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Les postures d’étayage et d’apprentissage des élèves selon Dominique Bucheton

Stéphanie Breniaux
29 juillet 2022 12:30
2 mn

Lorsque je regarde en arrière sur mon démarrage dans l’enseignement, j’ai le souvenir de la remarque d’un maître-formateur me trouvant rigide avec les élèves. Je me rassurais derrière des postures très contrôlantes, laissant peu de place aux élèves. Cette posture était rassurante à première vue, elle me donnait le sentiment de pouvoir contrôler et de ne pas perdre pied. Malheureusement, ce confort est un leurre. Souvent, les élèves perdent petit à petit leur engagement, leur attention et finissent souvent par se dissiper. 

Avec le temps, la découverte des postures d’étayage de Dominique Bucheton, formatrice, professeure à l'Université de Montpellier, a éclairé mes réflexions sur l’autorité et mis des mots sur des impressions. 

En fonction des élèves, du moment, des attentes, l’enseignant·e doit être un véritable caméléon, posséder le sac à dos de Dora l’exploratrice et pouvoir mobiliser différentes postures au bon moment. Il s’agit, selon Dominique Bucheton, d’un ensemble de gestes professionnels, d’un « mode d’agir temporaire pour conduire la classe et s’ajuster dans l’action à la dynamique évolutive de l’activité et des postures des élèves ».

Ces postures vont avoir des effets variés sur l’engagement des élèves, et par ricochet sur leurs attitudes et sur l’autorité de l’enseignant. Si toutes les postures ne se valent pas, chacune a sa place dans notre enseignement en fonction des objectifs et de la temporalité. Connaître ces postures permet d’être comme un peintre et de pouvoir choisir dans sa palette la couleur adaptée au moment, à la situation, aux élèves. 

Dominique Bucheton propose 7 postures d’étayage dans son ouvrage Les gestes professionnels dans la classe aux éditions ESF Sciences Humaines (2019) :

  1. La posture de contrôle
    L’enseignant est un chef de chantier ou une tour de contrôle. Il pilote son groupe de manière serrée. Tout le groupe avance au rythme qu’il décide, les retours sont permanents.
     
  2. La posture de contre-étayage ou de sur-étayage
    Le chef de chantier s’emballe. Pour aller plus vite, il peut lui-même faire la tâche à la place de l’élève.
     
  3. La posture de sous-étayage
    Le prof de math du film Les profs.
     
  4. La posture d’accompagnement
    C’est Dumbledore. L’air de rien, il guide, veille à la cohérence, relance. Il ne dispense pas le savoir, il le rend disponible par ses questionnements.
     
  5. La posture d’enseignement
    C'est Jamy de C'est pas sorcier et ses maquettes. Le maître est le garant du savoir. Il le formule, le structure, le norme, en fait parfois la démonstration. Les savoirs et techniques sont nommés.
     
  6. La posture de lâcher-prise
    L'enseignant·e laisse aux élèves la responsabilité d’expérimenter leurs propres chemins.
     
  7. La posture du magicien
    Pour provoquer l’étonnement. C’est le professeur Keating du Cercle des poètes disparus : « Ô capitaine, mon capitaine ! ».
remarque

Face à ces postures d’étayage, les élèves ont 5 postures d’apprentissage

  1. La posture scolaire
    Agnan, l’élève tente de rester dans les attentes de l’école et du maître.
     
  2. La posture première
    L’élève se lance dans la tâche sans réflexion, ni retour.
     
  3. La posture ludique et créative
    C'est Titeuf. L’élève modifie de manière plus ou moins consciente les tâches demandées.
     
  4. La posture réflexive
    C'est Hermione Granger. L’élève peut avoir un retour réflexif sur son travail.
     
  5. La posture de refus de la tâche
    L’élève refuse de faire, d’apprendre, de se conformer à la règle.
     

70% des élèves de REP+ n’utilisent que deux postures en majorité : la posture première et scolaire.
70% des élèves du collège favorisé de l’étude utilisent au moins quatre postures: primaire, scolaire, créative et réflexive.
 

Un ou une élève qui entre en classe sait, la plupart du temps, ce qui est attendu en termes d’attitude et de comportement. Il connaît la notion d’asymétrie vis-à-vis de l’enseignant·e. Cependant, rapidement, malgré sa connaissance des contraintes de l’école, sa posture va dépendre de la posture de l’enseignant et de la place qu’on lui laisse dans sa construction du savoir.

  • Essayez d'identifier le type de postures que vous utilisez au quotidien ou quels types d'actions et communications illustrent ces postures.
     
  • En préparant vos cours, imaginez introduire une nouvelle posture.
     
  • Amusez-vous à identifier chez vos élèves les postures mobilisées (en pensant à vos élèves des années antérieures, ça marche aussi) et à imaginer des situations pour qu’ils en développent de nouvelles.
     

Stéphanie Breniaux

Professeure des écoles depuis 2002, PEMF Inspe de Lons-le-Saunier, ambassadrice Savanturiers/école de la recherche

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