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Une classe, que ce soit au collège ou au lycée, est une mini-société avec ses règles, ses codes et ses conflits, inéluctables dès qu’il y a relation. Composée d’individus, elle n'en est pourtant pas réduite à l’addition de ces singularités, puisque bien d’autres choses se jouent dans cette dimension collective. L’alchimie qui se produit alors repose sur un équilibre fragile dans lequel il semblerait que des rôles soient implicitement attribués. Et il suffit parfois d’ajouter un ou deux nouveaux éléments pour perturber cet équilibre pendant un temps.
Pas de recette miracle : malgré tous les conseils que nous allons tenter d’explorer dans cet article, certains groupes resteront un mystère pour un enseignant ou une enseignante. La plupart du temps, fort heureusement, quelques attitudes et outils peuvent suffire à se sortir de l’immense majorité des situations conflictuelles que nous rencontrons dans nos classes.
Il est bon de rappeler à quel point un travail de fond mené dès la rentrée et poursuivi sans relâche chaque jour de l’année porte ses fruits en termes d’ambiance de classe.
En prenant le temps d’observer ses élèves, de les connaître à la fois dans leur dimension d’élève mais également dans la globalité de leur personnalité, et notamment dans leur manière d’interagir avec les autres, l’enseignant ou l’enseignante récoltera beaucoup de points d’appui pour identifier les ressources et les fragilités de chacun et chacune à l’intérieur du groupe. En s’appuyant sur les ressources, on réduit les fragilités. Ainsi, mettre en avant les réussites et les efforts dans une posture enseignante résolument positive constitue un bon point de départ pour poser un cadre où les conflits seront moins nombreux. Cela passe par des choses aussi simples que féliciter le groupe au travail dans le silence, ou les remercier à la fin d’une séance qui s’est particulièrement bien déroulée. Bref, aider les élèves à prendre conscience qu’ils et elles ont des ressources et leur faire réaliser à quel point il est agréable d’être félicité·e et encouragé·e.
Dans ce climat de classe serein où les règles sont explicites et transparentes, où on a le droit de se tromper sans s’exposer aux moqueries ou au jugement des autres. Chacun et chacune évolue en confiance. On peut aussi imaginer la mise en place d’un tutorat ponctuel ou sur une période plus longue, d’un ou une élève vers un ou une autre. L’élève ainsi étayé·e gèrera mieux la frustration liée à la peur de l’échec. Et on sait à quel point la frustration peut générer des conflits.
Certains et certaines collègues utilisent des “jokers” qui peuvent être très utiles aussi quand on connaît bien les élèves. Le principe ? Permettre à un ou une élève d’utiliser son joker pour se soustraire à une situation qu’il ou elle ressent comme potentiellement conflictuelle. Comment ? On peut utiliser son joker pour sortir dans le couloir, toujours sous nos yeux, quelques minutes, ou pour s’installer à l’écart du groupe le temps de se calmer. D’autres modalités pédagogiques sont bénéfiques pour l’instauration de ce climat de sérénité où chacun et chacune fait de son mieux à l’instant donné.
“Ce qui ne s’exprime pas s’imprime”, expression empruntée à Jacques Salomé qui a ici tout son sens : laisser la parole s’exprimer pour ne pas créer de trop grandes frustrations qui auraient d’autres conséquences. Ces temps de parole doivent être construits, si possible ritualisés, anticipés et préparés pour qu’ils soient efficaces. Ils peuvent porter plusieurs noms identifiés par le groupe. La fonction de ces temps de parole est d’aborder des points qui n’ont pas un lien forcément explicite avec la vie de la classe : l’enseignant ou l’enseignante choisit un thème en fonction de ses observations sur la vie du groupe. Attention, le point de départ de la discussion sera un texte ou une situation qui ne reprend ni le lieu, ni les prénoms des protagonistes concernés.
L’objectif de ces temps de parole est de permettre aux contradictions ou aux désaccords d’émerger dans un contexte borné et organisé autour de règles explicites : pour un temps défini, la parole est certes libre mais distribuée à la demande, le tout dans une écoute respectueuse et active. Apprendre à verbaliser une opinion, à émettre une adhésion ou une opposition à un point de vue sont autant de compétences travaillées lors de ces temps de parole, compétences hautement utiles pour la vie en société ! Le conflit peut être constructif si l’espace de parole est encadré et borné dans l’espace et le temps. C’est à l’enseignant ou l’enseignante d’être garant·e de ce cadre.
Malgré tout cela, il est évident que des situations de conflit restent présentes même dans la plus merveilleuse des classes… Comment réagir alors ?
Il existe une multitude de situations qui peuvent déclencher une situation de tension ou d’opposition dans une classe. J’en vois principalement quatre :
Le conflit peut aussi se jouer entre l’enseignant ou l’enseignante et tout ou une partie du groupe classe, à cause d’une décision qui provoque un mouvement de contestation collective : annonce d’une évaluation pour la prochaine séance et les élèves estiment que c’est trop tôt, par exemple. Le cours peut alors très vite tourner au chahut collectif.
Dans toutes ces situations, l’enseignant ou l’enseignante est pris·e de court et doit donc très vite décider comment se positionner pour régler le conflit et retrouver une ambiance de travail. Dans tous les cas, garder son calme et ne pas réagir en miroir sont les conseils de base à appliquer pour ne pas voir la situation s’envenimer. Il y a selon moi deux principaux écueils à éviter dans toute situation de tension :
Ne pas considérer la situation, faire semblant de ne rien avoir remarqué dans l’espoir que les choses rentrent dans l’ordre sans intervenir relève de l’illusion. Des élèves qui bavardent ne vont pas arrêter seul·es, un ou une élève qui n’a pas sorti ses affaires ne va pas les sortir, un ou une élève qui lance un propos insolent à destination du ou de la prof se sentira conforté·e dans sa défiance et sera tenté·e d’aller plus loin. L’autorité de l’enseignant·e repose aussi sur sa capacité à accueillir et réagir face à ces transgressions, de façon adaptée et mesurée cependant.
En effet, le second écueil est “d’en faire trop”, d’accorder trop d’importance à un fait qui aurait pu se régler en quelques secondes. Si un ou une élève refuse de ranger son téléphone malgré deux rappels à l’ordre par exemple, on lui demande de venir le poser sur le bureau et de le récupérer à la fin du cours. Il ou elle refuse ? On ne rentre pas dans une négociation interminable. Il y a un cadre, on l’applique. Le téléphone est posé sur le bureau ou l’élève sort. Cet exemple, volontairement extrême car il aboutit à une exclusion de cours, me semble assez révélateur du quotidien dans des classes de lycée notamment. Et si l’enseignant ou l’enseignante réagit ainsi calmement mais fermement sur un point non négociable, il ou elle n’aura pas besoin d’avoir souvent recours à cette mesure extrême et désagréable pour tous et toutes de l’exclusion de cours.
De façon générale, il est souvent préférable de montrer qu’on a vu, qu’on a pris en compte le problème mais d’en différer le règlement dans un lieu ou un temps différent. Des devoirs non faits ? Cela ne concerne pas toute la classe, donc inutile de bloquer tout le monde pour ça. On note le nom des élèves concerné·es, parfois cela suffit si la règle posée en classe est une tolérance pour quelques oublis dans le trimestre. Si ça fait plusieurs fois et que le quota est épuisé, on applique la règle prévue et connue à l’avance : carnet ? Appel à la famille ? Retenue ?
Un dernier exemple fréquent en classe : les paroles déplacées ou insolentes des élèves entre eux et elles, ou vers l’enseignant·e. Se mettre en colère a un effet : pour montrer qu’on n’est pas d’accord et que ce n’est pas acceptable. Mais il ne faut pas chercher à entendre l’origine du conflit dans le cadre du cours. De préférence, annoncer que les choses seront réglées à la fin du cours ou à la récréation, sans trop différer non plus ! Une semaine après, ça a peu de sens.
Dans certains établissements, des élèves sont des médiateurs et médiatrices formé·es à la gestion et au règlement des conflits. C’est une démarche intéressante qui place tout un établissement dans une dynamique de dialogue, d’écoute et de respect. Les élèves qui le souhaitent contactent les médiateurs et médiatrices pour leur exposer leur problème, qui convoquent les deux parties et s’assurent que chacune d’elles soit entendue. Souvent, une séance de médiation aboutit à une proposition de réparation constructive.
Ainsi, avec un climat de classe serein et quelques outils pour permettre aux élèves d’exprimer leurs besoins, la plupart des conflits sont désamorcés ou gérés de façon suffisamment rapide et efficace pour ne pas empiéter sur l’espace pédagogique. Parmi les outils qui ont fait leurs preuves, parlons des ateliers philo !
Audrey Caltanella Enseignante spécialisée SEGPA, EREA, ULIS...parce qu'il n'y a pas de hasard.
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