Faire vivre ensemble 25 à 30 jeunes, à fleur de peau et en pleine crise d’adolescence relève peut être un vrai challenge ! Nos salles de classes sont parfois le théâtre de conflits entre élèves, qui peuvent prendre diverses formes : de la simple bouderie au harcèlement, du sentiment de rejet aux insultes, mais qui dans tous les cas nuisent aux apprentissages. 

C’est pourquoi il est important de développer non seulement des savoirs et savoir-faire académiques, mais également des savoir-être et des compétences psychosociales : l’école a un rôle essentiel de sociabilisation. 
Depuis 2016, j’utilise les méthodes et outils de la Discipline positive pour enseigner l'empathie, l’auto-régulation des émotions, le respect des différences, ou encore la coopération. Voici une présentation succincte des principaux axes d’utilisation en classe.

J’utilise le modèle simplifié du « cerveau dans la main » de Daniel Siegel, neuropsychiatre américain, pour expliquer aux élèves le fonctionnement du cerveau quand nous sommes en proie à nos émotions. Cela permet de comprendre pourquoi, quand ça ne va pas, nous avons tendance à nous énerver, à dire des choses qui dépassent notre pensée (agressivité), à mentir (fuite) ou à perdre nos moyens (sidération) : le cortex préfrontal est déconnecté car l’amygdale, ayant détecté un danger, a envoyé des hormones de stress qui nous font passer en mode urgence.

Le fait de connaître ce fonctionnement commun à tous les humains permet à mes élèves de se rassurer sur leur propre comportement, et de comprendre qu’ils ou elles ont besoin de s’isoler quelques minutes pour se calmer et retrouver toutes leurs capacités cérébrales. 

Nous avons même un signal non-verbal qui me permet de leur indiquer quand c’est moi, enseignante, qui suis au bord de la crise et qui dois réguler mes émotions ! Et si quelqu’un dans la classe a dit des mots blessants sous l’effet de la colère, de la peur ou de la tristesse, nous apprenons à assumer nos erreurs et à présenter nos excuses (je m’inclus dans ce travail de toute une vie, et je modélise pour mes élèves).

La Discipline positive contribue donc à l’éducation émotionnelle. Elle laisse une place à la dimension relationnelle de l’enseignement ce qui, d’après Christophe Marsollier, fait partie de notre éthique professionnelle. Depuis que je la pratique, je connais beaucoup mieux mes élèves et je pense qu’ils ou elles me trouvent davantage bienveillante.

Mais il ne s’agit pas de les féliciter sans arrêt, de laisser tout passer, ou de négocier tout le temps. Car je pose également un cadre structurant, des limites sans ambiguïté, une exigence de travail et d’efforts. L’autorité juste repose sur l’équilibre entre bienveillance et fermeté, et dans l’exercice des deux à la fois (et non pas successivement ou en alternance). 

Chaque outil de Discipline positive s’appuie sur la coexistence de ces deux pôles : la vraie bienveillance, c’est aussi faire preuve d'exigence et permettre les conditions favorables à la transmission du savoir.

La Discipline Positive s’appuie sur les travaux scientifiques d'Alfred Adler (1870-1937) et de Rudolf Dreikurs (1897-1972), tous deux psychiatres autrichiens renommés, qui ont fondé la psychologie individuelle. 

Ils considèrent l'individu dans sa totalité (émotions, pensées, actes) et dans ses relations avec les autres, et partent du principe que tout comportement a sa raison d’être. Telle la partie émergée d’un iceberg, le comportement que l’on voit est souvent la réponse provisoire (que l’enfant ou l’ado a trouvée) à un problème que l’on ne voit pas.

Plutôt que de donner des punitions (qui engendrent souvent rébellion, revanche ou retrait) ou des récompenses (qui s’appuient sur un référentiel externe), je préfère maintenant engager les élèves eux-mêmes dans une recherche collective de solutions. 

Je les responsabilise le plus possible, en favorisant leur propre jugement sur leur comportement, et nous cherchons ensemble des idées pour améliorer la situation. Sans jugement ni condescendance, sans volonté de vengeance, et en pensant à l’avenir plutôt que d'être vers le passé : « Cherchons des solutions, pas des coupables ! »

Je vous invite à un atelier pour vous présenter les Temps d'Échanges en Classe (TEC) : un espace de dialogue et de recherche de solutions le mercredi 8 juin de 17h à 18h. Je vous présenterai la Discipline positive et ses apports pour la gestion de classe, puis vous expliquerai les étapes de préparation du terrain (construction de compétences psychosociales) avant de mettre en place des temps d'échanges efficaces. Enfin, nous pourrons vivre ensemble un de ces temps en virtuel, à partir de vos exemples concrets. 

Claire Tétier, professeure documentaliste en collège depuis 1998, facilitatrice qualifiée en Discipline positive pour la classe et l’établissement