ne pas se sentir appartenir à l’école, c’est un peu comme arriver déguisé à une soirée qui ne l’est pas et avoir l’impression que toutes les personnes présentes se moquent de vous. Ce n’est certainement pas à cette soirée que vous allez nouer le plus de relations ou montrer l’étendue de votre talent sur la piste de danse, n’est-ce pas ?  

Le sentiment d’appartenance à l’école joue un rôle déterminant dans la prévention du décrochage scolaire en permettant notamment de favoriser les apprentissages, la socialisation et le bien-être à l’école. En tant qu’enseignant, vous pouvez contribuer à votre échelle à ce que vos élèves se sentent acceptés, valorisés, inclus et soutenus. Nous vous proposons de découvrir ce qu'est le sentiment d'appartenance et ses conséquences en vous immergeant dans le quotidien de Daria, une élève scolarisée dans un nouveau lycée. Vous trouverez également dans cet article 4 pistes d’actions à mener en classe pour répondre à cette problématique.

  1. Belong or not belong
  2. Quelles conséquences pour la scolarité ?
  3. Comment favoriser le sentiment d’appartenance chez les élèves ? 4 pistes d'actions

 

Daria a 15 ans. Aujourd’hui, elle fait sa rentrée au lycée. Elle vient juste de déménager avec sa famille dans une nouvelle ville, à des centaines de kilomètres de l’endroit où elle a grandi et de ses amis. Devant la grille du lycée, elle observe avec inquiétude les bâtiments qui se dressent devant elle et les mouvements de groupes d’élèves dans la cour. 

Ce lycée est au moins trois fois plus grand que le collège dans lequel elle était scolarisée il y a encore quelques mois. Avant même d’entrer dans son nouvel établissement, elle se sent trois fois plus petite qu’avant. Elle arrive en classe pour sa première heure de cours, l’heure fatidique de la rencontre avec ses nouveaux camarades. Parmi les regards posés sur elle, aucun n’est familier et tous semblent converger sur son t-shirt qu’elle avait pourtant soigneusement choisi la veille. Elle essaie alors rapidement de se frayer un chemin entre les tables pour trouver une place libre. Ce ne fut pas sans peine puisque plusieurs étaient déjà réservées pour d’autres élèves. C’est à cet instant là que l’enseignant entre dans la salle de classe.

remarque

1. To belong or not to belong

Le sentiment d’appartenance est un besoin fondamental de chaque être humain. Il correspond au fait de se sentir personnellement accepté, respecté, inclus et soutenu dans un certain contexte (Goodenow & Grady, 1993). 

Daria, comme beaucoup d’élèves qui vivent des moments de transition scolaire, n’éprouve pas (encore) de sentiment d’appartenance à son nouvel établissement. En effet, si le sentiment d’appartenance peut faire défaut à tous les élèves au moins une fois dans leur scolarité, certains élèves sont particulièrement à risque

Il s’agit également des élèves issus d’un groupe minoritaire au sein de la société et qui subissent quotidiennement l’exclusion (par exemple, les élèves issus de minorités sociales, culturelles et raciales, les élèves en situation de handicap, les élèves qui s’identifient comme LGBTQIA+). L’école est pour eux, selon la formule consacrée, le miroir de la société. En plus d’être sous-représentés, ces groupes peuvent parfois subir l’effet de stéréotypes négatifs liés à la réussite scolaire (Fiske, Cuddy, Glick, Xu, 2002). En conséquence, les élèves issus de ces groupes minoritaires se sentent bien souvent moins valorisés et moins écoutés que les autres. 

2. Quelles conséquences sur la scolarité ?

Qu’il soit vécu comme un rendez-vous en terre inconnue ou comme une histoire qui se répète, le sentiment de ne pas appartenir à l’école a des conséquences négatives à la fois sur les apprentissages, la socialisation et le bien-être des élèves.

En effet, au cours de cette première heure de cours, Daria éprouve du stress et de l’anxiété qui mobilisent fortement ses ressources cognitives, ne lui permettant pas de s’engager pleinement dans les apprentissages et de réussir à la hauteur de son potentiel. Le sentiment de non appartenance induit également une certaine méfiance des autres, qu’ils soient enseignants ou élèves. La classe, voire l’école, ne représente pas pour elle à cet instant un endroit sécurisant où elle peut partager ses idées et participer activement au processus d’apprentissage.

3. Comment favoriser le sentiment d’appartenance chez les élèves ? 4 pistes d'actions

Beaucoup de facteurs concourent au sentiment d’appartenance chez les élèves et tous ne se trouvent pas entre les mains des enseignants. Néanmoins, il existe plusieurs leviers actionnables à l’échelle de la classe pour répondre à cette problématique qui concernait 17% des élèves en 2015 (OCDE, 2019). 

Mettons nous dans la peau de l’enseignant qui vient de rentrer dans la classe de Daria. Que pouvons-nous faire dès cet instant pour que l’environnement de la classe lui paraisse moins hostile ?

  1. Faire les présentations. Non c’est Daria avec un “R” et pas Dalia avec “L”. Apprendre le nom de vos élèves rapidement est une façon de reconnaître chacun dans son individualité. Pour les moins physionomistes d’entre vous, n’hésitez pas à utiliser une activité brise-glace. Avoir des informations personnelles sur vos élèves vous permettra d’associer plus facilement un nom à un visage (surtout quand on a plusieurs classes). Par exemple, demandez à chacun de vos élèves de choisir 2 ou 3 hashtags pour se décrire et de les expliquer au reste de la classe. Il sera ainsi plus facile pour vous de garder en mémoire le nom de Daria (avec un “R”) si vous savez qu’elle joue au basket.
     
  2. Être inclusif. Daria veut devenir éthologue, comme son idole Jane Goodall. Veiller à inclure des représentations de l’ensemble des élèves de votre classe dans le matériel que vous utilisez et des représentations qui vont à l’encontre de certains stéréotypes sur la performance scolaire. Ne pas inclure de représentations de femmes scientifiques dans ses cours, c’est renforcer chez Daria l’idée qu’elle n’est pas à sa place en cours de sciences. 
     
  3. Créer un environnement soutenant et bienveillant. Ce levier touche, d’une part, à l’aspect purement social de la relation entre l’élève et l’enseignant. Le soutien social apporté par l’enseignant à travers notamment la prise en compte des besoins et des émotions de l’élève est ici fondamentale. Un petit mot glissé à la fin du cours en aparté pour savoir si tout va bien et si Daria a des questions est une façon de lui montrer que vous êtes attentif à son bien être et qu’un dialogue avec vous est possible. D’autre part, des pratiques pédagogiques telles que, par exemple, l’évaluation positive ou un climat de classe non-compétitif favorisent également la participation des élèves.
     
  4. Encourager les relations positives entre pairs. Isolée au fond de la classe, Daria a, a priori, besoin d’un petit coup de pouce pour aller à la rencontre de ses camarades et nouer des liens. A l'adolescence particulièrement, le groupe de pair est une source très importante de soutien pour bien vivre l’école. Les travaux coopératifs notamment constituent une opportunité pour chaque élève de faire des expériences positives en groupe. Dans cet objectif, une attention particulière doit être portée à ce que chaque élève joue un rôle dans le groupe et se sente accepté par les autres membres.

 

La sonnerie retentit. Il est l’heure pour Daria de se rendre à son prochain cours. Alors qu’elle franchit la porte de votre classe, vous pouvez deviner un petit sourire derrière son masque. Bien sûr, les actions que vous aurez mises en place au cours de cette première heure ne sont pas magiques. Le sentiment d’appartenance se développe dans la durée, au fil des expériences et des interactions. Néanmoins, elles auront permis de baisser le niveau de stress chez votre nouvelle élève et participé à poser les bases d’une relation de qualité et de confiance.

Il existe bien évidemment d’autres pistes d’actions pour favoriser chez vos élèves le sentiment d’appartenance (Saint-Amand, 2017), à adapter en fonction du contexte et de votre posture d’enseignant. C’est pourquoi, n’hésitez pas à partager vos bonnes idées et pratiques en commentaire !

Marine Portex

Docteure en psychologie cognitive spécialisée dans les apprentissages scolaires et co-rédactrice du Guide pratique “Déconstruire les croyances (erronées) sur l’intelligence scolaire”

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