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Vous vous réveillez brusquement dans la nuit, une goutte de sueur pédagogique dégoulinant lentement sur votre front. Cauchemar effroyable : tous vos élèves décrochaient de l’école. Le matin suivant, vous arrivez dans votre établissement les yeux cernés et la boule au ventre. Votre première heure de cours de la journée, habituellement si tranquille avec les 5ème 3, vire à l’angoisse.
Vous devenez hyper vigilant et voyez le décrochage scolaire dans les moindres faits et gestes de vos élèves. Mathias, bras croisés, qui ne cesse de bâiller. Yasmine qui vous regarde d’un air déconcerté ne sachant pas répondre à une question pourtant évidente. Lili, qui rétorque « Je suis dans mon comportement, ben ouais ! » à une demande de retour au calme. Vous n’avez désormais qu’une seule idée fixe en tête : prévenir le décrochage chez vos élèves ! Encore vous faut-il savoir ce que c’est concrètement et apprendre à le repérer chez vos élèves...
Pas de panique, vous trouverez dans cet article 3 étapes clés, étayées par les derniers résultats de la recherche pour vous aider à repérer les premiers signes de décrochage dans votre/vos classes :
Il est évident que ni la nonchalance de Mathias, ni le trou de mémoire de Yasmine, ni même l’insolence de Lili ne suffisent à eux seuls à déterminer si certains de vos élèves présentent des signes avant-coureurs du décrochage.
La recherche a mis en évidence que les élèves les plus à risque de décrochage sont ceux dont l'engagement et les performances scolaires sont les plus faibles (Archambault & Janosz, 2009 ; Bowers, Taff & Sprott, 2013) :
Ne cherchez pas à tout interpréter. Le recueil de ces deux indices - engagement et performances scolaires - vous permettra d’identifier correctement les situations de décrochage dans près de 80% des cas (Archambault & Janosz, 2009).
Vous pensez être le seul à ne pas dormir sur vos deux oreilles. Détrompez-vous ! Le décrochage scolaire a hanté les nuits de toute une communauté de chercheurs après avoir découvert qu’il n’avait pas qu’un seul visage. Bouh ! En effet, si nous avons tous en tête un prototype unique du décrocheur (= élève perturbateur en grande difficulté dans les apprentissages) ; la réalité est beaucoup plus diversifiée. À l’heure actuelle, quatre profils de décrochage sont relativement stabilisés dans la littérature scientifique (ex. Janosz et al., 2000).
Il existe tout d’abord des élèves qui décrochent précocement, c’est-à-dire que l’abandon de l’école intervient au cours du collège ou au début du lycée, notamment passé l’âge d’obligation d’instruction (16 ans). Pour ces élèves, le décrochage apparaît comme le dernier épisode d’un parcours de vie défavorable initié dès l’entrée à l’école primaire en raison d’un accrochage manqué avec l’école. Cet accrochage manqué serait dû à un décalage entre les attentes scolaires relatives au métier d’élève (attentes implicites, tels que les attitudes et comportements à avoir en classe) et le contexte de socialisation plus défavorisé chez ces élèves (sur le plan familial, social, culturel, économique).
Par conséquent, ces élèves se retrouvent au cours de leur scolarité en situation d’échec scolaire avec parfois un désengagement au niveau comportemental (troubles du comportement, attitudes désinvoltes, etc.) et/ou émotionnel (résignation acquise face à l’échec scolaire, faible estime de soi, etc.)
Parmi les décrocheurs dits « précoces », deux profils se distinguent :
Pour les deux autres profils, le décrochage est généralement plus tardif, c’est-à-dire que la rupture scolaire intervient au cours du lycée ou à la fin du lycée (par exemple après un premier échec au baccalauréat). Le parcours scolaire est similaire à des élèves non décrocheurs, ce qui en fait deux profils extrêmement difficiles à repérer.
Chez ces élèves, ce sont généralement des évènements de vie (orientation subie ou contrainte, harcèlement, échec à un examen important, décès d’un proche, etc.) ou des épisodes développementaux (déviance sociale à l’adolescence, influence des pairs) qui mettent à mal leur engagement scolaire et épuiser les ressources qu’ils sont capables de mobiliser à l’école, entraînant ainsi la rupture scolaire.
Bon c'est bien beau ce que dit la recherche ! Mais dans ma classe, je fais comment concrètement ?
Je ne vois pas tout, je n'ai pas forcément le temps de m'y plonger (car je ne sais pas par où commencer)... Encore une fois, la recherche est là pour vous aider !
À cette étape, vous pouvez déjà avoir quelques intuitions sur l’état du risque de décrochage dans votre classe, observer votre fréquence cardiaque baisser et votre pouls ralentir. D’autres bonnes nouvelles ? Nous vous proposons un outil complet pour 1) identifier de manière systématique les problématiques d’engagement et d’apprentissage les plus saillantes dans votre classe et 2) vous guider vers les actions pédagogiques de remobilisation les plus pertinentes et adaptées.
Juliette, professeure de lettres et mentor ÊtrePROF, vous présente la grille d'observation (avec une version pour le premier et le second degré) qui est accessible en vous inscrivant au parcours.
Le lendemain matin, vous vous réveillerez certainement plus apaisé et confiant - même le moteur du camion poubelle ne sera que ronronnement à vos oreilles. Et surtout, les terreurs nocturnes de la veille auront disparu. Cela dit, la salle de classe est une source d’inspiration inépuisable et il y a bien d’autres rêves qui agiteront vos nuits... comme par exemple celui où des crabes mous découpent toutes les copies de vos élèves sur la grande plage des Sables d’Olonne pour façonner des toboggans en papier mâché...
Cet article est extrait de Décrochage scolaire, qu'en dit la recherche rédigé par Fernando Núñez-Regueiro, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation à l’Université Grenoble-Alpes et auteur d’une thèse sur le décrochage scolaire.
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