Personnaliser vos contenus
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Les réussites demandent persévérance et effort. Deux mots que l’on associerait spontanément peu à la période de l’adolescence. Mais c’est aussi vrai pour les adultes ! Produire un effort génère en nous le plus souvent une sensation désagréable. Peut-on alors y prendre goût ?
Stéphanie de Vanssay, enseignante spécialisée, nous rappelle que « faire des efforts est presque toujours perçu comme une contrainte. Ce qu’on peut aimer dans l’effort, ce n’est pas l’effort en lui-même, c’est le sentiment d’être capable, de pouvoir se dépasser pour atteindre un but qui nous motive suffisamment ».
Comment, dès lors, maximiser la motivation de nos élèves ?
Créée par André Antibi, professeur de mathématiques et chercheur didacticien à l’Université de Toulouse, la méthode d’évaluation par contrat de confiance (EPCC) favorise le processus d’apprentissage et valorise le travail des élèves.
Le but premier est de réduire autant que possible la part de la « constante macabre » dans l’évaluation : quelle que soit la valeur des élèves de la classe, on retrouverait statistiquement un tiers de bonnes notes, un tiers de notes moyennes, un tiers de mauvaises notes. Cette constante est particulièrement démotivante pour les élèves, qui ne voient pas toujours le résultat de leurs efforts.
L'évaluation par contrat de confiance est un contrat passé entre l’élève et l'enseignant ou l'enseignante, qui s’engage à :
Lors d’une première séance (et au minimum une semaine avant l’évaluation), je distribue aux élèves un document de synthèse comportant 15 questions essentielles du cours et leurs réponses. Il s'agit de déclencher des conduites de motivation pour les élèves en leur dévoilant le contenu possible de l’évaluation.
La séance suivante sert à la régulation à court terme et je prends un temps pour expliciter les notions ou procédures non comprises.
Le jour de l’évaluation, j’inclue dans le sujet 4 des 15 questions distribuées (notées sur 16 points) et j’ajoute un exercice d’application (noté sur 4 points).
Ludiciser son enseignement, c’est rendre les apprentissages ludiques. Le mot latin ludus sert d’ailleurs à désigner à l’époque de Cicéron « l'établissement où l’on dispense un enseignement ». L’objectif de cette pratique est de favoriser l’engagement des élèves dans l’activité, sans avoir le sentiment de fournir un effort, et de maintenir cet engagement sur le long terme.
Le jeu est une activité autotélique, c'est-à-dire qu’il se caractérise par une récompense intrinsèque pour la personne qui joue, qui entreprend alors de jouer dans le seul et unique but de ressentir l’intense satisfaction et le plaisir que le jeu procure.
Si la technologie numérique nous propose un large panel d’outils pour rendre l’enseignement plus ludique et plus agréable et fait le lien avec la culture numérique des adolescents (Plickers pour créer des QCM interactifs, concevoir de jeux d’évasion avec Genial.ly, LearningApps pour personnaliser vos exercices, Photospeak pour faire parler des personnages historiques, etc.), un jeu de cartes ou bien des dés peuvent suffire !
Pour aller plus loin, je vous invite à consulter l’ouvrage Apprendre en jouant de Margarida Romero et Éric Sanchez (éditions Retz).
Selon le psychologue Lev Vygotsky, « ce que l’enfant est en mesure de faire aujourd’hui en collaboration, il saura le faire tout seul demain ». L’étayage de l’adulte permet de travailler juste au-dessus du niveau actuel de l’élève.
Ce niveau d’acquisition est la zone dans laquelle l’élève va développer des compétences autonomes dans un futur proche. Si l’enseignant ou l'enseignante propose un travail trop facile ou trop difficile à l’élève, il n’y a donc aucune possibilité de progrès.
Le psychologue hongrois Mihàly Csíkszentmihályi a modélisé une version encore plus intéressante de ce concept de Zone Proximale de Développement pour le corps enseignant, qu’il nomme Flow (en français : le flux, la zone) pour zone d'expérience d’apprentissage optimale. Dans ma pratique du conseil pédagogique, je renvoie souvent à cette notion. Cet élève qui aujourd'hui dans votre cours est apathique, agité ou hyper anxieux, et si cela venait du fait qu’il ne soit pas dans SA zone optimale d’apprentissage ?
Le psychosociologue français Yves Guégan, dans son approche des ruses éducatives pour mobiliser les élèves, revient sur l'un des essentiels de l’enseignement, qui est d’obtenir l’engagement des élèves, leur mobilisation, en usant d’outils encourageant notamment le partage du pouvoir. On y retrouve ici la possibilité laissée aux élèves de faire des choix, de participer aux décisions, et cela fonctionnera d’autant plus si les outils mis en place font appel à l’intelligence individuelle et collective.
L’exemple suivant est tiré de l’ouvrage de Charles Duhigg Le pouvoir des habitudes, changer un rien pour tout changer (éditions Flammarion, 2016). Selon une étude réalisée en 2010 dans une manufacture en Ohio, le simple fait de permettre aux employés de participer à la création de leur horaire de travail ou encore de choisir le design de leur uniforme de travail a augmenté la productivité de l’entreprise de 20%.
Ce sentiment de pouvoir et d’implication semble donc aider la motivation et l’autodiscipline. En pratique de classe, n’hésitez donc pas à :
Pour Steve Masson, chercheur en neuroéducation à l'Université du Québec à Montréal, « il y a beaucoup d’études qui montrent que ce n’est pas vraiment la motivation qui cause la réussite, mais plutôt l’inverse, c’est-à-dire que c’est la réussite qui cause la motivation ».
À l’école élémentaire, c’est beaucoup plus facile pour les enseignants et enseignantes de valoriser et d’encourager leurs élèves, ayant la charge d’un seul groupe classe, avec lequel ils ou elles passent une année scolaire. Beaucoup de dispositifs spécifiques sont mis en place, et certains sont transférables au collège avec des élèves ados :
Les sciences cognitives ont largement étudié les interactions de groupe dans le processus d’apprentissage. Les résultats montrent que le fait de travailler en groupe augmente la motivation à apprendre :
La pédagogie de groupe privilégie des échanges hétérogènes entre les élèves créant des conflits sociocognitifs dont la résolution permet de s’approprier individuellement les savoirs. Le groupe devient un outil d’apprentissage et non l’objectif.
Ce n'est cependant pas toujours évident à mettre en place, on doit faire face à plusieurs problématiques de gestion de classe notamment, et procéder de façon itérative pour ajuster sa pédagogie. Mais l’enjeu en vaut la peine : Oser le travail de groupe !
Christine Lebeau-Bourkache, professeure de collège et enseignante spécialisée depuis 2005
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Bonjour à toute l'équipe. Cet article est intéressant. Merci.
Merci pour les pistes de travail et pour les références ciblées. Très bon article.