Des activités toutes prêtes pour la Maternelle
En savoir plus
En savoir plus
Théorique Pratique

Créer du lien avec ses élèves pour construire un cadre propice aux apprentissages

Marie Christine Pennors
4 février 2022 09:38

Enseigner, c’est entrer en relation, interagir. Le premier confinement nous a appris que maintenir le lien avec nos élèves était essentiel. Ce lien tissé est primordial également pour engager les élèves dans les apprentissages. Quels sont les enjeux de cette relation entre enseignant·es et élèves ? Comment créer un lien positif et constructif ?

Les bénéfices d’une relation positive entre l’enseignant·e et ses élèves

De nombreuses recherches soutiennent que l’établissement de relations positives entre les élèves et l’enseignant·e constitue la base même de toute approche d’intervention préventive en classe. Une perception positive de la relation élève-enseignant·e par les élèves est liée à l’adoption de comportements d’engagement à l’école (Danielsen, Wiium, Wilhelmsen et Wold, 2010), qui se traduisent par une meilleure réussite scolaire (Hugues, Cavell et Jackson, 1999 ; Walker, 2010) et une fréquence moins élevée de comportements oppositionnels et antisociaux que chez leurs pairs, qui considèrent plus négativement cette relation (Bru, Stephens et Torsheim, 2002 ; Hamre, Pianta, Downer et Mashburn, 2008). 

C’est ce que confirme John Hattie (“Visible learning”, 2008)  à partir d’une méta-analyse de plus de 800 études sur les stratégies efficaces d’enseignement. Parmi ces stratégies se trouvent l’établissement de relations positives, les rétroactions positives que l’enseignant peut apporter à l’élève et l’effet positif de l’enseignant sur ses élèves par l’apport d’aide et de soutien. 

Les critères d’un ou une “ bon·ne prof” selon des adolescents

Les études de Hamill (2005) et de Corbett et Wilson (2002) réalisées à partir des témoignages de plus de 400 adolescents ont permis d’identifier les caractéristiques d’un bon enseignant ou d’une bonne enseignante à leurs yeux. Ils et elles :

  • sont à l’écoute ;
  • traitent les élèves de manière équitable ;
  • sont strict·es, mais présentent un bon sens de l’humour ;
  • s’assurent que les élèves font bien leur travail ;
  • gèrent adéquatement leur classe, notamment les comportements des élèves ;
  • sont ouvert·es à aider les élèves ; 
  • transmettent des consignes claires ; 
  • varient les activités qui se déroulent en classe ;
  • prennent le temps de bien connaître leurs élèves.
     

Pour les adolescents de ces études, un ou une bon·ne enseignant·e s’investit sur le plan relationnel, s’intéresse à leur bien-être. Les enquêtes PISA réalisées ces dernières années ont montré également que la qualité de la relation enseignant·e / élève est liée non seulement à la performance des élèves, mais aussi à leur sentiment de bien-être et d’appartenance à l’école.

L’enseignant ou l’enseignante, dans la construction de sa relation avec ses élèves, doit connaître l’impact de sa relation, du lien qu’il ou elle tisse avec ses élèves, favoriser le bien-être social et affectif pour mieux les  faire entrer et progresser dans les apprentissages.

Les questions à se poser pour construire un lien constructif

Tout d’abord, il faut prendre le temps de construire cette relation. Prendre le temps d’entrer en relation avec les élèves, d’apprendre à les connaître, de s’intéresser à leur point de vue et à leur perception de la réalité. La communication est la base de la relation, qui passe par le verbal, mais aussi pour une grande partie par le non-verbal. Chaque geste professionnel que nous installons, chaque micro-geste a son importance. Voici une liste de questions que tout·e enseignant·e gagne à se poser à l’occasion, afin de faire le point sur ses pratiques relationnelles avec les élèves :

  • Est-ce que je connais le nom de chacun et chacune de mes élèves ?
  • Est-ce que je crée des moments privilégiés pour entrer en relation avec chacun d’elles et eux ?
  • Qu’est-ce que les élèves connaissent de moi, de la personne que je suis ?
  • Quels sont nos rituels (d’accueil, de départ, etc.) ?
  • Est-ce que je crois au potentiel de réussite de mes élèves ? Est-ce que je leur montre que je crois en leurs capacités ?
  • Est-ce que je prends le temps de souligner suffisamment les efforts et les réussites de mes élèves ?
  • Est-ce que je passe plus de temps à encourager mes élèves ou à les critiquer ?
  • Quand un ou une de mes élèves adopte un comportement inapproprié, est-ce que je prends le temps d’intervenir de manière à préserver ma relation avec l’élève (par exemple en dissociant le comportement de la personne) ?
     

Des temps formels en classe peuvent permettre de proposer des activités pour tisser ce lien. Une activité coopérative que j’aime faire en début d’année est le Bingo proposé par l’OCCE pour apprendre à se connaître, à partager ses goûts, ses activités de loisirs. Chacun et chacune, enseignant et élève, peut ainsi apprendre à connaître les autres, mais aussi voir ce qu’il y a de commun. Nous sommes deux enseignantes pour ma classe et l’avons fait ensemble en début d’année. Nous avons tous et toutes apprécié ce moment. Une autre activité est «  J’ai un incroyable talent » : chaque élève présente en début d’année une activité qu’il ou elle aime : un tour de magie, un sport pratiqué, une activité, etc. L’enseignant·e peut également y participer.

Des rituels peuvent être également instaurés en classe : le temps d’accueil du matin, « le petit bonheur du jour » que l’on partage, le conseil de coopération, etc. L’idée est d’offrir des espaces et des temps d’échange, de parole où chacun et chacune est reconnu·e, a sa place.

Plusieurs temps plus informels permettent également de construire et tisser ce lien. Je pense notamment aux temps de récréation, une disponibilité que nous offrons aux élèves pour échanger, être à leur écoute. Certains élèves, plus timides, préfèrent ces temps pour se confier, parler de leurs ressentiments, ou tout simplement parler de qu’ils et elles aiment. Personnellement, ces moments sont pour moi importants : les élèves savent qu’il leur est possible de venir, de discuter, d’être écouté·es. Parfois je les invite aussi à venir discuter pour m’assurer que tout va bien car j’ai perçu une certaine tristesse, une fatigue, ou parfois même ce peut être parler de sa joie d’un événement passé le week-end, montrer des photos. Ce lien tissé peut même rester après la scolarisation dans l’école. J’ai toujours plaisir à voir mes anciens et anciennes élèves, devenu·es collégiens ou collégiennes, venir pour parler, savoir ce qu’ils et elles deviennent et évoluent.

Enfin, toute relation s’entretient par la présence de rétroactions positives fréquentes. Être à l’écoute, s’impliquer activement dans les activités qui se déroulent en classe et féliciter les élèves pour leurs efforts et leur participation sont des exemples d’actions que posent les enseignants et enseignantes qui s’investissent dans leurs relations avec les élèves. Les défis liés à la gestion de classe sont multiples. Néanmoins, le développement de relations positives entre les élèves et l’enseignant demeure le meilleur levier pour amener les élèves à coopérer et à s’engager dans leurs apprentissages.

Marie-Christine Pennors Directrice et Soigneuse hors pair du cadre d'apprentissage de ses élèves.

Faire le point sur ses apprentissages et son bien-être en classe

Cette fiche outil présente un outil de bilan et de communication pour créer du lien avec ses élèves.

RÉFÉRENCES

  • “Gérer efficacement sa classe : les cinq ingrédients essentiels”, Gaudreau, 2017.
  • Ces gestes qui parlent. L’analyse de la pratique enseignante”, Duvillard, 2016. 
:

5 profs ont trouvé ce contenu utile

PARTAGER

Commentaires

Aucun commentaire n'a encore été publié.

Vous devez être connecté-e pour publier un commentaire.

Me connecter pour réagir

utile

Des articles pratiques et concrets !


pertinent

Un contenu sélectionné par des enseignants


éclairé

Une aide dans le quotidien des enseignants


adapté

Des contenus adaptés à votre profil