Comme MacGyver, Mary Poppins ou l’Inspecteur Gadget, vous enfilez chaque matin votre costume de super héros pour affronter de nouvelles aventures ? Vous bidouillez, vous arrangez, vous rafistolez, vous improvisez, plus vite que votre ombre ? 

Félicitations ! Vous êtes un ou une membre du club (assez sélect !) des enseignants et enseignantes dont la grande spécialité est que le plan ne se déroule quasiment jamais sans accroc… 

Les raisons de bricoler quand on enseigne sont nombreuses : pas assez de temps pour tout faire, manque de matériel ou de moyens, surcharge mentale, rendez-vous de dernière minute, imprévus en tout genre, échéance (trop) courte, etc. Improviser n’est alors plus une option pour faire face à la situation et assurer la classe malgré tout.

Quoi de plus professionnel que de faire preuve de clairvoyance et de décider d’affronter la réalité en essayant de faire de son mieux ? Alors comme les choses se passent rarement comme prévu, autant l'accepter et être prêt pour ne pas être pris au dépourvu :

• Chercher des sources d’activités autonomes : coloriages magiques, jeux, mandalas, révisions, manipulation… Internet regorge de ressources bien pratiques.
   
• Se créer un stock en classe, prêt à être dégainé en cas de besoin.
   
• Renflouer régulièrement votre réserve pour éviter de vous retrouver à court.
   

Bricoler est une compétence insuffisamment valorisée dans notre métier, qui renvoie encore trop souvent à une image négative d’impréparation ou de feignantise. Mais bricoler quand on est face à une classe, ce n’est pas si facile. Si pour certains c’est un jeu d’enfants, pour les plus organisés ou les plus stressés d’entre nous, accepter de faire avec les cafouillages et sans avoir pu se préparer peut être anxiogène.

Eh oui, rebondir avec les moyens du bord fait appel à un cumul impressionnant de savoir-faire et de savoir-être : ingéniosité, innovation, créativité, capacité à rebondir, gestion du stress, sens de la communication, pouvoir de décision, organisation, résolution de problèmes… Impossible de tout citer ici tant la liste est longue. Mes conseils : 

• Mettre l’autocritique et la culpabilité sur pause : personne n’est parfait, n’est bon en tout, ne sait tout, et personne ne peut tout prévoir… N’est-ce pas ce que nous disons à nos élèves ?
   
• Arrêter de se comparer aux autres : nous sommes tous différents à chacun son style.
   
• Se faire confiance : quoi qu’il arrive, vous arriverez au bout de la journée et au pire, en cas de raté, vous aurez appris quelque chose !
   

Bas les masques, nous sommes tous logés à la même enseigne dans ce métier : les galères, le trop plein, les surprises de dernière minute ou les délais trop serrés, on y passe tous ! Mais avec le temps, au fil des aventures, on acquiert de l’expérience en la matière. On s’habitue et on se constitue un bagage bien garni qui nous permet de rebondir (la plupart du temps) avec panache et même de tirer partie des aléas dans le meilleur des cas. 

Une des astuces les plus utilisées est de mettre les élèves à contribution. Ce n’est pas toujours possible et il faut bien sûr cibler les missions en fonction de leur âge… Mais ils adorent ça, votre to-do list s’en trouve allégée, et en plus ce sont des situations riches d’apprentissage. Les élèves prennent des responsabilités, s’investissent dans la vie de la classe et acquièrent tout un tas de compétences sans s’en rendre compte. Et puis au moins comme ça c’est sûr, tout le monde bricole à l’école ! Pour cela : 

• Faire fabriquer le matériel aux élèves.
   
• Jouer à la maîtresse : être arbitre, dicter, lire, tutorer, etc.
   
• Améliorer ou embellir l’espace de la classe : ranger, faire ou décorer les affichages, aménager, exposer les productions, etc.
   

Convaincus que bricoler est parfois nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de la classe quand on est enseignant ? Alors pour improviser comme un chef et (presque) toujours retomber sur vos pattes, il ne reste plus qu’à s’entraîner pour progresser. 

N’ayez pas peur de vous lancer, qu’est-ce que vous avez à perdre ? Comme pour toute situation de classe, si ce que vous avez mis en place a fonctionné, tant mieux, gardez-le. Si ça n’a pas marché comme vous l’espériez, pas de panique, essayez de voir pourquoi et ce qui peut être amélioré. C’est en bricolant que l’on devient bricoleur, alors autant prendre de bonnes habitudes ! Quelques idées : 

• Emprunter les idées aux collègues, en particulier les remplaçants qui sont souvent amenés à faire classe avec peu de ressources.
   
• Prévoir plus que nécessaire pour alimenter le stock quand vous préparez la classe : exercices, poésie/chanson, défi, lecture, etc.
   
• Oser, tâtonner, recommencer.
   

Elodie Leclercq

Directrice en cité éducative d’une élémentaire REP de 19 classes et adepte du bien vivre à l’école