Personnaliser vos contenus
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Le terme « regroupement » soulève d’emblée un tas de questions : faut-il qu’il soit quotidien ? À quelle heure ? Des bancs, pas de bancs ? Une ellipse dessinée au sol, le silence absolu, un bâton de parole, des règles strictes, des rituels, pas de rituels ? Les programmes officiels ne le mentionnent pas : cet instant n’est simplement pas recommandé. Libre à nous de choisir, ou non, de le pratiquer. Pourtant, le coin regroupement est un incontournable que l’on ne remet pas en question, et que l’on retrouve chez tout le monde.
Je vous propose donc de répondre à quelques interrogations :
Avant, je redoutais le moment du regroupement. Je me contraignais à faire ranger la classe à peine installée pour annoncer le plan de la journée.
Je nous infligeais le comptage des absences, des tours de parole, puis l’explication de nombreux ateliers. Les élèves s’agitaient, je perdais patience, me sentais débordée et mes consignes ne servaient à rien.
Lorsque l’enseignant·e aborde un sujet, pose des questions et attend des réponses, c’est un rapport vertical qui s’instaure. L’adulte, qui détient le savoir, interroge les élèves, apporte des informations, passe des consignes puis répartit les élèves.
Dans les faits, ce moment est souvent source de stress et de chahut, et donc redouté. En effet, lorsqu’il tient plus du passage obligé (compter les absences, parler de la météo, attendre les consignes de l’exercice qui sera demandé, écouter une histoire, etc.), il se peut tout à fait que les élèves s’ennuient et le fassent savoir de manière très bruyante.
J’ai fait évoluer mes pratiques et mon organisation. Exit les groupes de couleurs et les ateliers tournants : j’ai mis en place de nombreux ateliers individuels à la disposition des élèves. À leur hauteur, en libre-service, et rangés par domaine.
Les élèves choisissent leur activité ; je guide, j’oriente, propose des défis. S’ajoutent deux ateliers dirigés auxquels les élèves viennent spontanément. Les productions terminées sont affichées au tableau, cela les motive les suivants et suivantes.
Prenons un exemple : si le métro s’arrête subitement, nous attendons du conducteur qu’il nous donne des explications, et alors nous serons patient·es. À l’inverse, le flou met toute la rame dans l’inconfort : soupirs, râlements, agitation.
C'est la même chose pour nos élèves. Si vous les regroupez, expliquez-leur pourquoi, combien de temps cela va durer et ce qui se passera après. Utilisez des mots simples pour énoncer l’objectif du regroupement. Soyez au clair avec ce qui est attendu d’eux et elles, et ce que vous allez leur proposer.
Dans ma classe, le regroupement est un moment de plaisir partagé inscrit en photo sur l’emploi du temps de la classe. J’annonce l’objectif du jour et ce que l’on fera après. Les élèves sont réceptifs et réceptives car ils et elles sont rassuré·es et savent à quoi s’attendre.
Vos élèves ont raison d’être exigeants et exigeantes. Si vous voulez qu’ils et elles soient assis·es et fassent preuve d’attention, ils et elles sont en droit d’être intéressé·es. À vous d’endosser votre cape de comédien ou de comédienne pour leur offrir un « spectacle » digne de leur intérêt.
Si les pieds tapent, les fesses pivotent, les bouches bavardent, c’est que l’ennui s’est installé. Un·e élève attentif ou attentive est un·e élève concerné·e. Vous montrez un nouvel objet ? Chargez votre voix de mystère, éteignez la lumière, créez le spectacle, laissez opérer la magie, les enfants vous suivront avec entrain.
Dans sa petite école de Gironde, Fanny nous fait vivre son temps de regroupement, une pratique évolutive proposée en fonction du jour et du niveau d’attention de ses élèves :
C’est difficile de laisser les élèves parler. Nous sommes tenté·es d’expliquer, de reformuler, d’interroger à longueur de journée.
Or, leur donner la parole les implique, permet de savoir s’ils et elles ont compris ce qui est demandé, et leur apprend à communiquer. Faites-les participer, laissez-les prendre votre place, se déplacer, manipuler des objets, montrer l’exemple.
Bancs en U, chaises en rond : peu importe. Chacun et chacune doit être confortablement assis·e. Les couples électriques, excités ou bavards sont séparés.
Tout le monde voit bien le tableau, qui doit être totalement vierge, dégagé de tout, afin d’aider les élèves à diriger leur regard vers le sujet du jour. Placez votre chaise afin de ne gêner la vue de personne, et soyez prêt·e, avec votre matériel à proximité.
J’ai dans ma classe une affiche sur laquelle j’ai dessiné en début d’année ce qui est attendu des enfants au coin regroupement. Par exemple : « Je suis calme, bien assis ou assise, et je lève le doigt pour demander la parole. » Je reviens à mon affiche lorsque les conditions ne sont pas réunies pour commencer. Cela parait évident mais, dans la hâte, nous oublions parfois les bases.
Parlez en positif ! Au lieu de dire « On ne crie pas ! », dites : « On chuchote. » Oubliez les négations. La négative brouille le message. Le cerveau doit faire une gymnastique compliquée pour annuler le message « crier » et comprendre ce qui est sous-entendu. Parler en positif change toute la dynamique dans la classe.
De même, les enfants doivent savoir ce qui est attendu d’elles et eux plutôt que d’êtres rabroué·es ou puni·es. Au lieu de dire « Arrête ce bruit ! », mettez un doigt sur la bouche. Cela équivaut à demander le silence, c’est sans équivoque et droit au but. Si le cerveau entend le mot « bruit », il ne peut plus en faire abstraction. Comme c’est tentant d’y répondre par l’imitation quand on a trois ans !
Les regroupements doivent être courts et prendre fin avant que l’attention des élèves ne baisse. Annoncez : « Nous allons nous arrêter là, c’est l’heure de… »
Et pour éviter une ruée vers la porte ou tout débordement, soyez bien clair·e avec ce que vous attendez de vos élèves : « Vous allez pouvoir vous lever doucement et marcher jusqu’à la porte pour mettre vos manteaux. C’est moi qui vais ouvrir la porte. »
Il doit y avoir autant de manières de gérer le coin regroupement qu’il n’y a de profs. L’important est de s’appuyer sur nos points forts et d’oser changer ce qui ne nous convient pas.
Professeure des écoles en petite section et enseignante depuis 2004
YouTube Kiffer l’école
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