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Baisse du niveau des futurs PE au concours : billet d’humeur de Monsieur Z

Monsieur Z
19 janvier 2023 18:14
2 mn

« C’est le jugement sévère qu’émet le jury des professeurs des écoles à la suite de la publication des résultats du concours validant le recrutement des enseignants du primaire. Ainsi, Marianne se fait l’écho le 9 décembre des nombreux recteurs d’académie, qui déplorent une baisse généralisée du niveau des professeurs des écoles. Dans leurs rapports, les correcteurs dénoncent le manque inquiétant de culture générale des candidats ainsi que leurs nombreuses lacunes en orthographe, mathématiques, ou l’utilisation fréquente de références douteuses ». (Source : Valeurs actuelles)

Qu’entends-je ? Que m’a-t-on ourdi ? Il semblerait qu’il y ait dans les fondations de notre maison Éduc' Nat' des poutres fragiles capables de faire s’écrouler l’édifice entier sur nos pauvres têtes, et celles de nos chères têtes blondes. Oui, nos Padawan PE nous font tirer la sonnette d’alarme, nous font crisser les dents à s’en faire décoller les molaires. Mais pourqwaaaaaaaa dooooooooonc (prendre un ton shakespearien en sanglotant). 

Monsieur Z a la réponse et lance le pavé dans la salle.
Nos futurs PE sont des Enzo, Cynthia, Maelline, Pierre Ludo qui ont grandi. Ce qui entraîne plusieurs conséquences intrinsèques lors des auditions de la Chtar Académie. Mais rien de grave en somme, nous allons le voir.

1. Le manque de culture générale

Déjà faisons un point sur ce qu’on appelle culture GÉNÉRALE. Bah ouais. On a dit générale. On a pas dit culture précise. On a pas dit culture aiguisée. Alors arrêtons de reprocher à nos futurs instituteurs de manier la télécommande et le streaming comme Malherbe usait du verbe. Et qui sait ? Peut-être que Netflix va faire une adaptation de la vie de Malherbe en série, avec les gars de Game Of Throne. Comme ça, tout le monde sera content. Et puis soyons un peu ouverts d’esprit que diable ! 

Pourquoi les Avengers n’auraient pas le droit de citer et d’être des artisans des compétences, alors qu’eux-mêmes sont super compétents. Genre Iron Man peut sauver le monde mais il peut pas être au cœur de la didactique de l’enseignement des mathématiques en cycle 3 ? C’est une blague.

Ça fait des années que la Pop culture est le parent pauvre de la culture, celui à qui on ose pas parler à table car il est bien trop vulgaire et là voici qu’il vient de faire une OPA sur le reste de la famille. Donc ouvrons nos chakras et acceptons enfin que le lien You Tube remplace l’article de l’Universalis et que la danse de Mercredi Addams sur TikTok damne le pion à Roland Petit. Oui, le gars qui a été éliminé en demi-finale de DALS par Shym. Et alors. Qu’est ce que ça t’fait !

2. Sur les carences en orthographe

Conséquence tacite du point numéro 1. Pardon conséquence que tia vu le point numéro 1, c’était certain ça allait faire ça après lui tu vois. Nos futurs PE voient rétrécir leur bagage lexical comme l’ours polaire son domaine de chasse. Déjà, en mixant les expressions comme «  du coup », « genre », « en mode », « style », on a remplacé 90% des propositions subordonnées relatives, complétives et conjonctivites. On est bien ? Après, sur les fautes, ça va c’est pas leur faute. 

Biberonnés aux émissions de divertissements et au divers tuto sur les réseaux, ils n’ont plus l’oreille qui saigne aux homicides langagiers de type, pardon « style du genre » ou « le frère à Lino ». Y'a bien que les Académiciens qui disent encore « le frère de Lino ». Les Académiciens, pas ceux qui sortent le samedi après avoir pratiquement mis à mort la chanson française, si bien mise en valeur par nos poètes modernes, les rappeurs de 13zorganisés.

Alors oui, le vocabulaire classique d’un étudiant semble plus en carence qu’un Américain devant son régime Dukan mention Poulet frit, mais c’est que la langue évolue plus rapidement que nos jurys de concours. En catchana baby, tu dead ça !

3. Les approximations en mathématiques

« Le nombre de copies affichant des non-réponses est en nette augmentation », alors que le sujet est jugé « accessible » et que les « formules de calcul sont données » : là encore on a des candidats en phase avec notre siècle. Combien de fois avons-nous entendu « Ça va nous servir à quoi ça ?, « C’est qui ce Pythagore, c’est bon il serre avec ses triangles ! ». 

On a modifié les exercices, on a donné des formules de calculs, on pense bientôt passer aux QCM avec deux réponses justes sur trois mais la possibilité de faire une erreur. Les maths manquent de glamour, on y peut quoi ? Et si beaucoup de candidats butent sur l’écriture décimale, c’est qu’ils veulent être des candidats à part entière !

4. Les références douteuses

Pour finir, on tape trop souvent sur les candidats car ils utilisent un vocabulaire familier lors des oraux ou des références à des influenceurs de téléréalité. Mais là encore c’est vivre avec son temps que de faire partager au jury les concepts novateurs de nos éminences grises, dont la plupart partent à Dubaï pour distiller leurs compétences, une fuite des cerveaux préjudiciable heureusement rattrapée par notre système de santé mode « french art de vivre ». Donc oui, l’on peut combiner des références pédagogiques et insérer en toute cultivité des réflexions sociétales mâtinées à l’huile de Jojoba.

 

Pas de stress à avoir donc. Ou pas. Et s’il faut débattre je lance moi-même les hostilités :

« Les choses qui me rendent différent font qui je suis réellement. »
Winnie l’Ourson

 

Monsieur Z.

Prof de Lycée Pro quelque part en France, dont l'humour sévit sur Facebook et sur Instagram.

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