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Pratique

Comment je suis passée au presque tout numérique

Julie
27 août 2021 16:51
5 mn

Professeurs et élèves peuvent utiliser leur Espace Numérique de Travail à bon escient pour atteindre leurs objectifs pédagogiques. 

Un contexte spécifique

En Angleterre, beaucoup d’établissements du secondaire sont en charge de leur budget, du recrutement de leurs professeurs et de la mise en place de leur programme. De leur politique d’équipement aussi. Dans mon établissement, j’ai travaillé dans des classes où tout le monde avait un iPad. Je travaille actuellement dans un lycée qui fournit un ordinateur portable à tous les élèves et à tous les professeurs.

Le service informatique du lycée nous a équipé de Microsoft Office 365, cette solution “couteau suisse” nous permet de disposer de nombreux logiciels pour enseigner.

Première étape : faire le point

“Quels objectifs souhaitons-nous atteindre en passant au numérique ? Quelles sont les contraintes que nous avons ? Y-a-t-il un coût ? ”

Notre objectif principal était de pouvoir passer d’un mode d’enseignement en présentiel à un enseignement à distance sans délai, dans le cas d’un confinement rapide. Économiser sur le budget reprographie pour financer les subscriptions de sites d’apprentissage en ligne était un plus, mais pas l’objectif principal.

Nos contraintes étaient d’abord pédagogiques. Il nous fallait :

  • continuer le programme ;
  • nous assurer que les élèves continuent à progresser ;
  • organiser les ressources de façon à garder une trace de nos progressions.
     

Dans notre cas, le coût était nul pour le département : le seul changement était d’ordre pédagogique, pour les enseignants comme pour les élèves.

Des outils numériques pour soutenir une approche pédagogique

Deuxième étape : choisir les bons outils

Notre choix s’est porté sur Class NoteBook, une version de OneNote pensée pour la classe, permettant d’ajouter plusieurs professeurs (dans notre cas, tous les enseignants du département) et les élèves.

Plusieurs critères nous ont aidés dans ce choix :

  • L’interface se présente comme un classeur : il propose des sections (intercalaires jusqu’à 50 par NoteBook) ; chaque section peut contenir 50 pages.
    Dans notre cas, nous utilisons une section par Module, plus une section pour noter les progrès au fur et à mesure de l’année scolaire.
  • Il est possible d’intégrer directement les autres outils Microsoft directement dans le NoteBook : un questionnaire avec Form, une présentation avec Sway, un PowerPoint ou un document Word.
  • Il est possible d’afficher des PDF complets directement dans le NoteBook, et d’utiliser la fonction dessin pour le compléter (pour les activités de type mots mélangés, entourer, souligner, …).

Il est accessible depuis à peu près tout type d’appareil, à condition d'avoir accès à internet (le NoteBook peut aussi être complété hors-ligne et se synchroniser lors d’une connexion à internet).

Nous avons utilisé l’outil de formation proposé par Microsoft via son Microsoft Educator Center afin de nous familiariser avec le logiciel.

Troisième étape : établir des règles d’utilisation

Comment travailler avec des ordinateurs portables et cahiers ouverts sur le bureau, parfois nécessitant d’être chargés, en gardant l’attention des élèves sur les tâches pédagogiques et une bonne dynamique de classe ?

  • Début de la leçon : la première activité est déjà au tableau, les élèves entrent, s'assoient, et ouvrent leur ordinateur. Ils se connectent directement à Class NoteBook, vont chercher la page indiquée au tableau et complètent le premier exercice en silence. Je peux faire l’appel, vérifier les devoirs si nécessaire et discuter avec les élèves qui ont besoin de mon soutien. À noter que j’ai 3 multiprises de 10 mètres dans ma classe, afin que les élèves qui souhaitent charger leurs appareils puissent le faire sans déranger ni les élèves ni le professeur.
  • Pendant la leçon : entre chaque activité, si j’ai besoin d’avoir des élèves à l’écoute d’un point de grammaire, ou du déroulé de la prochaine activité par exemple, je leur demande de tourner les ordinateurs face à moi et de mettre les mains sur le bureau. J’utilise énormément de chansons, d’activité de mimes et de jeux dans ma classe, c’est donc primordial pour moi d’avoir de courtes périodes où je capte l’attention des élèves afin de garder cette dynamique
    Class NoteBook permet d'accéder aux pages des élèves en temps réel. Cela me permet de vérifier que le travail soit fait, ou d’apporter du soutien si nécessaire. C’est une fonctionnalité qui m’est particulièrement utile.
    J’utilise des stickers numériques pour aider à la motivation: “super effort, continue cet excellent travail, merci pour ton travail aujourd’hui…”. Ce sont des photos PNG stockées dans un Powerpoint que je copie et colle dans le NoteBook pendant ou après la leçon.
  • Après la leçon : Class NoteBook permet de verrouiller les pages complétées par les élèves. Je prends normalement le temps de rapidement dérouler la page fraîchement complétée vers la fin de chaque leçon. Si pour une raison quelconque, je n’ai pas le temps de vérifier pendant ma leçon, je garde 1 heure par semaine pour vérifier que tous les élèves ont complété le travail, la correction a bien été prise et je verrouille la page. Je profite de ce moment pour récompenser leur travail avec les stickers digitaux.
     

"J’ai toujours été passionnée par le digital et lors de mon premier stage dans une école secondaire dans le Yorkshire, j’ai découvert l’utilisation du numérique en classe. Je n’ai jamais arrêté de l’utiliser depuis !”

Quatrième étape : trouver les bons outils

Plusieurs outils ou sites internet complètent efficacement l’utilisation du classeur virtuel en classe. Note importante: j’ai expliqué à mes élèves comment utiliser la fonction Capture d’écran de leur ordinateurs ; une fois l’activité complétée (en noir ou bleu) et corrigée (en vert), ils font une copie d’écran et l’insère dans leur NoteBook.

  • PearDeck ou NearPod permettent de réaliser des tâches directement sur un diaporama comme Power Point. J’utilise ces applications pour des activités de type souligner, surligner, entourer, rechercher… Ces deux solutions proposent également une banque d’activités pour les jours où mon inspiration me manque, c’est très utile.
  • Live Worksheets ou Teacher Made permettent de transformer des PDF en activités interactives. Leur avantage: tout se corrige tout seul (il est possible de corriger manuellement au besoin).
  • Linguascope (pour les classes de langues seulement) offre une pléiade de jeux pour pratiquer le vocabulaire. Une fois la pratique acquise, les élèves peuvent imprimer un certificat et l’ajouter dans leur NoteBook.
  • Whiteboard.fi est un site internet qui permet de pouvoir faire des activités sur ardoises, pour voir le travail de tous les élèves sur le tableau en même temps. Il est idéal pour des activités ne nécessitant pas une rédaction, de type vrai/faux, correct/incorrect, …
  • Quickfire* (sur Spiral.ac*) est un autre outil de type ardoise, qui a l’énorme avantage de ne pas afficher le prénom des élèves sur le tableau central. Il est possible de laisser un commentaire sur chaque ardoise pour permettre à l’élève de corriger ses erreurs avant de faire la capture d’écran.


Dernière étape : ne pas avoir peur d’essayer 

Passer au numérique dans sa classe peut sembler effrayant au premier abord, mais une fois cette barrière passée et les routines pédagogiques mises en place, c’est réellement un plaisir au quotidien.

J’ai actuellement 7 classes, de l’année 7 (6ème) à l’année 13 (Terminale). J’enseigne en présentiel devant mes élèves 23h par semaine et je suis au lycée 30h par semaine environ. L’outil numérique me permet, une fois mon objectif de fin de séquence défini, de gagner du temps, à la fois dans la préparation de mes leçons, mais aussi dans le suivi du travail des élèves et la correction des évaluations

« Je peux optimiser des horaires qui étaient auparavant plus ou moins perdus (trajet jusqu’au lycée, supervision d’une heure de retenue, …) mais surtout, je suis allégée. »

Physiquement, tout d’abord, plus besoin de prendre les cahiers, les copies, les classeurs à la maison pour les corriger, tout est disponible au même endroit. Mentalement ensuite, je conserve simplement un agenda papier. Je planifie tout ce qui est possible de l’être sur un outil numérique auquel j’ai accès depuis tous les appareils (je pense à supprimer les notifications lorsque je veux du temps pour moi). Microsoft utilise Cortana comme assistant personnel numérique, je préfère Google, mais le principe est le même. Ma charge mentale s’est réduite après quelques mois de pratique.

Mais alors, pourquoi “presque” tout numérique ?

Dans mon cas, il est nécessaire de conserver quelques outils papier. C’est primordial pour garder une trace des progrès dans le temps, les programmes d’examen sont répartis sur deux ans, et c’est indispensable de présenter ces progrès dans le cas d’une inspection.

Chaque élève a un cahier ou un classeur papier pour compléter les activités s’il n’a pas d’outil numérique à sa disposition lors du cours, pour conserver les évaluations bi-trimestrielles communes et pour servir de support à divers projets pédagogiques.

*Alternative: utiliser Google
Je conseille d’adapter les outils Google, qui sont gratuits.
Le Class OneNote peut être tout à fait remplacé par un dossier Google Drive, incluant un HyperDoc en lecture seule. Chaque élève peut télécharger puis sauvegarder dans un dossier individuel partagé avec le professeur sa version de l’HyperDoc.

Le professeur aura accès à tous les fichiers élèves mais chaque élève conservera seulement un accès à son dossier individuel, comme c’est le cas pour Class NoteBook. À noter que Google propose d’autres logiciels gratuits : Google Forms pour faire des questionnaires, JamBoard pour l’outil ardoise, Hangouts pour avoir une conversation de classe avec tous les élèves, Collection pour faire des listes de lecture à partager, etc.

Témoignage de Julie Head-Smith, professeur de langues.

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11 profs ont trouvé ce contenu utile

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Commentaires

  • Fabien — 30 août 2021 08:01

    Un grand merci à Julie pour ce partage et ces pistes éclairantes.

  • Étienne — 15 février

    Chapeau! Je trouve ça assez impressionnant d’être capable de passer pratiquement à 100% au numérique dans sa classe. Je suis dans un programme où le papier est encore très apprécié et où l’on a encore besoin de toucher et de sentir la matière. J’essaie graduellement d’intégrer les jeux-questionnaires et d’utiliser certaines plateformes interactives, mais j’ai parfois de la misère à transposer des projets ou des évaluations. Avez-vous des conseils pour bien commencer? Par quoi commencer? Quels logiciels ou plateformes utiliser? Comment s’y prendre pour s’assurer de la motivation des étudiants face à l’intégration de ce changement?

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