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La question de la différenciation est au cœur de nos préoccupations : nos classes sont toutes constituées d’élèves aux parcours et aux niveaux divers. Enseignante en cycle 3 dans un double niveau en REP, je dois gérer au quotidien non pas deux mais peut-être dix niveaux différents, avec des enfants non lecteurs en cycle 3 d’une part et des élèves précoces d’autre part. Comment faire pour ne pas courir après le temps et adapter mon enseignement à tout ce petit monde ?
Pour rappel, la différenciation est le fait de répondre de la manière la plus adaptée possible aux besoins spécifiques de nos élèves. Derrière la notion de différenciation pédagogique se cache donc une multiplicité de pratiques et de dispositifs pour répondre à l’hétérogénéité de nos classes.
L’aménagement de la salle de classe est un bon point de départ pour penser la différenciation : les tables individuelles, les tables en binôme, les îlots, en U, la table d’appui à l’écart… En voici trois que je mets en place dans mes classes :
Formalisé par Battut et Bensimhon (2006), le concept de « table d’appui » n’a pas encore été réellement théorisé. On sait qu’il repose sur l’idée de matérialiser dans la classe un espace - une table spécifique - où l’enseignant pourra réunir un sous-groupe d’élèves dans le besoin. La dimension matérielle n’est pas secondaire : interagir avec un élève sur le coin de son bureau n’est pas de même nature que de l’inviter dans un espace consacré à cette fonction.
Ce dispositif permet de recueillir des informations précieuses sur les forces et faiblesses des élèves participants, dans une visée d’évaluation formative.
Mes lectures et mon expérience de classe m’ont conduite à mettre en place non pas une mais plusieurs tables d’appui avec des objectifs différents.
Les élèves s’y rendent après m’avoir demandé l’autorisation. Je leur propose une aide individualisée dès que possible ou j’envoie parfois un camarade disponible. Les élèves peuvent y rester autant qu’ils le souhaitent mais ils repartent généralement à la fin du travail demandé. Ils peuvent aussi s’y installer pour être seuls si la seconde table est occupée et que personne ne demande d’aide sur cette table.
C’est une table d’appui pour résister aux distractions de la classe. Tout comme pour la table d’appui 1, les élèves me demandent l’autorisation pour pouvoir s’y rendre. Ils peuvent y rester autant que souhaité. Je veille cependant à les inviter à retourner à leur place, dans leur îlot, afin favoriser la collaboration avec les élèves.
Cette table d’appui propose des outils à manipuler pour aider les élèves à gérer des émotions qui parasitent leurs apprentissages. On peut ici colorier, manipuler les peluches et outils anti-stress, faire une partie de Perplexus. Cette table d’appui offre la possibilité d’un retour au calme avant de retrouver les activités de classe habituelles et mes élèves apprécient cet aménagement.
Côté objectif pédagogique, les tables d’appui pluriels ont pour intérêt de favoriser l’autonomie des élèves dans la gestion de leurs besoins d’apprentissage : besoin d’aide, besoin de calme…
Les temps de travail en îlots collaboratifs se distinguent des travaux de groupe. Chaque élève doit réaliser individuellement la tâche demandée. Néanmoins, s’il a besoin d’une aide, d’une reformulation, d’une explication, l’élève peut solliciter l’un de ses camarades. Avec les îlots bonifiés, on travaille sur :
Voilà plusieurs années que j’ai mis en place cet aménagement dans lequel j’organise des groupes de travail avec des élèves de niveaux différents. L’idée n’est pas de laisser les plus aguerris réussir tout le travail donné pour le groupe mais bien de permettre à chacun de pouvoir aider celui qui en a besoin, le cas échéant.
Les temps de collaboration contribuent à installer un climat de classe dynamique et bienveillant.
Dans des situations bien définies, j’aménage ma classe en îlots collaboratifs, par deux, trois, quatre ou cinq élèves dans des groupes hétérogènes. La vigilance se fait également sur deux autres points :
Les règles et les attendus sont définis et explicités en amont. Il ne s’agit pas de faire le travail pour les camarades, mais de réexpliquer avec ses propres mots :
Les élèves peuvent aussi y reformuler la consigne, la tâche à accomplir, les attendus à viser. Parfois, les échanges entre pairs sont aussi efficients que ceux de l’enseignant et stimulent les échanges entre élèves.
Les élèves ne réussissent pas toujours à contrôler le volume de leur voix. Pour remédier à l’excès de décibels, pourquoi ne pas essayer de leur apprendre à se réguler dans des situations simulées. Vous expliciterez avec eux les différents niveaux sonores et les attendus selon les modalités de travail.
Mes élèves trouvent dans ces simulations des solutions très diverses et adoptent la technique qui leur convient le mieux. Ce qui n'empêche par l’enseignant de veiller au grain de près ou de loin !
Le Tétra’aide a été créé par un collègue enseignant, Bruce Demaugé-Bost dans une école de la région lyonnaise. C’est un outil de communication entre les élèves et l’enseignant mais aussi entre les élèves et permet de signifier l’état dans l’avancée des travaux. Chaque sommet du tétraèdre est associé à une couleur, elle-même associée à une signification.
Tous les élèves possèdent un Tétra’aide sur leur table et le manipule en fonction de l’avancée de leur travail. Certains collègues l’utilisent lors des travaux de groupe. Chaque enseignant peut donc l’adapter à son public, ses besoins, son fonctionnement de classe. J’utilise le Tétra’aide de la manière suivante :
Le Tétra’aide a été rapidement adopté par mes élèves. Il est efficace :
Dans ce dernier cas de figure, je propose mon aide à mes élèves en chuchotant avec eux et les invite à aller sur la table d’appui si nécessaire.
La plupart du temps, il s’agit de petits étayages pour franchir une étape dans les travaux de classe proposés.
Le Tétra’aide valorise également les élèves en réussite qui peuvent accompagner leurs pairs dans ce même cercle vertueux de la réussite.
À cette question, je réponds un grand oui ! Depuis la mise en place de ces aménagements dans ma classe :
Rien de magique ici : on ne résout pas toutes les difficultés des élèves. En revanche, on allège notre charge mentale et on est plus efficace dans nos gestes professionnels. C’est déjà un bon début, non ?
Claire Le Gall-Donot, professeure des écoles
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Merci Claire pour ce partage et ces idées pratiques hyper outillantes !
Merci beaucoup pour ces idées très utiles.
Merci aussi pour ces suggestions. La possibilité d'envoyer des messages non-auditifs par le Tétra'aide devrait encourager les élèves plutôt visuels ou kinesthésiques à s'exprimer... et contribuer à réduire le volume sonore de la classe.