Personnaliser vos contenus
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Nos élèves ont le droit à l’erreur. Il est même commun de dire que l’erreur permet d’apprendre. Pourquoi, dans ce cas, ne nous accordons nous pas à nous-mêmes ce droit à l’erreur qui est si primordial dans notre construction professionnelle ? En rentrant un soir de l’école, je me suis retrouvée avec le moral très bas, car ma fameuse séance sur les additions posées a été un pur échec avec mes élèves.
C’est en discutant avec mes amies et collègues que j’ai pu enfin comprendre que ce que je considérais comme un échec ne l’était pas vraiment, cela n’était pas de ma responsabilité personnelle ! Le moment de la journée était très mal choisi, et mes élèves n’étaient pas prêts ni prêtes à aborder ce sujet à l’instant T. Mais je n’étais pas pour autant une enseignante ratée, comme je le pensais ce soir-là…
Faire des erreurs en classe, dans son enseignement, est inhérent à notre fonction, nos missions. Tous les enseignants et enseignantes rencontrent des difficultés dans tous les domaines et également dans la gestion de classe. Il est nécessaire d’apprendre à utiliser ces erreurs pour ajuster son enseignement.
Lors de cette fameuse séance de mathématiques, où j’abordais l’addition posée avec mes élèves de CP, rien ne s’est passé comme je l’avais prévu sur le papier. Tout était bien défini, les temps pour chaque phase bien cadrés. Sur le papier, tout était parfait. Arrivée devant mes élèves, après une récréation assez chaotique qui nous a fait perdre beaucoup de temps au retour en classe pour régler les soucis, je me suis lancée dans ma phase de découverte.
Les élèves n’étaient absolument pas réceptifs, ils étaient pour la plupart ailleurs. J’ai décidé de poursuivre jusqu’au bout, mais à la fin, je me suis rendu compte que mes élèves n’avaient pas compris ce que je leur demandais et n’arrivaient donc pas à poser une addition. Cette séance était pour moi très importante et avait nécessité un temps de préparation et un investissement personnel conséquents.
J’ai alors vécu cet arrêt comme un véritable échec. Mes élèves n’avaient pas appris, je n’avais donc pas effectué ma mission d’enseignante. Le reste de la journée a été compliqué pour moi, j’avais l’impression que rien ne fonctionnerait plus et que mes élèves méritaient une meilleure enseignante.
Plus tard dans la soirée, j’en ai beaucoup discuté avec des amies enseignantes. Elles ont réussi à me faire comprendre que le problème ne venait pas forcément de moi personnellement, mais peut-être du moment et des événements qui étaient survenus avant. Mes élèves allaient réussir à acquérir cette notion quand ils seraient prêts et dans de bonnes dispositions pour apprendre.
Après cet épisode, j’ai mis en place quelques actions pour éviter de revivre ce genre de moments qui peuvent être douloureux.
Une fois que je me suis sentie prête à affronter ma séance, les erreurs commises, j’ai passé du temps à l’analyse pour tirer profit de cette expérience. J’ai repris mes préparations et les ai annotées en étant le plus objective possible. J’ai d’abord noté les faits précisément, puis je me suis posé différentes questions pour pousser cette analyse plus loin.
Voici ces différentes questions qui m’ont permis de comprendre où ma séance avait dérapé et de réussir à proposer une nouvelle approche à ma classe. À vous de vous les approprier et de choisir celles qui correspondent le mieux à votre enseignement :
Les questions qui suivent peuvent vous aider à analyser encore plus en profondeur votre séance si vous n’avez pas encore bien compris ce qui a pu déclencher une incompréhension dans votre classe :
Une fois que vous avez eu une vision claire des faits, pensez à surligner les étapes qui n’ont pas fonctionné. Cela permet d’y voir plus clair et de savoir exactement où se trouvent le ou les erreurs qui ont été commises.
Après l’analyse complète de ma séance, j’ai trouvé important de réfléchir à comment la transformer pour que ce soit une réussite. Dans un premier temps, j’ai clairement défini mon objectif de façon très précise. Il est important que cet objectif soit concret et bien clair dans votre esprit, pour que la suite des modifications soient efficaces.
J’ai ensuite repris mes annotations et repensé chaque point un par un, en faisant bien attention au début de ma séance pour que chacun puisse être dans de bonnes conditions d’apprentissages.
Si possible, prenez un support vierge, qu’il soit informatique ou papier. Vous pourrez ainsi réécrire votre trame en prenant en compte chaque annotation et chaque modification que vous pensez nécessaire.
Une fois ma séance revue sur le papier, j’ai décidé de la programmer à un moment où mes élèves seraient plus attentifs et prêts à accueillir cette nouvelle notion, c’est-à-dire dans mon cas, loin d’un moment qui pouvait engendrer des conflits. J’ai choisi de placer une activité de chant avant ma séance de maths, pour détendre tout le monde, et être le plus efficace possible.
NB : Lors de cette phase, il est possible de réaliser que vous souhaitiez changer complètement d’approche, car celle de base ne vous convient plus. Changer de méthode peut permettre aux élèves de mieux comprendre et d’acquérir les notions plus facilement.
N’hésitez pas, notamment si vos élèves sont assez grands, à demander leurs avis sur ce qu’il s’est passé, ce qui a été et ce qui n’a pas été. Vous pourrez ainsi adapter votre séance à leurs ressentis et les impliquer dans le processus d’apprentissage.
Lancez-vous en leur expliquant bien que cette séance a été un échec la fois précédente, il faut retravailler sur l’objectif pour qu’il soit atteint. Impliquez vos élèves, demandez-leur : « Selon vous, pourquoi la dernière séance n’a pas fonctionné ? »
Reconnaître les échecs et les erreurs permet aussi de montrer aux plus jeunes que chacun et chacune a le droit de se tromper et que c’est un des processus d’apprentissage les plus formateurs.
Un dernier point de vigilance est nécessaire. Si vous êtes sur les réseaux sociaux, vous avez sûrement déjà vu les classes magnifiques que nos collègues partagent. Tout nous paraît parfait sur les images et nous avons tendance à comparer avec ce que nous vivons nous-même. Il est facile de penser que chaque préparation est une réussite en classe à travers un écran, mais la réalité est bien différente en général...
Sur les réseaux, tout le monde montre ce dont il est le plus fier et ce qui est le plus photogénique. Il est assez rare de voir des images ou des articles qui nous expliquent que telle séance a tourné à la catastrophe, même si des influenceurs ou influenceuses le montrent de plus en plus.
C’est à cause de ces images qu’il nous arrive de culpabiliser car notre classe n’est pas aussi belle, car notre enseignement n’est pas aussi bien … STOP ! Il est important de remettre tout dans son contexte.
Votre classe est unique, et votre façon d’enseigner aussi. Vous n’avez pas à vous comparer avec d’autres, surtout si cela a un effet négatif pour vous. Utiliser les réseaux pour avoir des idées, oui, utiliser les réseaux pour déprimer et perdre sa confiance en soi, non.
Vos erreurs sont source d’apprentissage et de réflexion pour faire mieux. Il est important de bien garder cela en tête pour réussir à s’épanouir au mieux dans votre enseignement.
La prochaine fois que vous vous direz « Wahou, quelle classe ! » devant un article ou une photo de collègue, faites l’exercice explicite d’imaginer le parcours pour arriver à ce résultat : les essais-erreurs qui ont été nécessaires, l’envers du décor et ce qu’on ne voit pas…
Professeures des écoles depuis 9 ans en élémentaire
L’emploi du temps est souvent un casse-tête, pour les enseignants et les enseignantes novices comme pour les plus expérimentés. Il faut réussir à tout y faire entrer en prenant en compte les contraintes locales. Quelques conseils pour y parvenir, tout en intégrant des principes qui favorisent l’attention de vos élèves.
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