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Prof stressé à la rentrée : une fatalité ? Nos conseils !

Aurélia Le Royer
26 août 2021 12:39
5 mn

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En tant que professionnel de l’éducation, notre métier coche, comme vous allez le lire dans cet article, quasiment toutes les cases pouvant amener une réaction de stress.

Certains moments clés de l'année sont encore plus propices à se sentir “submergé” : la rentrée, les périodes de conseils de classe donc de remplissage de bulletins ou livrets scolaires, les réunions parents-profs, le milieu d’année quand on voit tout ce qu’il reste à faire dans le programme sur le peu de temps disponible et la fin d’année avec la préparation de la future rentrée (constitution des classes, répartition, inventaires, commandes, rendez-vous de dernières minutes pour des réorientations…).

Le stress de la rentrée chez les enseignants

Loin d’être une fatalité, ces moments sont au contraire précieux pour apprendre à mieux se connaître et mettre en place des actions simples et efficaces pour éviter que votre stress ne devienne chronique au fil du temps.

Dans cet article, nous allons donc définir ce qu’est le stress (dit aigu) puis nous nous poserons des questions clés permettant d'analyser son stress (notamment en lien avec la rentrée) avant de donner une première piste pour nourrir la sérénité en soi.

1. Qu'est-ce que le stress dit aigu ?

Le terme « stress » apparaît dans la littérature anglaise vers le XIVe siècle et vient du vieux français « estrece » (étroitesse, oppression).

Vers 1940, Hans Selye, fondateur, directeur de l'Institut de médecine et chirurgie expérimentale de l'Université de Montréal et pionnier des études sur le stress, décrit trois stades d’évolution du Syndrome Général d’Adaptation : phase d’alarme, phase de résistance, phase d’épuisement. (1)

Aujourd'hui, le mot « stress » est devenu un mot « fourre-tout parlant à la fois de la cause, de la réaction de l’organisme et des conséquences sur la santé. C'est un mot utilisé pour désigner une simple peur (la voiture qui dérape sur une flaque d'eau) mais également l'aspect chronique (la boule au ventre quotidienne qu'éprouvent certaines personnes à l'idée de devoir se lever pour aller sur leur lieu de travail).

Clarifions tout cela !

a. Définition générale

Le stress est une réponse de notre « être » pour s'adapter à une situation :

  • nouvelle et/ou
  • inconfortable et /ou
  • imprévisible et/ou
  • sur laquelle nous n'avons pas le contrôle.
     

Exemples : intégrer un nouvel établissement ; tomber en panne en plein milieu d'un trajet ; voir son train supprimé remettant en question tout son voyage ; recevoir un appel annonçant que son enfant s'est blessé lors d'une activité sportive etc.
NB : Je ne cite volontairement pas des exemples de situations beaucoup plus stressantes car certaines personnes anxieuses pourraient faire des projections...

Le stress apparaît aussi quand les contraintes semblent supérieures à nos ressources.

Exemples : avoir un temps trop court pour réaliser une action qui en demanderait le double pour être menée avec sérénité ; s'occuper « seul » d'élèves avec des problématiques très spécifiques qui nécessiteraient la prise en charge d'une équipe de médecins, de psychologues pour nous soutenir dans nos démarches, etc.

 Ce que l'on nomme stress est en fait un ensemble des réactions de notre organisme face à cette situation. Il convient également de séparer le stress aigu du stress chronique. Dans cet article, nous parlerons du stress aigu, notamment en lien avec la rentrée.

b. Stress aigu : merci pour notre survie !

Si une menace (réelle ou via une formation mentale) est perçue, l'information est transmise via l’amygdale du cerveau avec libération de noradrénaline et adrénaline. Le système nerveux autonome sympathique s'active alors : stimulation du système cardiovasculaire, respiratoire, énergie vers les muscles, hypervigilance, prise de décisions qui s'imposent dans l'immédiat (pas forcément réfléchies). Puis une fois la menace passée, le système parasympathique est activé ramenant le calme.

On donne souvent l’image de la pédale d'accélérateur pour le système sympathique et de la pédale du frein pour le système parasympathique. Les deux sont utiles quand ils sont utilisés à bon escient. Cette image permet de bien se rappeler qu'il n'y a pas « un bon » et un « mauvais » système. Cet enchaînement de réaction physiologique nous protège, assure notre survie et est totalement « inoffensif » s'il reste peu fréquent.

Par ailleurs, cette réaction physiologique du stress est nécessaire pour être « performant » et optimiser sa concentration. Le stress avant un examen, avant une prise de parole en public, avant une représentation artistique, avant un événement marquant (mariage, naissance) que l'on peut nommer « trac », est en effet considéré tel un boosteur. Le corps réagit comme sous l'effet d'une « menace » et, en activant le système sympathique, permet de mettre à notre disposition plus d'oxygène, plus de glucose (indispensable au cerveau et aux muscles), d'être plus vigilant, etc.

Là encore tout est une question de dosage (on parle de la zone optimale du stress) car si ce stress aigu prend trop le dessus, il peut faire perdre ses moyens à la personne : trous noirs, malaises vagaux…

2. Le stress de la rentrée: un stress aigu à écouter et analyser

La rentrée répond donc aux critères pouvant déclencher une réaction de stress : c’est une nouveauté chaque année ; pour certains les futures conditions d’exercices sont loin d'être confortables et la sensation de ne pas avoir le contrôle de la situation est prégnante. Sans parler du fait que toutes les contraintes inhérentes à la rentrée et à la future année scolaire semblent au premier abord largement supérieures aux ressources dont on semble disposer.

Cependant, prendre le temps de réaliser un « arrêt sur image » afin de faire un point sur sa situation est un premier axe qui va vous permettre de sentir votre état de stress diminué. Voici donc quelques questions clés à se poser (pensez à bien dater vos prises de notes) :

a. Quels sont vos  « stresseurs » du moment ?

Nous appelons stresseurs tous les facteurs qui vont déclencher chez vous la réaction naturelle et physiologique décrite ci-dessus.

Parmi les stresseurs de la rentrée, certains vont peut-être noter le fait d’appréhender :

  • le relationnel avec les élèves et les parents ;
  • l’emploi du temps qui peut ne pas convenir ;
  • le trajet ;
  • une nouvelle région dont le fait d’arriver à retrouver une vie sociale dans un environnement inconnu ;
  • une nouvelle direction (ou tout autre changement de collègues) ;
  • les nouveaux programmes ;
  • les effectifs ;
  • son futur poste donc ses futurs niveaux d’enseignement (qui pour certains sont inconnus jusqu'à la dernière minute).

Pour d’autres, à tout ceci peut s’ajouter la peur de ne pas être à la hauteur, d'être débordé…

=> Posez-vous quelques instants afin d’écrire de façon la plus précise possible tout ce qui vous stresse par rapport à cette rentrée (vous pouvez bien évidemment faire une liste plus exhaustive incluant vos autres domaines de vie !).

=> Pour affiner encore votre introspection, pour chaque item, essayer de “voir” qu’est-ce qui vous stresse dans cela.
Par exemple, la personne qui s’inquiète de son futur emploi du temps pourrait compléter avec le fait qu’ayant des enfants, cet emploi du temps va conditionner les gardes, les cantines, les activités extrascolaires, les rendez-vous médicaux, etc.

Écrire factuellement chaque « chose » stressante de sa vie actuelle, de les scinder, de les décortiquer permet :

  • de faire des liens entre les événements et de voir des points communs ;
  • de s’apercevoir que, pris séparément, une chose à la fois, des solutions existent ;
  • de voir que l'on évolue et que rien n'est figé dans le temps !

Avant de répondre aux autres questionnements proposés, faites une petite pause pour boire un bon verre d’eau, pour vous étirer, pour respirer amplement.

b. Comment réagissez-vous devant une situation stressante ? (ou quelles sont vos réactions devant une situation stressante ?)

Nous sommes tous différents : nous n'avons pas les mêmes stresseurs et nous ne réagissons pas tous exactement de la même façon (même si la réaction physiologique interne est la même pour tous).

La proposition n'est pas de se mettre une étiquette mais juste de repérer dans certaines situations ou avec certaines personnes, quelle façon de réagir est prédominante :

  • On peut réagir par un afflux de « pensées » : ruminations, auto-critique, ne pas reconnaître le positif de ce que l'on fait, suppositions (en imaginant « le pire »).
     
  • On peut réagir corporellement et émotionnellement : crispation, tensions, transpiration, palpitations, tremblements, soupirs, maux d'estomac, pleurs, colère, manque d'humour... 
     
  • On peut être mal à l'aise dans son relationnel : soit on n'ose pas énoncer nos besoins, on n'ose pas dire non ; soit on « impose » de façon un peu excessive nos idées ; soit on est cocotte minute (on ne dit rien jusqu’à l'explosion).
     
  • On peut être « pris par le temps »: on peut se priver de manger pour « gagner du temps », de loisir, de profiter de l'instant... 
     
  • On peut avoir intégrer des « mauvais solutions-habitudes » pour palier au stress : apéros fréquents, fumer, pas d'activité physique, surpoids, sommeil irrégulier...

=> Relisez votre liste précédente et ressentez ce que cela crée déjà en vous. Ces signaux (corporels et/ou émotionnels et/ou mentaux) sont-ils déjà connus de vous ? Sont-ils fréquents ? Mieux connaître ses réactions face aux stresseurs permet de plus vite agir dessus (voir l'article suivant pour commencer à mettre en place des solutions) et d’éviter de générer des somatisations (le fait d'être victime de troubles physiques qui sont directement liés à des troubles d'ordre psychologique, qui en découlent) ou des conflits avec autrui !

c. Pouvez-vous agir sur vos stresseurs ? Ces stresseurs dépendent-ils de vous ?

Il arrive que nous nous stressions pour des choses qui hélas ne dépendent absolument pas de nous. En ruminant dessus, nous mobilisons de l’énergie à mauvais escient car au final, rien ne pourra vraiment changer. Si nous utilisons cette même énergie à chercher des solutions pour des contraintes qui dépendent en partie ou totalement de nous, cela devient constructif.
Par un magnifique cercle vertueux, le fait de voir des choses évoluer nous permet de mieux accepter ce sur quoi nous n’avons pas du tout le contrôle. La proposition qui suit est donc de reprendre sa liste précédente (d’éléments stressant en lien avec la rentrée) et de se poser ces quelques questions :

  • Est-ce que je me mets une auto-pression : « Il faut que je » ?
  • Est-ce une pression de l’environnement (institution par exemple) : « Il faut que tu » ?
  • Est-ce plutôt en lien avec le temps : sensation de ne pas avoir assez de temps pour réaliser l’action demandée ?
  • Puis-je agir sur cette contrainte ?
  • Cette contrainte dépend-elle de moi ? (essayer de l’évaluer en % par exemple)
     

Exemple 1 - Contrainte amenant une réaction de stress : Préparer ses cours 

  • On peut se mettre la pression tout seul : « Il faut que j’ai un cours parfait ».
  • Mais l’institution nous demande de faire des cours suivant un certain programme donc on a une pression de la part d’autrui.
  • On peut se sentir pris par le temps devant tout ce qu'il y a à faire pour préparer cette séquence. On a donc une pression environnementale temporelle

Or la façon de gérer cette contrainte dépend beaucoup de nous et on peut agir dessus. De là, on pourra donc posément trouver des solutions pour le cas échéant travailler sur son perfectionnisme, relativiser sur l’importance de finir le programme, construire efficacement sa progression, etc.

Exemple 2 - Contrainte amenant une réaction de stress : l’emploi du temps qui risque de ne pas convenir

  • Comme dit dans l'intitulé, c'est un risque mais pas un fait avéré ! La personne se met donc une peur fictive, une auto-pression qui si elle ne se produit pas lui aura gâché de beaux moments durant les congés et si elle s’avère, ne change rien à son résultat !
  • En effet, ses moyens d’actions sur cette contrainte sont minimes : elle peut peut-être moduler 2-3 changements avec des collègues mais globalement, cette contrainte ne dépend pas d’elle.
  • Par contre, elle peut agir sur l’anticipation du mode de garde de ses enfants, avoir tous les dossiers et pièces justificatives de prêts afin de n’avoir plus qu’à cocher des jours dès qu'elle aura reçu ce fameux emploi du temps.
  • Cette contrainte est donc une contrainte avec une grille de lecture à double entrée où il est bon de placer son énergie sur la porte que l’on peut pousser !

Quoiqu'il en soit, un point important est de toujours se poser la question : suis-je objectivement sûr.e que cette façon de faire face à cette contrainte est la seule (ou était la seule) ? 

En effet, nous avons tous des automatismes dont certains nous desservent. Si nous faisons l’effort de les analyser, là encore, nous pourrons petit à petit, apporter des améliorations.

3. Première piste pour apporter de la sérénité

Il serait contre-productif de s'atteler uniquement à analyser ce qui ne va pas.

La psychologie positive (5 et 6) démontre parfaitement le fait que de s'appuyer sur nos qualités, nos forces et sur ce qui nous rend heureux au quotidien permet d'appréhender différemment chaque situation.

La dernière série de questionnements de cet article est donc :

  • Qu'est-ce qui me procure du calme ? du plaisir ? de la joie ?
  • Qu'est-ce qui me fait sourire ? et rire ?
  • Comment réaliser une toute petite action allant dans ce sens dès aujourd’hui ?
     

Pour conclure

Le stress est inscrit dans notre programme génétique pour nous protéger. On ne peut modifier (ou gérer) le stress en lui-même mais nous sommes les seuls responsables de sa puissance et emprise sur nous. Heureusement il existe de très nombreux leviers d'action pour faire diminuer cette emprise et retrouver la sérénité.
Dans les 2 prochains articles, nous explorerons d'une part deux de nos alliés internes pour éviter que le stress ne devienne chronique et d'autre part les trois niveaux d'action indirects pour diminuer son état de stress. D'ici là, souvenez vous que vous n'êtes pas seuls  et que les mots d'ordre sont patience, persévérance et bienveillance envers soi-même.

sources

Aurélia Le Royer

Professeure de sciences physiques et chimiques pendant 15 ans, accompagnatrice en bien-être et développement de l’Être. Vous pouvez la retrouver sur son blog Zen et Prof, sur sa chaîne Youtube et sur sa Page Facebook Zen & Prof.

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