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Sentiment de légitimité : et si nous étions tous un peu des imposteurs ?

Virginie Giraud Augerat
8 mars 2023 10:59
3 mn

Si vous pensez que vous n'en faites jamais assez pour votre classe ; si, le matin en arrivant, vous vous dites « J’ai oublié de faire telle ou telle chose… » ; si en aidant vos élèves en difficulté vous trouvez que vraiment vous ne leur consacrez pas assez de temps… Alors cet article est fait pour vous ! 

Place à votre défi perso : assumer que vos choix didactiques et pédagogiques sont légitimes. Observer du concret, noter vos réussites et accepter vos défauts pour prendre conscience de toute l'énergie que vous passez à faire de votre mieux pour vos élèves. Je sais, pour l'avoir vécu, que c'est parfois un long chemin… Je vous propose des petits exercices concrets, faciles à réaliser pour changer votre regard sur vous et votre travail. 

Pour ma part, j'y suis allée par étapes

  1. Tout d'abord, en lisant des bouquins de pédagogie et didactiques, surtout dans le domaine où je me sens malhabile. 
     
  2. Ensuite, en observant mes élèves qui avançaient dans une ambiance de travail calme (3 niveaux en REP +). Et là, j'étais super fière de moi... et je l'ai reconnu.
     
  3. Puis, en lisant Les 3 kifs par jour de Florence Servan-Schreiber, avec test à la maison en pleine adolescence de mes enfants. Méthode que je me suis appliquée aussi en milieu professionnel. 
     
  4. Enfin, en échangeant, en travaillant avec des groupes de pairs (mouvement de pédagogie, copines, collègues, jeunes enseignants), où je me suis construit des gestes professionnels qui au départ étaient intuitifs, mais ont été mis à l'épreuve par les recherches et les retours des pairs… C'est cette expérience que je vous partage.
     

Conseil 1 - Regardez ce sentiment d'imposture en face

Le sentiment d'imposture est très prégnant dans le métier d'enseignant, surtout dans notre société française où le « peut mieux faire » est de mise plutôt que le « Waouh, tu sais déjà faire ça ! ». Donc, on part déjà avec un bon handicap. Pour rajouter une couche, nous avons tous des images de nous, enfants, et du regard que l'on portrait sur nos profs. Que ces souvenirs soient bons ou mauvais, ils sont déformés, car aujourd'hui, c'est l'adulte que vous êtes qui prend les commandes.

Quand, après avoir bien préparé votre classe en amont, vous rentrez fatigué·e et pensant que tout ce que vous avez fait ne sert à rien… Alors il est temps d'agir.

1, 2, 3 : action !

Conseil 2 - Soyez bienveillant·e avec vous-même

L'Éducation nationale parle de bienveillance envers les élèves… et qu’en est-il des enseignants vis-à-vis d'elles ou d'eux ? Avec bienveillance, les recherches en neurosciences ont évolué et ont fait apparaître le phénomène du biais cognitif négatif. Hérité de nos ancêtres qui leur a servi pour se protéger et rester en vie, il continue de fonctionner. Comment ? En accordant 3 à 5 fois plus d’importance aux compliments négatifs que positifs. Ayez cela en tête : vous allez devoir lutter contre votre cerveau, qui ne voit que vos défauts. 

Aussi, pour changer cet état de fait, vous allez devoir vous concentrer quelques semaines pour vous focaliser sur vos réussites. Toutes vos réussites, si fines soient-elles. Vous allez changer de regard. 

1, 2, 3 : action !

Conseil 3 - Assurez votre légitimité en didactique

Vous débutez, vous tâtonnez, et c'est normal ! Ça cafouille un peu dans vos séances, c'est NORMAL. Pour ne pas avoir ce sentiment de ne pas être à la bonne place, vous devez impérativement prendre des manuels avec le guide du maître, qui vont vous soutenir.
C'est un peu pénible, car il faut s'approprier le manuel, mais tellement libérateur... Vous ne partez pas de rien et si vous devez faire des ajustements, ils seront à la marge. Acceptez de vous laisser guider : la veille, appropriez-vous la séance et surtout, faites-en un bilan écrit pour savoir ce qui a marché ou pas.

Même si vous êtes en cours d'année, personne ne vous empêche de trouver des séances dans un manuel qui vous paraît facile de vous approprier. Vous pouvez toujours vous renseigner auprès de collègues pour savoir si elles utilisent un manuel et lequel. Donc, si vous vous sentez encore désorienté·e par des notions à faire comprendre, n'hésitez plus.

1, 2, 3 : action !

Conseil 4 - Développez votre sentiment de compétences face aux co-éducateurs

Que l'on démarre dans le métier ou dans un nouveau cycle, le regard des autres adultes (collègues ou parents) sur notre travail peut être source de stress : est-ce que j'en fais assez ? Que vont penser les parents ? Ce sentiment est tout à fait légitime et nous renvoie au biais cognitif négatif.

Pour le réduire, vous devrez d’abord vous concentrer sur votre cahier de réussites. Ensuite, vous vous positionnez en tant que professionnel·le de l'enseignement, avec tout ce que la recherche nous apprend sur le bien-être à l'école et le sens que les élèves doivent donner à leur apprentissage. Convainquez-vous de ce point de vue, c'est cet aspect que vous pouvez mettre en avant lors de la réunion de parents. Votre souci en tant que professionnel·le, c'est de faire en sorte que les élèves soient acteurs, qu’ils comprennent pourquoi ils sont là et comment ils pourront résoudre les exercices en toute autonomie.

1, 2, 3 : action !

Conclusion

Le sentiment d’imposture est inhérent à tous et toutes. En avoir conscience et comprendre nos mécanismes internes sont autant de possibilités pour ne pas se sentir submergé par ce sentiment. En pensant réussite plutôt que difficultés, en notant vos avancées, en échangeant aussi avec des pairs, cela devrait vous rassurer pour continuer à exercer avec toute votre énergie et votre conviction. Ce métier demande exigence et énergie. Remerciez-vous tous les jours d’accomplir ces gestes professionnels riches de petites victoires quotidiennes ! 

Virginie Giraud-Augerat

Professeure des écoles en élémentaire depuis 1997, guérie du syndrome d'imposture

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51 profs ont trouvé ce contenu utile

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Commentaires

  • Odile — 18 mars 2023 12:01

    Merci pour cet article qui arrive à un moment clé de mon évolution personnelle! Malgré mes bientôt 30 ans d’enseignement dans le secondaire, ce sentiment d’imposture me taraude encore presque chaque jour. Je pense que dans mon cas, le biais cognitif négatif remonte à mon enfance et ne facilite pas les choses… Je vais mettre en place le cahier de réussites!

  • Magali — 18 mars 2023 23:01

    Plus de 30 ans en collège REP+, un burn out il y a quelques années et néanmoins, toujours un fort sentiment d'être illégitime dans ce que je fais, je sais où ça ne va pas (les racines sont profondes !), j'essaie d'y remédier mais je crois que je vais prendre ma retraite sans y être arrivée...Merci pour ces pistes, même si elles d'adressent surtout à des débutants

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