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Parler de Noël en classe, est-ce bien laïque ?

Claire Legall-Donot
2 décembre 2020 17:59
8 mn

Et voilà, décembre est arrivé et avec lui le compte à rebours de Noël qui s’enclenche. 

Pour certains, c’est l’euphorie : « À nous décorations de sapin, Do it Yourself à paillettes et un chocolat par jour pour combattre la déprime !!! Youpiiiiiiiiii ! » Pour d’autres, levée de bouclier : « Au nom de la laïcité et de la neutralité de l'État, moi professeur des écoles, je bannirai le mot Noël de mon vocabulaire pour tout le mois de décembre. »
 

Et bien soyez tous rassurés, il peut y en avoir pour tous les goûts. Car oui, il est possible de parler de Noël tout en respectant la laïcité voire mieux : pour la nourrir !

Car on oublie souvent que tous ceux qui fêtent Noël ne sont pas forcément des croyants ! En effet, Noël n’est pas seulement une fête religieuse. Il est bon de le rappeler à tous, aux élèves et à leurs parents. Pourquoi ?

  • Pour mieux comprendre notre calendrier ;
  • Pour mieux vivre dans le monde qui nous entoure et mieux le comprendre ;
  • Pour enrichir sa connaissance de l’autre et de ses coutumes pour mieux le respecter.


Donc oui, on en parle, surtout au cycle 3 ! Mais comment ?
 

Et si on commençait par quelques points de rappels sur les origines de Noël ?

C’est par l’entrée historique que j’aime entrer dans le thème de Noël. Cela permet de dédramatiser et d’éviter toute interprétation erronée de la démarche

On se remet ici dans le contexte du Noël du XXIè siècle car, si cette fête est importante pour les chrétiens du monde entier du fait de son lien avec les textes bibliques et qui la fêtent d’ailleurs de manières très différentes d’une contrée à l’autre, cette fête est aussi passée dans les coutumes séculières du pays et des millions de personnes, athées, agnostiques ou d’autres convictions, s’en sont emparées. Sur mes 20 années d'enseignement en REP, en cycles 2 et 3, je n'ai jamais eu de remarques ou de plaintes de la part des parents d'élèves concernant cette approche laïque.

document utile

La date

Si les historiens ne sont pas tous d’accord sur l’origine exacte de Noël (au 25 décembre), ils s’accordent à dire qu’elle n’est pas d’origine chrétienne. Elle serait davantage d’origine païenne, c'est-à-dire issue des religions polythéistes de l'Antiquité (fête de Mithra, divinité de la lumière, ou de Saturne, dieu du soleil, Odin, dieu Viking…) et daterait de 100 à 200 ans avant notre ère

Par ailleurs, le lien avec le rallongement de la durée du jour semble être le point de convergence de toutes les croyances nommées ci-dessus. Effectivement, le solstice d’hiver ayant lieu le 21 décembre, les jours ne commencent à rallonger que quelques jours plus tard. Le 25 décembre aurait été choisi et fixé en 274 par l’Empereur Aurélien, et repris plus tard par les Empereurs chrétiens des IIIè et IVè siècles. 

Si cette date a longtemps été préemptée par l’Église chrétienne catholique comme date de début de l’année liturgique et de naissance de Jésus, c’est davantage pour le symbole du renouveau qu’elle porte que pour sa précision calendaire car les dates des naissances n’étaient pas enregistrées il y a 2000 ans comme elles le sont aujourd’hui : pas d’état civil, pas de registre des naissances… Jésus serait même peut-être né le 6 janvier, le 25 mars ou encore le 10 avril…. Il est à noter que les chrétiens orthodoxes fêtent Noël le 7 janvier !

Préparer Noël en classe : des idées créatives et réflexives

Le sapin

Aucun lien avec les croyances : il réapparaît en Allemagne au XVIe siècle lors de cette fête, mais il était utilisé il y a bien longtemps. Entre 2000 et 1200 avant notre ère, on parlait déjà d’un arbre (l’épicéa, arbre de l’enfantement), le jour du 24 décembre ; on considérait ce jour comme la renaissance du soleil.

Les Celtes avaient adopté un calendrier basé sur les cycles lunaires : à chaque mois lunaire était associé un arbre, l’épicéa fut celui du 24 décembre. Pour le rite païen du solstice d’hiver, un arbre symbole de vie était décoré avec des fruits, des fleurs et du blé. Donc rien de chrétien ici non plus. Pour aller plus loin, un article d'Histoire pour tous pour découvrir l'histoire du sapin.

Le Père-Noël

Inspiré du personnage de Saint Nicolas fêté particulièrement en Allemagne, il présente la même symbolique que ce dernier : longue barbe blanche, un bonnet de fourrure… Des rennes attelés à un traîneau le suivent pendant ses voyages. Saint Nicolas, lui, voyageait sur le dos d’un âne. Pour les Américains, Saint Nicolas devient Santa Claus. Vous pouvez consulter cet article de Sciences et Avenir qui reprend toutes les origines du personnage du Père Noël et voir ou revoir cet épisode de C'est pas sorcier :

Avant de se propager en Europe, le personnage Saint Nicolas a été importé aux États-Unis au XVIIe siècle par des immigrés allemands ou hollandais, où il aurait pris une ampleur commerciale, subi des transformations vestimentaires et culturelles pour se transformer en Père Noël qu'on connaît actuellement. La marque de soda la plus connue au monde a même relooké ce personnage pour lui donner les couleurs blanche et rouge qu’on lui connaît aujourd’hui (comme les couleurs de sa bouteille) ! Aucune connotation chrétienne non plus ici.

En somme, la date provient des croyances païennes en lien avec le rallongement des jours, le sapin était déjà utilisé par les Celtes des siècles avant notre ère et le père Noël vient d’Amérique. On peut donc respirer et en parler à l’école !

Mais le calendrier de l’Avent alors ? 

Effectivement, le calendrier de l’Avent (écrit avec un « e » ) est une coutume liée à la liturgie chrétienne. Maintenant, cette fête de Noël s’étant beaucoup sécularisée (autrement dit, elle est passée dans les coutumes laïques), ce calendrier en a fait de même ; on voit un florilège de calendriers pour enfants (et pour adultes) fleurir en décembre… Et quel plaisir de manger un chocolat par jour dans l’attente du Père-Noël !

Alors, parfois, on triche aussi un peu en classe. Pour ma part, je fais un calendrier qui décompte les derniers jours de l’année : c’est mon calendrier de « l’Avant nouvelle année » (avec un « a »). Comme ça, on s’épargne des justifications inutiles et on reste bien dans une position neutre.

En plus, ça motive les troupes et on se fait des petits plaisirs tous les jours de ce mois si froid : un mot gentil par jour à dire à un camarade, un petit cadeau, une petite gourmandise, un petit jeu de mot, une devinette, une petite pensée… Tout un tas d’idées qui renforcent les liens des élèves dans la classe et contribuent à instituer un climat de classe serein. 

Action !

Trois outils pour parler des fêtes religieuses en dehors des fêtes de fin d'année

Le sujet pouvant aussi paraître complexe à appréhender, il est très utile de s’appuyer sur des outils développés par des associations expertes du sujet, des organes de presse pour enfants ou autre et permettant des apprentissages liés avec l’EMC :

Est-ce que tout le monde fête Noël ? - 1 jour 1 actu

Pour comprendre pourquoi certains fêtent ou pas Noël, ainsi que les différentes manières de le faire dans le monde. On traitera ici des différentes façons de pratiquer une activité religieuse ou culturelle. Le respect de chacune des coutumes sera le point de vigilance, aucune ne devant être mise en avant par rapport aux autres (neutralité oblige).

Mille et une pratiques - Vinz et Lou

Les outils Vinz et Lou sur « Un calendrier pour tous » et des activités pour découvrir les différentes fêtes religieuses. On y découvrira ici des vidéos et activités de classement des fêtes civiles ou religieuses avec des explications pour chacune d’elles.

Guide - Mettre en œuvre une séquence autour des personnages et des fêtes religieuses

Pour les collègues de cycle 3, trois séances pour aborder les thèmes des personnages et des fêtes au travers de l’organisation de débats réglés à partir de vidéos du programme Vinz & Lou (Séances 1) et d’activités ludiques extraites du jeu L’Arbre à défis développé par l’association ENQUÊTE (Séances 2 et 3).

Alors, OUI, on peut parler de Noël en classe (mais on n’est pas obligé). On peut même en faire un objet d’étude, d’apprentissage sur les cultures du monde, sur le respect des autres, et en faire aussi un moment de plaisir partagé. 

Et donc on peut mettre un sapin (sans connotation ou décoration religieuse bien sûr), on peut porter de magnifiques pulls de Noël avec des rennes, des petits lutins ou le Père-Noël, faire du pain d’épices et surtout, surtout, manger des chocolats ! (ouf, on est sauvé, la magie de Noël est préservée !)

Après, les décorations, les paillettes, les étoiles, c’est à vous de voir, mais attention à rester du côté séculier de la barrière !

Claire

Enseignante en REP depuis 2004, cycles 2 et 3
Enseigne les faits religieux depuis 2015

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