Personnaliser vos contenus
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Maintenir des ambitions élevées pour ses élèves, tout en s’adaptant aux possibilités de chacun… Se fixer et tenir un cap ambitieux, tout en restant flexible et à l’écoute des besoins individuels… Mener de front tous les aspects du métier (pédagogie, intendance de classe, communication avec les parents d’élèves)... Tout ça avec réactivité, souplesse et le sourire, s’il vous plaît !
Énoncées comme cela, les missions des profs sonnent comme une pratique sportive digne des Jeux olympiques. Cet article ne détient pas de recette miracle, mais quelques astuces pour envisager la pratique de classe sur le long terme et se protéger de l’épuisement. Un mal bien connu, notamment chez les néo profs, en début de carrière.
Durant ma première année d’enseignement, j’ai assuré des compléments de temps partiels, quatre quarts temps répartis entre maternelle et élémentaire. Nous convenions d’un emploi du temps avec les enseignants que je complétais.
J’ai été confrontée à deux grands schémas de fonctionnement : un cadre totalement fluide avec simplement les grandes lignes de planifiées et une gestion au jour le jour et un cadre très rigide où les journées étaient planifiées en avance dans les moindres détails. Après de longues de frustration autour de mon emploi du temps jamais assez bien calibré, j'ai fait de nombreux ajustements et efforts d’adaptation pour mieux m'organiser dans mon métier.
J’en ai retenu deux leçons :
Trouver la juste mesure de planification est un art qui se peaufine au fur et à mesure des années d’exercice. Mais voici quelques pistes issues de mon expérience :
Je ne sais pas pendant combien d’années j’ai abordé la fin novembre dans un sursaut avec pour pensée : “Mince, les LSU !” Et je les écrivais en quatrième vitesse, tous les soirs de la semaine en râlant sur mon absence de prévoyance.
Pourtant, le cycle reprenait à chaque échéance de rendu de livrets. Le quotidien de classe laisse peu de temps disponible à la planification. J’ai fini par trouver une solution qui me convient : un outil de planification des tâches, simple, sur papier et utilisable pour tous types de tâches.
Quand on se trouve devant une montagne de tâches à accomplir, notre esprit peut soit partir en spirale et s’agiter dans tous les sens pour essayer de cocher toute notre liste de tâches plus vite que notre ombre. Ou bien, capituler devant l’impossibilité de la mission et se laisser envahir tout en procrastinant. Une des difficultés à y voir clair dans sa liste réside dans le degré d’importance ou d’urgence des tâches.
En fin de période ou durant des périodes de travail très denses, voici une petite grille qui m’est très utile. On peut l’imprimer, la glisser dans une pochette, ou la remplir au feutre d’ardoise pour la journée et effacer les tâches accomplies au fur et à mesure.
Enfin, il faut parfois trier parmi les injonctions qui se présentent. Parfois, il faut savoir refuser, se désengager ou reporter un projet, une attente de quelqu’un, un service demandé. Le fait est qu’une journée de classe ne dure qu’une journée et que la priorité reste les élèves.
Nous sommes le 5 décembre. Les élèves pensent Noël, mangent Noël, boivent Noël, respirent Noël. Ils vous demandent de préparer et accrocher des décorations de Noël dans la classe.
Les vacances de Noël sont dans deux semaines et vous ne pourrez pas les faire en janvier. En comptant le temps de préparation et d’affichage des décorations en plus de toutes les autres choses qui occupent votre temps de classe, en gros, il faut s’y mettre cette semaine.
Ici, de deux choses l’une :
La "permanence du mardi matin et du jeudi soir" : c’est le nom que nous avions trouvé dans une école où j’ai exercé, pour baptiser les créneaux pendant lesquels nous pouvions recevoir des parents d’élèves.
Un tableau ardoise était affiché devant l’entrée de la classe et les parents pouvaient y noter leur nom s’ils souhaitaient nous voir. Il s’agissait d’une demi-heure le mardi de 8h à 8h30 et le jeudi de 16h30 à 17h, avec deux rendez-vous de 15 minutes.
Certaines semaines, les créneaux affichaient complets, d’autres vides. Mais ce système avait l’avantage de nous éviter les aller-retours sur une recherche de date commune avec les parents d’élèves. Il arrivait ponctuellement que des parents n’aient aucune disponibilité et qu’il faille trouver un autre créneau, mais globalement, ces créneaux fixes permettaient également de s’organiser à l’avance pour être présents.
Cette permanence était une décision d’équipe, mais elle peut tout à fait être pratiquée de manière individuelle. C’est une des façon d’alléger la charge mentale qui accompagne l’organisation des communications avec les parents d’élèves et aide à mieux se concentrer sur le cœur du métier : la pédagogie.
Dans les nombreuses tâches qui s’accomplissent en dehors du temps de classe, on compte bien entendu les rendez-vous avec les parents d’élèves... À mon sens, il existe deux grandes familles de rendez-vous :
Pour ces deux types de rendez-vous, on peut envisager des façons de les planifier qui libéreront de la charge mentale à vous comme aux parents d’élèves, qui ont eux aussi un emploi du temps chargé.
Ils sont par nature difficiles à prévoir. On peut néanmoins décider de 1, 2 ou 3 créneaux par semaine où vous vous rendez disponibles pour recevoir des parents. On peut par exemple définir en début d’année, un créneau le mardi à 8 heures et le jeudi à 13 heures pour les rendez-vous parents et le communiquer à ces derniers, tout en précisant qu’un autre créneau sera envisageable en cas d’indisponibilité.
Lister les occasions et planifier des semaines dans l’année pour ces derniers au début de la période. Cela vous aide à anticiper les tâches à réaliser en amont sur un temps plus long et ne pas être pris de cours au dernier moment. Et cela permet aux parents de s’organiser et d’avoir une visibilité sur les temps où vous les solliciterez.
J’ai l’impression que cette compétence s’acquiert jeune, puis se perd avec les années... Lors de ma première affectation en petite section, je me rappelle avoir sollicité de bon matin un petit Alban, 3 ans, pour aller accrocher son étiquette-prénom au tableau. Sans lever les yeux de son jeu, il m’a répondu : "Non, tu peux laisser moi tranquille ?”.
Sans aller jusque là, un peu de respect de ses propres besoins est parfois utile quand l’épuisement pointe le bout de son nez... Un des ingrédients de l’épuisement professionnel est aussi la difficulté à refuser des sollicitations de tous ordres : donner un coup de main, s’impliquer dans un projet, multiplier les réunions sur des sujets similaires, etc.
Ici, on peut essayer de regarder les tâches supposées obligatoires plus finement. Il y a des choses pour lesquelles on s’engage et on souhaite respecter ses engagements. Mais il y a parfois des tâches qui pourraient être allégées, automatisées, déléguées ou même refusées.
Prenons l’exemple des communications avec les parents. Si toute l’école dispose d’une application et communique par ce biais avec les familles, vous décidez vous aussi de l’utiliser. Mais si vous constatez que vous passez vos soirées à répondre à des messages de parents, vos pauses déjeuner à poster des photos de leur dernière sortie et vos week-ends à répondre à des questions sur les devoirs… Vous êtes tout à fait libre de choisir de paramétrer différemment l’utilisation de cette application, ou même de choisir de la quitter et de ne communiquer que par le biais du cahier de liaison.
C’est souvent plus facile à dire qu’à faire, non en raison de l’action (désinstaller l’application dans notre exemple), mais en raison des sentiments que l’on craint d’inspirer aux autres. Que va-t-on penser de moi si je ne réponds aux parents que durant les jours de travail ? Si je refuse d’aider la collègue à faire ses commandes car je n’ai pas le temps ?
Le métier de prof est un métier de solidarité, où le soupçon d’être quelqu’un d’égoïste peut être difficile à porter. Et il ne s’agit pas de refuser toute implication, tout coup de main aux collègues, toute contribution à des projets communs. Il s’agit simplement de faire ce qu’il faut pour éviter de se brûler les ailes en se chargeant de trop de missions.
Et pour s’aider à dire non, on peut se rappeler la phrase suivante : celui qui fait la demande a toujours plus à y gagner que celui qui la reçoit. Cela peut parfois remettre la notion d’égoïsme en perspective !
Durant mes premières créations de documents pédagogiques, si j’avais mis 1€ dans une tirelire à chaque minute passée à hésiter sur des choix de typographies, j’aurais pu remplacer mon ordinateur ! Toutes ces minutes perdues avec absolument zéro bénéfice ni pour les élèves, ni pour le reste de mes copies à corriger…
Un principe bien compliqué à s’approprier dans une profession avec autant de responsabilités, où l’on attend de l’enseignante ou l'enseignant une exemplarité vis-à-vis de ses élèves. Mais justement, n’est-ce pas montrer l’exemple que de mettre son perfectionnisme de côté quand les circonstances le demandent ? Ce modèle de pensée pousse à un fonctionnement un peu binaire de type : soit je m’y mets à fond et le résultat sera irréprochable, soit je ne fais rien du tout, ça n’en vaut pas la peine.
Ce fonctionnement peut mener tout droit à l'essoufflement dans le meilleur des cas et à l’épuisement dans le scénario du pire. L’idée que chaque détail doit être prévu et encadré pousse à sur-anticiper les situations, sur-préparer et laisser la spontanéité sur le bas-côté.
Dans une situation de débordement avec un trop plein de tâches, il vaut mieux focaliser son attention sur l’essentiel : ce qu’en garderont les élèves.
Dans ce métier, les interlocuteurs et les sollicitations sont multiples. Dans ce cadre, choisir et planifier ses missions (autant que possible), établir des priorités, savoir refuser des propositions, se concentrer sur l’essentiel apparaissent comme des outils pour se protéger de l’essoufflement, ou même de l’épuisement professionnel.
Marion Renaudie, professeure des écoles pendant 10 ans
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